Chapitre 14- EZRA

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Le cœur battant la chamade, je serais de toutes mes forces mon verre de tequila posé sur la table ronde devant moi. Ma respiration se faisait de plus en plus difficile, le stress avait atteint son apogée. Je balayai du regard mes camarades qui étaient à la fois mes concurrents, et tous semblaient aussi nerveux que je l'étais. Ron, mon manager saisit mon poignet pour essayer de m'apaiser, tandis que ses yeux restaient fixés vers la scène, sur laquelle la présentatrice se tenait debout raide comme un piquet face à son microphone. Un silence de mort régnait dans l'atmosphère. La femme ouvrit doucement la fameuse enveloppe contenant le nom du gagnant de la catégorie pour laquelle j'étais nominé.

Un sourire illumina son visage, elle savait à présent qui était le vainqueur, mais pendant un instant, elle ne dit rien, telle une tortionnaire jouant avec les nerfs de chaque personne présente dans l'arène aménagée pour cet évènement.

Je frôlai la syncope lorsque ses lèvres commencèrent à remuer, tandis que Ron exerçait une plus forte pression sur mon bras. C'était le moment fatidique, et il n'y avait pas de retour en arrière.

La voix de la présentatrice résonna, amplifiée par les enceintes disposées un peu partout dans le bâtiment.

— Le grand gagnant, de Chanson de l'année est...

La femme marqua une pause avant de reprendre.

— Ezra ! ajouta-t-elle avec entrain.

Mon tout dernier single se joua en musique de fond, illustrant ma victoire, tandis que le public se leva en acclamant mon nom. Pendant un instant, je restais assis, le visage dissimulé derrière mes mains. Je demeurais incapable de distinguer si ce que je venais d'entendre était réel, ou s'il s'agissait de ma propre imagination me jouant des tours.

Ron m'extirpa de mon état second en me secouant les épaules, signe que le devoir m'appelait. Les jambes tremblantes, je me levai, chancelant sur mon manager qui dut me tenir afin que je ne m'écroule pas sur le sol.

Lentement, je me dirigeais vers la présentatrice, Ron et mon équipe sur mes talons. Je sentais des centaines de paires d'yeux rivés sur moi l'instant même, et je priais pour ne pas trébucher en gravissant les quelques marches qui menaient à la scène. De quoi aurais-je l'air si une telle chose se produisait ? Étant maladroit comme un panda, tout pouvait arriver.

L'animatrice me tendit le trophée en or représentant une note de musique posée sur un socle noir de forme ronde. Les larmes me montèrent aux yeux lorsque je saisis ma récompense à deux mains, avant de m'affaler dans les bras de Ron qui me serra tendrement contre lui.

— Tu l'as fait, Ezra, chuchota-t-il dans mon oreille. Je suis si fière de toi, petit.

— Nous l'avons fait, répondis-je en souriant. Si j'en suis là aujourd'hui c'est grâce à toi.

Ron hocha la tête en guise d'approbation avant de s'écarter.

— Allez, file ! Ton discours t'attend.

Une nouvelle vague d'angoisse s'empara de moi lorsque je me retrouvais devant le microphone, face au public impatient que je prenne la parole. L'arène était plongée dans le silence, et je pouvais percevoir quelques chuchotements en provenance des gradins.

J'étais partagé entre le bonheur d'avoir remporté ce prix, et la peur d'être jugé négativement, conscient que des haters se cachaient parmi les spectateurs, d'autant plus que ce moment était diffusé en direct à la télévision. J'avais toujours été un très mauvais orateur, éprouvant quelques difficultés à formuler ma pensée avec des mots à l'oral. Pourtant, j'étais beaucoup plus à l'aise pour m'exprimer devant mes fans lors de mes concerts, mon refuge que j'avais moi-même créé.

Flammes jumellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant