III. Pharell

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Cinq ans que je travaille pour l'un des meilleurs sorciers de la Terre.
Cinq ans que je m'entraine pour devenir son apprenti.
Cinq ans de dur labeur.
Et maintenant, me voilà à devoir me sécher et revêtir la tenue d'un humain.

Porter ces vêtements me dégoute, mais si je veux mener à bien ma mission, je n'ai pas le choix.

J'observe la tente à nouveau, une bonne femme me voyant ainsi trempé m'a gentiment proposé de l'utiliser pour me changer. Les habits qu'elle m'a donné son trop serrés à mon goût. Je peine à bouger dedans. Si je dois courir ou me battre, je serai incapable de faire le moindre mouvement.

Si je croise une nouvelle fois cette tueuse d'Aurās, je jure sur Mahora de lui jeter un sort. Les humains sont si cruels, même envers leurs semblables.
Et ce chevalier a du voir mes yeux ! Il doit sûrement avoir donné l'alerte. Je vais devoir être prudent.

Je me lève et me couvre d'une nouvelle cape. Cachant mon visage à moitié, personne ne peut voir mes yeux et mes cheveux blancs comme de la neige. J'ai une mission à accomplir, alors mieux vaut ne pas traîner.

Je sors rapidement de la tente en remerciant la dame. Il faut que je trouve un lieu pour la nuit et que je prenne mes repères. Savoir où se trouve le roi, le lieutenant, et les nobles.

Lorsque j'étais encore un enfant, mon pays et celui des humains étaient en paix. Mon peuple n'étaient composé que de sorciers et sorcières. Nous étions en quelque sorte les vivants entre les Aurās et les humains. Je me rappelle même avoir vu des humains venir visiter nos terres. Mais lorsque le roi Arollïus a été seul sur le trône, celui-ci a donné l'ordre à ses chevaliers et aux tueurs d'Aurās de nous exterminer.

Vieux, femmes, enfants, tous ont péri lors de cette tragique nuit. Seuls maître Aldric et moi avons pu nous échapper. Je me souviens très bien des flammes brulant ma maison et les corps de mes parents transpercés par des flèches empoisonnées. Le maître m'avait trouvé caché derrière un tronc, le visage couvert de larmes. Sans perdre un instant, il m'a pris dans ses bras et nous avons quitté le village en traversant un portail magique.

Nous avons erré sur les terres des Aurās pendant trois jours avant de tomber sur des fées et des elfes. Ayant eu pitié de notre sort, ceux-ci nous ont accueilli à bras ouverts. Depuis ce moment, nous vivons dans une petite maison creusée dans la roche. Quand j'ai eu l'âge d'utiliser la magie, mon maître m'a formé, m'a entraîné et m'a éduqué comme son propre fils.

Je ne remercierai jamais assez le maître de m'avoir sauvé ce soir-là. Il aurait pu me laisser seul, promis à une mort certaine, mais il en a décidé autrement.

À sa mort, je me suis juré de lui faire honneur en vengeant notre peuple. En tuant le roi Arollïus, plus aucune créature magique ne sera menacée. J'ai donc quitté mon village afin d'accomplir ma mission. Maintenant, il n'y a plus que moi, je suis le seul et dernier sorcier de ce monde, et je n'aurai l'esprit tranquille que lorsque j'aurai assouvi ma vengeance.

Derrière les échoppes, je finis par trouver une tente abandonnée. Il n'y a rien dedans à l'exception d'un lit. À côté se trouve un vieil homme s'occupant de ses chèvres. Il ne se tient guère droit et son corps est si maigre. Pourtant il arrive à soulever des caisses plus grandes que lui.

- Excusez moi, mon bon monsieur. Pourriez-vous me dire à qui appartient cette tente ? Elle me semble.. Abandonnée.

L'homme se tourne vers moi un bref instant. Je remarque que sa bouche est recouverte par une grande moustache frisée et mal entretenue. Il suit la direction de mon doigt.

- C'était la tente d'un chevalier.. Il s'appelait sir Francis. Il secoue doucement la tête. Le pauvre n'a rien pu faire contre un Aurās des mers.

- Un Aurās vous dites ?

- Oui. Il se baladait près de la rivière en aval de la frontière entre nos terres et celles de ces créatures. Ce monstre lui a sauté dessus et la noyé sans hésitation d'après certains villageois qui auraient assisté à la scène.

Les créatures habitant dans les rivières sont plus paisibles et calmes que celles de la mer, c'est étrange qu'elle ait attaqué un humain.

- Êtes-vous sûr que c'est un Aurās venant de la rivière ?

- Sûr à cent pour cent m'sieur! Même que les chasseurs d'Aurās y ont été et ont ramené la tête de ce monstre. Tant mieux vous allez me dire...

Ma mâchoire se crispe, j'ai soudainement envie de le transformer en poisson et de le manger. Mais même transformé, il n'y aura pas grand chose à manger sur ce squelette ambulant.

- Merci pour ces informations. articulais-je avec un sourire forcé. Pensez-vous que je pourrais dormir dans cette tente ? Je n'ai, hélas, nul endroit où dormir.

Le vieil homme me regarde de bas en haut, fronce les sourcils puis sourit.

- Ah ! Mais je vous reconnais, vous êtes l'homme qui est tombé dans la rivière. Mon pauvre ami, je ne sais pas ce que vous lui avez fait, mais cela a dû irriter cette tueuse d'Aurās pour qu'elle vous pousse ainsi.

Aucun mot ne sort de ma bouche, je ne sais combien de personne mon vu tomber dans l'eau. Il faudra que je me venge aussi de cette femme, un jour.
L'homme se redresse, gagnant quelques centimètres.

- Occupez donc sa tente ! Plus personne ne l'utilise de toute façon. Il risque de pleuvoir cette nuit.. Au moins, vous ne risquerez pas d'être une nouvelle fois trempé.

Il repart en me saluant. Je l'observe un instant s'en aller. Les humains manquent d'élégance et empestent l'odeur des rats. Pourquoi existe-t-il des choses aussi insultantes pour la beauté de notre merveilleux monde ?

Sur le lit, je réfléchis à un plan pour approcher le roi. Le mieux serait de se faire passer pour un domestique ou peut-être même un noble. Le problème, ce sont mes yeux et mes cheveux, tout le monde comprendra vite que je ne suis pas humain..

Un long soupir finit par traverser mes lèvres, j'essaye de me détendre, je pense au maître, aux elfes et aux fées qui peuplaient le village dans lequel j'étais réfugié. Je me jura entre temps d'enfin essayé de flirter avec les hommes célibataires une fois rentré.

Le visage de mes parents est de plus en plus flou chaque jour. Mais je me souviens des beaux cheveux blancs de ma mère et de ses yeux, le maître m'a dit que je lui ressemble énormément, et que j'ai le caractère de mon père.

Je souris légèrement, alors que mes yeux se ferment enfin...

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Troisième personnage : Pharell !

Je pense que certains et certaines seront intéressés par cet homme. Mais je vous rassure mes amis, il n'est pas le seul personnage intéressant 😏
(Et oui, pour ceux et celles que ça intéresse, la photo en début de chapitre est belle et bien Pharell !)

N'hésitez pas à voter et commenter ce chapitre si il vous à plus. Et si vous avez des questions, j'essaierai d'y répondre le plus clairement possible.

J'espère que les deux derniers personnages vous plairont. Car j'essaie vraiment de faire différentes personnalités.

Je vous souhaite une bonne fin de journée/matinée/soirée. Prenez soin de vous et des autres.

Bisous à vous tous <3

The Crown On The Blade (Volume 1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant