Mon cœur flancha devant cette scène digne de films d'horreurs.
Un petit corps inerte gisait là, sur le sol.
Son pelage soyeux d'il y a quelques heures était maintenant recouvert de sang.
Une plaie béante était inscrite sur son flanc visible et on pouvait apercevoir une côte sortir de sa blessure. Ses deux yeux étaient horriblement gonflés et quelques-unes de ses dents étaient éparpillées sur le carrelage.
La porte claqua, elle était partie. L'auteure de ce massacre était partie...
Elle avait enlevé la vie à la prunelle de mes yeux. A ma seule raison de rester sur Terre, mais qui maintenant n'était plus.
Des spasmes violents me secouèrent, comme si j'allais vomir mes tripes. D'un coup, le liquide amer dépassa la barrière de mes lèvres. D'une couleur jaunâtre et un peu mousseuse, je compris rapidement que c'était de la bile.
Je n'arrivais pas à reprendre mon souffle, mon corps tremblait et mes mains arrachaient des touffes de cheveux auparavant plantées sur mon crâne. Mon corps mou et trémulant glissa le long du mur de la pièce devenue une scène de crime.
Ma vision devenait floue, non pas par des larmes mais par des milliers d'étoiles qui étaient apparues à cause de mon manque d'oxygène. Je savais que ce n'était que dans ma tête, que physiquement j'étais amplement capable de remplir mes poumons d'air. Mais je n'y arrivais pas.
Tu vas mourir.
Non, tout va bien !
Je n'en suis pas si sûre...
Tais-toi...
Regarde-toi, ton corps est à bout.
Tais-toi.
La mort arrive à grands pas.
-TAIS-TOI !
Je pensais avoir crié mais ce n'était en fait qu'un murmure qui s'était échappé de ma bouche.
Un sérieux mal de tête prit part à ces signes de crise d'angoisse. Mes ongles s'enfonçaient dans mon crâne, mes jambes recroquevillées contre ma poitrine ne m'aidaient pas à mieux respirer mais je n'y prêtai pas attention. Des centaines de larmes asséchaient mes joues de leur sel, mon corps n'arrêtait pas de trembler, et à chaque fois que j'expirais, un horrible sifflement se faisait entendre.
Après avoir fait le compte de tout ça, j'essaya de me calmer en me concentrant sur les battements affolés de mon cœur qui raisonnaient dans mon oreille gauche.
Mais tout à coup, mon esprit lâcha et mon corps eu à peine touché le sol que je compris que la mort était en train de m'emporter dans son royaume.
Un hurlement de douleur rompit le silence. Instantanément, mon corps se redressa. Tout mes sens étaient en alerte.
Des cris éclatèrent ce qui me fit me lever complétement de ma chaise de bureau et accourir vers la porte de ma chambre.
Une fois ouverte, les cris me firent plus distinctifs, c'était de la rage. Mais pas n'importe quelle rage. C'était celle de la femme m'ayant porté 9 mois pour ensuite me faire sentir comme la pire personne au monde. Avec ses hurlements s'ajoutait des plaintes. Mais là encore, pas n'importe lesquelles. C'était celles de l'être vivant qui avait dessiné des étoiles autour de mes cicatrices, qui m'avais offert l'amour pure et véritable...
En plus de ces cris horrifiants, une odeur de sang m'emplissait les narines. Un goût métallique se formait dans ma bouche et les battements de mon cœur se faisaient très distinctement sentir dans la paume de ma main droite qui était crispée sur ma porte.
Après quelques secondes, je me rendis compte que j'étais en train de dévaler les escaliers.
Rapidement, mes yeux tombèrent sur la grande femme rousse, hystérique, mais malgré tout aux allures de mannequin, et ma chienne couverte de blessures, complétement amochée et vulnérable, les deux yeux gonflés et injectés de sang, une patte retournée.
Les coups s'enchaînaient sous mes yeux, mon corps ne voulait plus bouger, j'étais aussi impuissante qu'une souris dans un bocal empli d'eau, sans aide autour.
Tout ce que je ressentais à ce moment-là était mon cœur défaillir, mes larmes chaudes couler à flots, mais surtout, tous les coups que la sorcière qu'était ma mère portait à ma chienne sans défense.
Les plaintes se firent de plus en plus faibles, tandis que les rugissements de la femme aux cheveux de feu se faisaient de plus en plus forts.
Une tonne d'émotions me traversa mais aucune d'elles ne fit obéir mon corps.
Lorsque les gémissements de l'animal coupable de mon bonheur s'arrêtèrent, l'effroi réussit à débloquer mon corps, le délivrer de la tétanisation et le faire avancer dans la cuisine, là où se passait la scène.
Un hurlement remplit de haine et de douleur se fit entendre mais cette fois-ci, ce n'était pas ma mère qui en était à l'origine mais bien moi.
Mes poumons me brûlaient, ma gorge m'incendiait, mes cordes vocales se consumaient...
Ma génitrice me fixait, un sourire mauvais affiché sur son visage.
Je voulais la blesser autant qu'elle l'avait fait pour moi. Hélas, là maintenant, je ne pouvais pas. Je n'y arrivais pas.
Alors que ma réserve de larmes était épuisée, mon corps repartit dans la brume. Plus aucune émotion ne pouvait se lire sur mon visage sauf qu'à l'intérieur, c'était une terrible tempête qui faisait craquer le navire.
Plusieurs minutes passèrent et je revins au commencement :
Mon cœur flancha devant cette scène digne de films d'horreurs...
Avant de mourir, les gens verraient leur vie défiler devant leurs yeux paraît-il.
Mais moi, ce n'était pas 16 années qui passèrent en boucle dans ma tête.
Mais bien ma dernière heure sur cette planète.
Juillet 2023
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Traumatismes
HorrorRecueil de nouvelles écrites en détail. Ces nouvelles sont des traumatismes qui pourraient arriver à tout le monde. ATTENTION ! Contenu violent pouvant être choquant. Je suis responsable de ce que j'écris mais pas de ce que vous lisez.