2. Les jumelles

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Percy gribouillait dans son carnet, lumière tamisée. Il avait convenu avec Violette qu'il logerait dans la maison le temps qu'il faudrait.


Il nota toutes les pistes qu'il avait. Malgré la croyance de Violette que personne ne hantait ces lieux, Percy commençait à douter. Il avait lui-même eu des expériences paranormales dans le passé. Lorsqu'il était en internat, plus jeune, il se souvient du comportement étrange de son camarade de chambre. Celui-ci se levait en pleine nuit et se mettait à dessiner. Cela lui rappela la lettre de Violette. Il reprit la lettre en main et relut le passage qui l'intéressait : "Les jumelles avaient perdu la voix, elles dessinaient sur les murs des gribouillis effrayants".

Il se demandait où étaient passés ces dessins et ce qu'ils représentaient. En parcourant la maison, il n'avait vu rien de tel, mais les pièces étaient nombreuses et il était presque impossible de ne pas se perdre dans ce labyrinthe.


Puis, il y avait cette maison de poupée cachée dans l'armoire.


Percy referma son carnet, sentant la fatigue le gagner. Il décida qu'il serait plus judicieux d'approfondir ses investigations le lendemain à la lumière du jour. L'obscurité rendait les lieux encore plus fascinants, mais il avait vu tellement de films d'horreur qu'il préférait s'abstenir pour cette nuit. Éteignant la lampe, il se glissa sous les couvertures, mais l'esprit agité, il tournait dans son lit sans réussir à plonger dans le monde des rêves.


La nuit se déroula sans événements perturbateurs. Au contraire, elle était réparatrice. Au petit matin, Percy était étonné de l'apaisement qu'il ressentait. Les rayons du soleil illuminaient la chambre à travers les rideaux. Il faisait atrocement chaud. Il reprit ses lunettes qui étaient posées sur la table de chevet et les mit à son nez, avant de se lever et d'enfiler une tenue adéquate.

Il descendit les escaliers jusqu'à atteindre le salon, où se trouvait Violette, les yeux scotchés à un livre. C'était un polar d'Agatha Christie. Violette en était friande.


"Vous êtes debout tôt." Violette leva les yeux. "Est-ce qu'il vous faut quelque chose ?"


"Non, non, ne vous inquiétez pas, je vais faire mon café."


Percy se dirigea vers la cuisine. Il ne put s'empêcher de remarquer les bouquins de cuisine posés au-dessus du réfrigérateur. Il se sentait comme un intrus dans cette demeure. Le café prêt, il retourna dans le salon. Violette avait posé son livre.


"Vous avez bien dormi ?" demanda Violette.


"Oui, même très bien, et vous ?"


"J'ai rarement des insomnies. Mais là, j'ai cogité."


"J'ai aussi cogité avant de m'endormir. C'est plutôt habituel chez moi."


"Mmh..." fit Violette, l'écoutant avec intérêt. "Vous voulez me poser des questions, aujourd'hui ?"


"Oui, j'en ai." Percy réfléchit deux secondes avant de se rappeler de ce qu'il voulait évoquer. "Les jumelles, quelles étaient leurs chambres ?"


"La dernière au fond du couloir, en haut."


Percy remercia Violette. Il lui expliqua la raison de sa question et s'empressa de chercher son carnet et son appareil photo. Il se dit qu'il aurait enfin une première piste. En ouvrant la porte de la chambre des jumelles, Percy savait qu'il entrait dans le passé et qu'il trouverait des reliques. Des partitions de solfège étaient éparpillées par terre et des poupées surplombaient les deux lits, côte à côte dans la pièce. Quand étaient-elles décédées et pourquoi le décor était-il resté le même après toutes ces années ? Violette aurait-elle laissé intentionnellement la maison comme elle était ?


Percy prit des clichés de tout ce qui l'intriguait. Un journal intime ouvert à une page spécifique, une horloge sur pied arrêtée à 11h12 et... les "gribouillis" dont Violette mentionnait dans sa lettre.


Ils étaient illisibles et recouverts de peinture noire à certains endroits, comme si on avait cherché à dissimuler les horreurs cachées en dessous. Percy soupçonnait que les personnes qui avaient fait ça étaient parties avant de pouvoir les recouvrir en entier. Peut-être leurs parents ?

Il y avait peu d'indices mais Percy notait tout de même quelques mots qu'il arrivait à déchiffrer. C'était surtout des prénoms et du latin.


Sur la page ouverte du journal intime, on pouvait lire :

"Je fais des rêves lucides où je sors de ma chambre et je peux flotter jusqu'au grenier. Maman m'a interdit d'y aller. Maintenant, je sais pourquoi. Il y a un gros manuel avec des inscriptions en latin qui me font peur. À l'école, on ne nous a pas appris le latin. Hier j'ai parlé avec ma nourrice et je lui ai demandé ce que voulait dire "veneficus". Elle m'a dévisagé et m'a ignoré."

Par chance, Percy avait appris le latin. Son corps se crispa à la mention du mot "veneficus". Cela signifiait "sorcier" ou "sorcière". Est-ce que les jumelles avaient imaginé ce manuel dans des cauchemars, ou est-ce que la vérité était bien plus sombre ?

Percy referma le journal intime en douceur et pour la deuxième fois depuis son arrivée, ressentit une brise dans le dos. Cette fois-ci, il entendit un souffle derrière son oreille, comme un être humain qui soupire. Figé, le jeune homme ne sut quoi faire.


Il sortit de sa bulle quand un cri strident venant d'en bas résonna dans toute la maison. C'était Violette. Percy le savait, il dérangeait l'équilibre de la maison.

La maison du coinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant