Chapitre 3: L'idée

3 0 0
                                    

Une fois arrivées à la cafétéria, moi et Anna nous dirigeons vers notre table habituelle, une petite place près de la fenêtre. Ma meilleure amie a toujours aimé être au soleil le plus possible. 

Avec le capharnaüm de la caserie, je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de lui raconter comment s'est déroulé ma période et ce que j'y ai appris. 

- Comment s'est passé ta matinée? je lui demande.

- Bof... Tu me connais, rien de ce que nous apprenons ici est ma tasse de thé...

Elle répète la même chose qu'à chaque fois que je lui pose cette question, comme quoi son chemin est tout tracé, qu'elle deviendra une intervieweuse culturelle célèbre et qu'absolument rien de ce que nous apprenons à l'école ne nous sera jamais utile. En quelque sorte, elle a raison, même si je ne l'aurais peut-être pas formulé de cette manière. Je me contente de hocher la tête en observant sa gestuelle. 

Anna Huot fera sans doute une excellente chroniqueuse. Elle a toujours été particulièrement à l'aise pour interagir avec les gens et semble en tout temps être, d'une manière ou d'une autre, celle qui est au courant de tous les nouveaux potins. 

Lorsqu'elle termine ses explications, elle me demande gentiment:

- Et toi? Ton avant-midi? Du nouveau avec M. Martel?

- Pas exactement, mais j'ai encore mieux. Tu devineras jamais.

Anna sourit, et je me rends compte que je dis souvent cette phrase. J'étire les lèvres à mon tour. 

- Gabriel est en retenue ce soir lui aussi!

Ma meilleure amie ouvre grand les yeux et pose sa main droite sur sa bouche pour signifier sa surprise.

- Quoi?! Mais c'est une super occasion, Vic! Et dire que je n'étais même pas au courant... Tu as de bonnes sources!

- Ah, oui. J'ai parlé un peu avec Simon durant la période.

- Simon comme dans... Simon Rousseau? demande Anna, semblant encore plus étonnée qu'elle ne l'était déjà. L'ami de Gabriel?

- Oui, je confirme en prenant une bouchée de mon macaroni. Il est vraiment sympathique.

Anna arrête de remuer sa salade avec sa fourchette.

- Toi, Victoria Saint-Laurent, s'est faite un nouvel ami? Mais c'est la nouvelle du jour.

- Hé, abuse pas! Et puis honnêtement, je crois que la retenue passe avant tout ce que nous avons appris à date. 

- Évidemment. Tu te surpasses aujourd'hui, Vic! Bref, je change de sujet. Il faut qu'on trouve un plan pour ce soir.

Elle prend enfin une petite bouchée de salade de légumes. 

- Tu sais très bien que je suis excellente pour élaborer des plans, mais les appliquer, ça c'est une autre histoire.

- Oui, je sais. C'est pour ça qu'on va appeler des renforts, déclare Anna en sortant son téléphone portable de la poche arrière de son jean. 

- Euh... Qu'est-ce que tu veux dire par là?

- Je veux dire qu'il est grand temps que tu rencontres Elliot en personne!

Je lâche ma fourchette qui tombe directement dans mon plat de macaroni à la viande. Ce sera galère à reprendre après, ça... Mais je deviens nerveuse juste à penser que bientôt, je devrai me retrouver devant cet adolescent qui semble tout savoir de moi, mais dont je ne sais presque rien.

- Anna, je pense pas que-

- Arrête tout de suite, m'interrompt Anna en pianotant sur le clavier de son téléphone. Je sais que ton cerveau part en vrille en ce moment, je te connais, mais je t'assure que tu me seras reconnaissante. 

Dans un univers près de chez vousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant