Percy Roswell gravissait les marches du porche de la maison du coin, une certaine hésitation dans ses pas. Émerveillé par la grandeur et la splendeur de la demeure qui se dressait devant lui, il s'apprêtait à sonner à la porte. Son regard balaya la rocking-chair se balançant doucement au gré du vent et les multiples pots de fleurs ornant les fenêtres. C'était un spectacle qu'il n'avait jamais vu auparavant. Pourtant, il avait récemment quitté l'Angleterre, un endroit où les personnes âgées avaient l'habitude de décorer leurs extérieurs de manière extravagante. Le doigt sur la sonnette, Percy fut surpris de voir Violette Beaumont surgir en un instant, comme si elle l'attendait avec impatience.
"Entrez donc, ne restez pas planté là !"
Percy n'avait toujours pas prononcé un mot. Il peinait à articuler un simple "Bonjour".
"C'est impressionnant, je sais. Je vous laisse aller dans le séjour, je vais préparer le thé."
Percy s'installa sur une chaise dans le séjour, son regard toujours captivé par l'architecture et les meubles du manoir. Il percevait le bruit de la bouilloire, le claquement des pas de Violette et le tic-tac de l'horloge en bois à l'entrée. Tous ces sons semblaient avoir une importance particulière, bien qu'il ne pût dire pourquoi. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il était là pour une raison précise et qu'il devait tenir ses engagements. Violette réapparut, tenant d'une main la théière et de l'autre un plateau en argent avec deux tasses et un pot à sucre. C'est à ce moment que l'oppression dans la poitrine de Percy s'atténua. Il réalisa que cette vieille dame de soixante-quinze ans était simplement une personne comme lui, ordinaire.
"Si vous êtes ici, c'est que vous avez lu ma lettre."
"Tout à fait, et elle m'a laissé sans voix." Violette hocha la tête en signe d'approbation. Malgré son âge avancé, elle dégageait un charme indéniable, avec ses cheveux blonds, ses yeux bleus et ses joues légèrement rosées.
"Dites moi, monsieur Roswell, il ne s'agit pas d'une affaire de fantômes. Comment comptez vous m'aider ?"
"Je n'en ai pas la moindre idée, pour être honnête. C'est délicat."
"Je comprends."
Un silence pesant s'installa soudainement dans la pièce. Percy prit sa tasse de thé et en but une gorgée, perdu dans ses pensées. Par où commencer, et comment aider Violette ? Il devait en savoir plus.
"Qu'est-ce qui vous a poussé à me contacter, après tant d'années, Violette ?" osa-t-il enfin.
"Je crois que c'était un déclic. Pendant toutes ces années, j'ai enfoui les événements tragiques qui se sont déroulés ici. J'ai enterré mes proches avec eux, mais je n'ai jamais vraiment fait le deuil, ni d'Anne-Lise ni des autres."
"Bien... Je suis désolé de tout ce que vous avez traversé. J'aurais besoin de visiter chaque pièce de la maison, une par une."
Violette n'avait jamais partagé ces histoires avec personne auparavant et elle tremblait d'angoisse à l'idée de devoir se remémorer ses pires souvenirs. Chaque pièce de la maison avait une histoire à raconter, une ombre derrière la porte, un objet caché. Percy traversa les couloirs du manoir, fouillant de temps à autre une étagère avec l'accord de Violette. Il cherchait quelque chose d'exceptionnel, un indice qui le guiderait. C'était sa méthode habituelle lors de ses enquêtes. Mais cette fois-ci, il devait adopter une nouvelle approche. En réalité, Percy Roswell n'était qu'un jeune étudiant fauché, prêt à tout pour décrocher un chèque à la fin du mois. Pourtant, il ressentait un profond respect envers Violette, bien qu'il ne sache pas pourquoi.
Soudain, alors que le silence régnait, Percy mit sa main sur une énorme armoire en bois et ressentit comme une brise le caresser. Il eut un soubresaut.
"Qu'est-ce qu'il y a à l'intérieur ?" prononça-t-il en fronçant les sourcils. "Je peux voir ?"
Violette était pétrifiée et ne sut quoi répondre, mais dans ses yeux pouvait se lire une incompréhension. Elle n'avait jamais ouvert cette armoire. Elle ne l'avait même jamais aperçue ici.
"Je vais ouvrir," prévint Percy, comme pour se rassurer, ou rassurer quelque chose ou quelqu'un. Une maison de poupée se tenait là, intacte. Ni poussières, ni dégâts. Le temps l'avait gardée au chaud, en sécurité.
"C'est pas vrai..." Violette sanglota. "C'est... Anne-Lise."
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La maison du coin
Gizem / GerilimViolette Beaumont, âgée de 75 ans, la dernière survivante de sa famille, écrit une lettre troublante à Percy Roswell, un jeune détective anglais, pour lui révéler les événements mystérieux qui ont hanté sa maison depuis son enfance. Après un tragiqu...