Chapitre 32 -LANA

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 Cette journée allait me rendre dingue. Une panoplie d'émotions contradictoires m'envahissait, et mon cœur ne savait plus sur quel pied danser. J'étais partagée entre le bonheur d'être aimée par l'homme de ma vie, et d'annoncer à mes proches que dans deux semaines j'allais les quitter pour m'installer dans un autre pays. Pire encore, dans moins d'une heure, je m'apprêtais à rompre mes fiançailles avec Thomas. J'ignorais si mon hypersensibilité était de taille à m'attirer les foudres une seconde fois dans la même journée.

J'avais de nouveau mis les pieds sur le sol français pas plus tard que sept heures du matin, contrainte d'affronter mes parents après une douloureuse nuit blanche dans un ferry peu confortable. Je n'étais pas parvenue à fermer l'œil durant toute la traversée. Comme les prix étaient considérablement avantageux comparés aux cabines, j'avais opté pour un aller-retour en salon, et à mon plus grand désarroi, les sièges n'étaient pas inclinables. À savoir que ce n'était pas le luxe, j'estimais que la compagnie devrait faire un effort sur ce point.

La boule au ventre, je m'étais rendue directement chez mes parents, et comme c'était dimanche, toute la maison était de repos. Ma mère et mon frère m'avaient lancé des regards inquisiteurs avant que je fasse ma douloureuse déclaration. Ils étaient déjà plus ou moins au courant pour Ezra, mais quant à mon père, il n'en savait encore strictement rien. 

Tout d'abord, je lui avais résumé mon histoire depuis mon tout premier rêve jusqu'à ce que je revienne ici, des révélations qui l'avaient abasourdi étant donné qu'il ne croyait pas au paranormal. De plus, mon père s'était formellement opposé à ma nouvelle relation, car selon lui, Ezra n'était qu'une célébrité ne pensant qu'à tremper son biscuit partout où il allait.

Quand j'avais donc annoncé à toute ma famille que je m'installerais chez lui deux semaines plus tard, il était devenu fou. Lana, on marche sur la tête, là! avait-il vociféré. Constatant que jamais je ne changerais d'avis, il avait quitté les lieux tel un taureau en furie avant de claquer la porte violemment à en faire vibrer les murs de la baraque. Le fait que je parte attristait ma mère et mon frère, toutefois, ils me comprenaient et savaient que seule ma flamme jumelle pouvait me rendre heureuse.

Après cela, j'avais contacté ma meilleure amie sur Messenger pour tout lui raconter. Aurélie me croyait sur tous les points, et m'avait proposé de loger chez elle dès le soir même, le temps que mon père se calme. Selon elle, sa rage allait s'estomper au fil du temps, et que la nouvelle se révélait difficile à digérer.

La voiture enfin chargée, je me glissai sur le siège conducteur, laissant reposer l'arrière de mon crâne contre l'appui-tête. J'essuyais mes yeux embrumés par mes larmes, geste que je répétais sans cesse, incapable de réprimer mes sanglots. J'avais toujours la réaction de mon père en travers de la gorge. D'un côté, je pouvais le comprendre, une nouvelle aussi soudaine s'avérait difficile à encaisser. Mais sa rage, je ne m'y habituerais jamais. C'était la première fois que je le voyais se comporter de la sorte envers moi. Pour couronner le tout, le souvenir du regard empli de tristesse que ma mère m'avait lancé me lacérait le cœur. Une lueur de désespoir qui avait inondé ses iris bruns à jamais gravés dans ma mémoire me suscitait presque l'envie de rester. Pourtant, je n'avais d'autre choix que de partir si je voulais enfin trouver la paix et le bonheur auprès de mon bien-aimé, dans la seule ville qui me rendait vivante.

Hélas, le pire s'annonçait tumultueux. Une tempête qui allait tout balayer sur son passage. L'épisode avec mon père n'était rien comparé à ce qui m'attendait. J'allais mettre fin à mes fiançailles avec Thomas, consciente que ça le briserait. Nous nous étions réconciliés par messages depuis notre dispute à la gare maritime, et le malheureux ne se doutait pas une seule seconde que j'allais le quitter pour un autre, qui plus était le grand Ezra Wellington. J'appréhendais plus que tout sa réaction, en espérant que celle-ci ne soit pas trop violente, mais le connaissant, les choses pourraient tourner à la catastrophe.

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