𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗

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JOY.

Parfois je me réveille et je demande au bon Dieu pourquoi je dois encore vivre, pourquoi l'heure de ma mort n'a pas encore sonné...

Souris à la vie, Joy. Force-toi...

Faire semblant. C'est ainsi que se résume la plus grande partie de ma vie : faire semblant d'aller bien, me forcer à ne pas exprimer mes émotions pendant la journée, mais seulement les exprimer lorsque je suis enfermée dans ma chambre.

Pleurer tous les soirs avant de dormir...

Faire semblant d'avoir fait le deuil de mon père alors que je ne l'ai toujours pas fait.

Faire semblant que cela ne m'affecte pas de voir Brandon bien vivre sa vie, alors que cela me détruit qu'il soit parti de la mienne. Il m'envoyait toujours de gentils messages, comblant un vide en moi. Il utilisait des surnoms variés, comme « ma pomme d'amour » ou « ma louloute », au lieu de dire mon nom...

Ces surnoms, je les trouvais ridicules autrefois. Mais quand ils venaient de lui, je les aimais...

Chaque message qu'il m'envoyait me faisait tellement de bien, réchauffait mon cœur, et la période pendant laquelle je lui ai parlé me faisait croire que tout allait bien dans ma vie. Mais une fois qu'il est parti, une fois que je n'ai plus eu son affection, je suis retombée. Au point que même si j'avais arrêté, j'ai recommencé à me faire des traits sur mon bras. Et le voir afficher un visage impassible à mon égard lorsque nous nous croisons me fait encore plus de mal...

Il me prenait alors pour une imbécile.
Il n'était pas sincère.
Il jouait un rôle...

Je suis idiote d'y avoir cru...
D'avoir cru que c'était le bon.
D'avoir cru qu'il était la pièce manquante
de mon puzzle...

Je suis idiote d'avoir pleuré son départ.
Je suis idiote d'avoir prié tant de fois pour que Dieu le protège.

Non, en fin de compte, j'écoute juste mon cœur.
Je ne suis pas une lâche, moi. Moi, je l'appréciais pour de vrai.

Cette histoire a alimenté ce mal-être, ce mal-être je le cache, et je dois le cacher. Personne ne sait ce que j'ai enduré. Personne ne sait que j'ai été harcelée au lycée, à l'exception de Wesley, mais personne, je dis bien personne, ne sait ce qui se passe lorsque je suis seule dans ma chambre, lorsque je pleure, à tel point que j'ai du mal à respirer, et que je trouve refuge dans la douleur que je m'inflige en me faisant des entailles sur les bras...

Après m'être observée dans la glace, assise sur le siège de ma coiffeuse, je me force à souffler trois bougies... En le faisant, mon imagination me permet d'entendre mon père me féliciter !

« C'est bien ma princesse »

Papa, si tu savais comme j'ai besoin de toi...

Les larmes coulent toutes seules sur mes joues, mais je ne peux m'empêcher de penser que tout aurait été tellement mieux, tellement plus simple s'il était encore là.

Tu me manques papa...
Tu me manques tellement.

Après m'être ressaisie, j'ai décidé de transformer les souvenirs de mon père en force plutôt qu'en faiblesse. Alors, j'ai allumé mon enceinte et lancé ma playlist...

— I love it when they try to get intimate. Even though they know I really ain't into it. Les premiers mots de cette chanson de Cassie résonnent dans toute ma chambre et ont le don de me faire sourire !

J'aime beaucoup trop cette chanson...

Après avoir écouté une quinzaine d'autres musiques de ma playlist et avoir fini mon maquillage, je me décide enfin, je me force à prendre mes médicaments...

HAVENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant