Chapitre 13

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Aubrey

Je laisse tomber mon sac à main par terre et m'assieds dignement sur le fauteuil juste en face du canapé où Damon flirtait avec deux cheerleaders. Son cerveau ralenti par l'alcool ingéré avant mon arrivée met deux minutes pour saisir que je suis face à lui.

— Aubrey ?

— C'est cosy, chez toi, je souris faussement.

Je le dépècerais bien, ce petit con. Voilà plusieurs jours de suite qu'il joue au con en se pointant avec une gueule de bois le matin, après avoir fait je ne sais quoi de scandaleux la veille, alors il est temps de faire ce pour quoi je suis payée : jouer les nounous.

Le retrouver a été tellement facile, avec tous les vidéos de soirée qui tourne, sans cacher ni le lieu, ni les inviter. Je n'arrive pas à croire que je sois vraiment en train de faire ça, mais il est temps qu'il se ressaisisse.

— T'es vraiment là.

— Ouaip.

Je ne dis rien de plus, le laisse assimiler ma présence. Ça faisait une éternité que je n'avais pas mis les pieds dans une soirée étudiante, mais c'est plaisant de voir que rien ne change, avec les années. Toujours le même genre de fille et de garçon, qui fait le même genre de connerie qu'à mon époque. Enfin, ça ne date pas tant que ça, mais tout de même. Si les choses se passe de la même façon, les flics finiront pas débarquer et embarquerons quelque tête au hasard, si Damon est pris là-dedans, je ne donne pas cher de sa peau. Si les médias ne le massacrent pas, je m'en chargerais personnellement.

Je regarde Damon. J'ai essayé beaucoup de choses avec lui, j'ai essayé d'être compréhensive, j'ai essayé d'être agressive, j'ai pris les choses en main... mais la seule chose que je n'ai pas faite, c'est jouer son jeu. C'est sans doute la pire idée du monde, mais demain soir, il va être annoncé au monde entier comme héritier de Specter & Co, et après ça, chacun de ses faits et gestes sera examiné par ses adversaires. Ce genre de soirée démolirait sa réputation et celle de la société au passage.

— Jouons à un jeu, Damon.

Je vois immédiatement l'étincelle d'intérêt s'allumer dans son regard et il se penche vers moi, les coudes sur les genoux. Ses cheerleaders vont se trouver quelqu'un d'autre et nous restons seuls face à face. Séparé par une table basse. Ça fait des jours que je l'observe, et je crois avoir cerné son langage.

— Nous allons faire un pari, toi et moi, et le perdant aura un gage.

Il s'imagine déjà gagnant, et moi, j'espère que je ne suis pas en train de me tromper.

— Qu'est-ce que tu proposes ?

— Des shooters, le premier qui tombe à perdu et dois faire le gage de l'autre.

Il se renfonce dans son canapé, une main devant la bouche pour cacher son air diabolique. Il s'imagine déjà gagnant alors qu'il est déjà alcoolisé. Ça fait un moment que je n'ai pas autant bu, mais j'ai eu une période folle, moi aussi, et j'espère que ce sera suffisant pour le battre.

— D'accord, c'est quoi mon gage, si je perds ?

— Tu ne sors plus.

Il claque de la langue.

— Hors de question. Un gage soit avoir une date limite sinon ce n'est pas du jeu.

Merde, mais c'est qu'il négocie en plus, il n'a peut-être pas autant bu que ça.

— Jusqu'à la fin de ton année en tant que PDG.

Il secoue la tête.

— Trop long. Jusqu'à lundi.

Je m'en contenterais, je saurais bien lui faire voir la nécessité de bien se tenir d'ici là.

— Entendu.

Je me lève pour aller chercher de l'alcool et des shooters, mais il m'interrompt.

— Tu ne veux pas savoir quel sera ton gage ?

Je m'apprête à dire non, mais me mords la langue. On n'est jamais trop prudente.

— Ce serait quoi mon gage ?

— Je choisis ta façon de t'habiller pendant une semaine.

Je plisse les yeux à son encontre et je l'imagine très bien me visualiser dans une de ses tenues courtes de cheerleader.

— Rien de vulgaire ou d'inapproprié.

— Tu devrais pouvoir t'habiller comme tu le veux sans que personne ne te juge sur ton corps ! réplique-t-il en posant une main sur son cœur, faussement scandalisé.

— On ne vit clairement pas dans le même monde si tu penses une telle chose possible.

De toute façon il ne gagnera pas. Je l'abandonne pour me diriger vers la cuisine. La technique dans ce genre de soirée, c'est de faire semblant d'y avoir parfaitement sa place. Même avec un chignon impeccable et un tailleur noir cintré. J'arrive devant les nombreuses boissons entassées sur l'île centrale et je cherche une bouteille de vodka ou de gin encore assez pleine.

— Eh, salut toi, on est en cours de droit ensemble non ? me demande un jeune homme en s'appuyant sur l'îlot prêt de moi.

Il porte un maillot de l'équipe de football local, donc je suppose qu'il fait partie de cette étonnante part de la gent masculine qui se pense irrésistible parce qu'il porte un maillot de foot.

— Oui, je suis assise au troisième rang à gauche, mens-je en attrapant une bouteille de vodka à moitié pleine.

— Oui, je t'ai remarquée, tu es brillante.

Et lui c'est un sacré mytho.

— Désolée, moi je ne t'avais pas vu, tu es... ?

— Howard.

— Ah... je ne me souviendrais sans doute pas de toi Howard, mais n'hésite pas à venir me parler lors du prochain cours de droit.

Je le plante là-dessus et navigue entre les corps mouvant des étudiants en trans jusqu'à retrouver Damon pile là où je l'ai laissé, je pose la bouteille devant nous et deux verres que j'espère propre.

— Un verre à la fois, on compte, le premier qui déclare forfait, va aux toilettes ou vomit a perdu.

— Stop, tu ne peux pas faire ça comme ça.

Il me désigne de haut en bas et je fronce les sourcils, où est le problème ?

— Quoi ?

Il tend les mains et avant que je n'ai pu l'en empêcher défait ma pince à cheveux. Mes mèches blondes tombent en désordre lent sur mes épaules et je comprends. Ah, finalement il me juge quand même à ma tenue. Belle parole quand ça l'arrange. Il tend les mains et je comprends vite sa seconde intention. Je lui mets une tape sur la main et il se rétracte.

— Tu recommences.

— Et je le referais autant de fois qu'il faut pour que tu apprennes à ne pas toucher à tout, répliquais-je.

Puis je porte moi-même les mains à ma chemise en le défiant du regard et je la déboutonne jusqu'à mon décolleté. Je passe les mains dans mes cheveux pour leur donner une forme correcte après une journée attachée et j'enlève ma veste.

— Satisfait ?

Il me dévisage la bouche entrouverte, et ça ne devrait pas gonfler mon ego. Vraiment pas. Je claque des doigts devant son visage et il cille, se reconcentrant sur mes yeux plutôt que sur mon décolleté apparent. Bien, le jeu peut commencer. Je lui sers un verre, le défis du regard mon propre shooter en main, et prie tous les Dieux de l'alcool de ne pas perdre le contrôle ce soir.

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Oulala, les choses sérieuses commence ? Suspens ! Peut être qu'Aubrey va réussir à mater Damon finalement !

La réponse au prochain chapitre !

Kiss

Strictement Professionnel - Merci de ne pas flirter avec la SecrétaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant