Chapitre 5 : Menace ou Encouragement

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"Les méchants désirent des gains malhonnêtes, seule la persévérance des hommes justes est profitable. L'homme mauvais est pris au piège de ses propos malfaisants, l'homme juste se tire de toute situation périlleuse."

- Proverbe 12 :12

Je n'entendis pas la porte voisine se claquer ce soir-là. A vrai dire j'étais éreinté par cet après fête, si bien qu'il ne me fallut pas beaucoup de temps pour m'endormir profondément.

Le grondement des voitures, le clapotis de la pluie qui tombait sur les parapluies, et cette odeur de goudron mouillé, jamais je ne les oublierai. Cette nuit-là, ces sensations venaient de nouveau me rendre visite. Les rêves me tenaillaient pour que je revive encore et encore le traumatisme de l'accident.

Assis dans ma voiture de sport à la place du conducteur, je portais des gants en cuir qui me permettaient d'adhérer au volant dans de petits crissements.

Cette course valait gros. Beneth et sa clique menaçait la longue série de victoire de Garen. Sa côte avait monté, et il avait su se dégoter des coureurs hors pairs. La mise de la course était inestimable. Si je gagnais aujourd'hui, toutes mes dettes s'évaporeraient et je pourrai même toucher une partie de la somme. Si je gagnais, j'obtiendrais définitivement le respect de Garen et sa reconnaissance. Si je gagnais, tous les emplois que j'aspirai me serait à portée de bras. Si je gagnais je pourrais montrer à ma famille qu'ils pouvaient compter sur moi. Je pourrai rentrer fièrement sans être la déception, le raté, le petit dernier. Il était temps que je m'affirme, et je me prouve que je pouvais réussir. Les relations et l'argent faisaient tout dans ce monde. C'était un fait. Et celui qui détenait cela dans mon entourage était Garen. Je voulais qu'il soit fier de moi, afin de me présenter aux plus grands. L'avoir de son côté, donnait indéniablement un sentiment de puissance.

Une main vint frapper à mon carreau. Je descendis la fenêtre, et Alice passa sa tête pour m'embrasser. Un baiser de chance comme elle appelait cela à chaque fois. Mais cette fois ci, elle ne se contenta pas que de ça. Elle me tendit en petit paquet.

- Aujourd'hui est ton grand jour, je pense qu'un petit porte bonheur ne serait pas de trop, dit-elle en souriant de ses lèvres rouges. Ouvre-le, tu as encore le temps avant le départ.

Je pris le paquet et soupirais en le regardant. Les superstitions d'Alice me rendaient dingue.

- Tu sais bien que je n'y crois pas. Tes petits rituels ne garantissent pas la victoire.

Je voulus lui rendre sans ouvrir, car j'avais la conviction que seul les compétences et les capacités offraient la victoire. Mais elle en décida autrement. Son regard devint noir. Elle attrapa mes clés en se penchant et ouvrit le paquet elle-même.

- Qui a fait ton éducation...sérieux. On ne refuse pas un cadeau. Encore moins d'une personne qui t'aime.

Elle accrocha un porte clé. Un talisman en forme de colonne avec des inscriptions dessus. Je roulais des yeux, n'ayant pas le choix que d'accepter son cadeau.

- Tu pourrais me remercier au moins, tu ne crois pas ? C'est comme ça que réagisse les enfants bien élevés.

Elle se rapprocha de moi et caressa ma joue du dos de sa main. Comme toujours son caractère prenait le dessus. Je n'avais jamais le droit de lui dire non. Car c'était toujours un manque d'éducation selon elle. Mais je ne pouvais pas me permettre de me la mettre à dos. C'est pourquoi je la laissais la plupart du temps faire.

- Arrête ça. Tu prends trop tes aises Alice. Je ne suis plus un môme, répliquais-je blessé dans mon égo.

- Ça, ça reste à voir Seth. On se retrouve après ta victoire pour fêter ça, et on verra si tu n'es plus un môme.

La Course vers le RoyaumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant