Chapitre 9

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Aubrey

Damon avait raison, il est bien meilleur que moi pour le relationnel.

Silencieuse, je l'écoute rire avec Seo-ah, comme s'ils se connaissaient depuis dès années, et non pas depuis tout juste trente minutes. J'ai mis deux ans à me détendre suffisamment pour laisser la jeune femme entrer dans ma vie, sous condition stricte, et lui, en une demi-heure, il devient son meilleur ami. Essentiellement en parlant et en se moquant de moi, mais c'est assez impressionnant.

Cela fait déjà cinq minutes que j'ai terminé mon plat de lasagnes, objectivement les meilleures lasagnes de la ville, mais au lieu de me précipiter pour rentrer au boulot, comme je le fais toujours, je les laisse discuter encore un peu. Damon... je le préfère quand il est comme ça, heureux, à l'aise, ouvert. Il a un charme fou, il a même une fossette, tant il sourit, et je suis étonné que ça laisse Seo-ah complètement indifférente. Elle rit avec lui, oui, mais elle ne flirte pas, ne joue pas avec ses cheveux, ne cherche ni son regard, ni ses lèvres, ni son contact. Mais peut-être que je ne la connais pas tant que ça, et que je me trompe, peut être que Damon lui plaît. Ils ont presque le même âge, Seo-ah à vingt-six ans, plus jeune que moi et à peine plus âgé que Damon.

Je cille. Je ne devrai pas penser à ça. C'est complètement hors de propos, ma relation avec Damon est professionnelle, et elle le restera. Je sais ce qu'il coûte de faire preuve de la moindre négligence dans ce type de relation. Je me suis reposé sur mes lauriers trop longtemps avec Darryl, maintenant que Damon est là, le scandale me guette. J'ai eu de la chance la première fois, je ne l'aurais pas deux fois, et je le sais.

Je range mon assiette, les couverts, ma serviette et même mon verre pour qu'ils soient faciles à ramasser, et je me lève.

— C'est l'heure, j'annonce froidement.

Seo-ah écarquille doucement les yeux pour Damon et celui-ci sourit. Ils sont déjà complices, formidables.

— Oh, allez, Aubrey, soupire Damon en faisant la moue. On peut bien rester encore un peu, tu sais la plupart des gens prennent une heure de pause à midi.

Il me regarde avec ses yeux bleus et j'ai envie de céder, j'ai envie qu'il soit heureux. C'est précisément pour ça que je cingle froidement :

— Je ne suis pas la plupart des gens.

Je ramasse mon sac à main alors que son visage se décompose.

— Nous avons le pot de départ de ton grand-père à 16h, soit là.

Je n'attends pas sa réponse et m'éloigne, faisant claquer mes talons.

Au bureau j'ai des centaines de mails de client et de partenaire qui attendent chacun leur tour de rencontrer Damon ou d'avoir son attention, et je ne sais pas comment je vais pouvoir gérer ça. Je leur réponds, leur donne des raisons de patienter, tous ces vautours qui attendent le moindre signe de faiblesse pour démolir cette société durement construite. Darryl sait-il seulement qu'au premier scandale provoquer par son petit-fils, tout son travail tombera à néant ? Un faux pas de Damon, et j'irais pointer au chômage.

Damon revient au bureau vers treize heures trente, je vois Seo-ah rejoindre son emplacement dans l'Open Space. Je ne m'inquiète pas de ses heures, je sais qu'elle rattrapera cette heure plus tard dans la semaine. Seo-ah ne le sait pas, mais je l'ai choisi personnellement pour ses capacités et son sérieux sans faille, j'ai sauvé son dossier, qui était le meilleur, parce que le RH refusait d'embaucher une femme d'origine coréenne. Ce RH m'en a vraiment fait voir de toutes les couleurs.

Au lieu de retourner s'enfermer dans son bureau, Damon s'avance jusqu'à mon bureau avec un sourire.

— Tu es contrariée que Seo-ah m'ait parler de toi ? me demande-t-il en posant ses mains à plat sur mon bureau.

Ses grandes mains mettre le bizarre dans mes stabilos et je le fusille du regard.

— Non.

Il plisse les yeux et penche la tête sur le côté, l'air clairement de ne pas me croire. Puis il se redresse et je pense qu'il va s'en aller, mais il contourne mon bureau et s'accroupit près de ma chaise roulante après l'avoir faire tourner vers lui.

— Vous savez Aubrey... commence-t-il, mais je ne le laisse pas terminer.

— Levez-vous, bon sang ! À quoi vous jouez ? paniqué-je en m'assurant que personne ne nous voit.

— Aubrey, je veux qu'on parle sérieusement, insiste-t-il en posant ses mains sur mes genoux dénudés par ma jupe crayon.

— Damon ! glapis-je en repoussant ses mains.

Puis comprenant qu'il n'avait pas l'intention d'arrêter de faire des bêtises, je me lève et lui attrape la main pour le mettre debout.

— Dans votre bureau, sifflé-je.

Il se lève dans mon sillage et le cale sa main dans le creux de mon dos pour ne pas me tordre le bras. J'entre dans le bureau et claque la porte en soupirant. Mes doigts trouvent le chemin de mon nez par-dessous mes lunettes.

— Ne pouvez-vous pas réfléchir un minimum avant d'agir ? grommelé-je.

Il fronce les sourcils et je devine qu'il n'imagine pas le mal qui aurait pu découler de son acte.

— Damon, vous ne pouvez pas... faire ça ! marmonné-je en faisant un vague signe de main.

— Va falloir être plus précise.

Je croise les bras.

— Passer derrière mon bureau et vous agenouiller comme si... enfin vous voyez quoi.

— Non, pas vraiment, admet-il.

Je me masse les temps, ce gosse va me faire avoir une migraine.

— Vous avez agi comme ne doit jamais agir un patron avec sa secrétaire ! le réprimandé-je. Vous devez conserver une distance entre nous, vous ne pouvez pas... poser vos mains sur mes genoux et vous mettre entre mes jambes c'est parfaitement indécent et...

Je m'aperçois qu'il ne dit plus rien et en le regardant je comprends. Il avait saisi du premier coup mon indignation, et malgré tous les efforts qu'il fait, il n'arrive pas à me cacher son hilarité ce sale petit... con. Il se moque de moi !

— Cessez ça !

— Oh, pardon, mais vous êtes si mignonne quand vous vous énervez !

— Ça aussi ! Ce numéro de charme ! arrêtez !

— Pourquoi ?

Cette fois-ci, il a vraiment l'air de ne pas savoir.

— Parce que je suis votre secrétaire, rien de plus, vous ne devez pas agir autrement avec moi.

— Et si je n'ai pas envie ?

— Je ne vous demande pas votre avis ! Notre relation est strictement professionnelle, merci de ne pas flirter avec la secrétaire, allez oust !

Je fais un geste de la main agacé et il ricane. Je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression d'avoir agité un drapeau rouge devant un taureau.

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Damon et Aubrey son pas au bout de leur peine c'est moi qui vous le dit !

J'espère que cette histoire vous plait ! Elle sort un peu de mes habitudes, alors n'hésitez pas à me le dire !

Kiss

Strictement Professionnel - Merci de ne pas flirter avec la SecrétaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant