The Crown On The Blade (Volume 1)

VI.Pharell

Se faufiler dans le château s'était avéré bien plus facile que je ne l'aurais cru. Positionnés devant l'entrée, des chevaliers montaient la garde à tour de rôle. J'étais resté caché sur le toit d'une des bâtisses afin d'étudier leurs déplacements.

Au départ, pensant devoir utiliser mes pouvoirs, je suis descendu de mon perchoir et je me préparais à endormir les chevaliers. Ce n'est que lorsque j'ai mis le pied sur le pont-levis que j'ai remarqué que ceux-ci laissaient passer un convoi sans contrôler ce qu'il y avait à l'intérieur.

Saisissant ma chance, j'ai sauté dans une de ces charrettes sans me faire repérer. J'ai ensuite attendu patiemment de pouvoir me faufiler dans les couloirs du château.

En sortant de ma cachette, je croisai un noble qui accepta de me donner son accoutrement, avant de repartir avec mes haillons en ayant totalement oublié qui il était. Je ne suis pas très fière de voler les souvenir de quelqu'un, par contre, si ma victime est un humain, cette idée me réjouit.

Enfin dans le château et ayant trouvé une nouvelle identité, je n'ai plus eu qu'à attendre la fête de ce soir.

Dans les couloirs, les domestiques allaient et venaient sans me prêter attention.

D'après ce que je sais, la fête de ce soir est une commémoration pour la défunte reine. Elle se déroule chaque année, le même mois, le même jour. Certains disent que c'est pour lui faire honneur, d'autre disent que le roi se sent obligé de le faire par simple devoir.

Dans ma nouvelle tente, assis sur un siège couvert de fourrure, j'observe mon reflet dans un miroir déposé à même le sol.

À cette soirée, nobles, seigneurs, comtes et chevaliers seront réunis. Je vais devoir jouer mon rôle de noble à la perfection si je ne veux pas être démasqué. Pour commencer : mémoriser les informations cruciales du noble que je joue.

Je me concentre.

Sir Rolland était un noble redevable au roi et, surtout, le plus jeune à la Cour. Descendant d'une famille riche et puissante, les Rolland ont toujours été et le seront toujours, loyaux à la famille royale.

C'est un véritable coureur de jupons. Sans surprise; il était aussi barbare envers les Aurās. Chez lui, dans son bureau, sont enfermées de pauvres fées qu'il prenait plaisir à regarder mourir de faim, ou dévorées par ses chiens. Ma mâchoire se contracte. Ce soir, certains parleront sûrement des Aurās et débattront de la meilleure façon de les torturer...

Garder mon sang-froid est quelque chose de très compliqué pour moi, je ne suis pas patient non plus. Je suis du genre à pousser les gens sur mon passage si ils prennent trop de temps, ou à arracher le pain à la boulangère même si il n'est pas encore emballé. Je vais devoir me mordre les doits pour me taire.

Le maître ne serait pas content si il était encore là. Et je sais au plus profond de mon être qu'il me regarde de là haut en train de faire une syncope. Je le vois bien : avec ses gros sourcils en forme de paillassons qui cachent ses petits yeux bleus. Tripotant ses mains avec nervosité.

Le maître parlait très peu, c'est ce que j'aimais le plus chez lui. Il me communiquait son calme, et m'apaisait dans les moments plus agités. Il était le seul capable de m'arrêter lorsque j'allais faire un bêtise. Mais maintenant, il n'est plus là, et je pense qu'il doit regretter de m'avoir abandonné.

Après avoir eu recours à l'utilisation de ma magie pour donner l'illusion de ressembler à Sir Rolland, je quitte ma tente.

Au village, les Fae apprenaient aux autres espèces leurs talents pour les illusions. Ils sont capable de tout faire avec. Faire le diner ? Hop ! Un festin apparait. Refaire la décoration de la maison ? Pour quoi faire ? Hop ! Voilà une nouvelle chambre. C'est si facile pour eux que ça en devient naturel. Mais les illusions ne perdurent pas. Elles peuvent durer de 10 minutes à 24 heures tout au plus. Tout dépend de l'expertise du fae.