Chapitre 2: Simon

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Après avoir passé la deuxième période à ruminer dans la classe de Mme Brouillette, l'heure du dîner arrive plus vite que je ne le croyais. Bien entendu, je n'ai pas osé toucher à mon ordinateur de la période, le laissant sur le coin de mon bureau, loin de moi. On ne sait donc jamais... Au cas où tous les enseignants se seraient mis dans la tête de punir tous les élèves effleurant leurs machines électroniques. 

Eh oui, je suis toujours furieuse contre M. Martel et, même si Mme Brouillette semble plus permissive que lui, je n'ose pas prendre le risque de m'attirer son courroux. Jeune femme brillante et posée, ma professeure de français est très sympathique et compréhensive, mais elle a le respect des règles à coeur. 

Alors que, encore une fois dans le fond de la classe, je bouge sur ma chaise pour la énième fois en exécutant un exercice de grammaire, inconfortable, Simon, un camarade assis à ma droite, m'interpelle:

- Ça va? 

Ses yeux vert émeraude me fixent d'un air sceptique. Je réponds avec un sourire forcé:

- Oui, ça va.

Son regard insistant me pousse à élaborer mes propos.

- Je me suis fait convoquer en retenue par M. Martel tout à l'heure.

Simon ouvre grand les yeux, les bras croisés, mettant de côté son exercice grammatical. Même lui ne semble pas y croire. 

- Toi? En retenue? Qu'est-ce qui s'est passé? 

- J'étais sur mon ordinateur et il m'a interpellé.

- C'est tout? Mais tout le monde fait ça, souligne celui que je considère à présent comme mon nouvel ami, incrédule.

- Attends, c'est pas fini, je continue, prise dans mon élan. Quand je suis allée lui porter mon ordi sur son bureau, il m'a dit qu'à cause de mon "regard hautain", il allait inévitablement me coller une retenue.

Simon Rousseau ne peut s'empêcher de s'esclaffer. Quelques élèves curieux se retournent vers nous, et Mme Jasmine Brouillette intervient:

- Tout va bien, Simon?

Simon camoufle vite l'origine de son rire:

- Ces exercices sont vraiment hilarants, madame. 

- Quelle créativité, vraiment, j'ajoute pour appuyer ses propos. 

Notre enseignante ne peut s'empêcher d'esquisser un petit sourire. 

- Tant mieux si travailler vous fait rire, vous en aurez besoin plus tard. Pour le moment, par contre, je vous demanderais de rester en silence, s'il-vous-plaît. 

- Pas de problème, madame, réponds Simon calmement. 

Une fois tout le monde replongé dans ses travaux, je me tourne vers mon ami:

- "Tout va bien, Simon?" dis-je pour mimiques notre professeure. J'ai cru que t'allais y passer aussi pour un instant. 

- Tu délires? Me ramasser avec toi et Gab Gagné en retenue, ce serait génial.

J'arrête de penser pendant un instant.

- Gabriel... Gagné? je demande d'un ton faible.

- Ben, oui, continue Simon, semblant étonné par ma réaction. Ce gars s'est encore pris une retenue ce matin. Je te dis, ça n'arrête pas. 

La réalisation me frappe de plein fouet. 

- Donc il sera en retenue avec moi ce soir?

Mon ami aux yeux verts étouffe un petit rire, soudain mal à l'aise.

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