7. Le grand final

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Les jours suivants, Violette, Isabelle et Percy feuilletaient le grimoire trouvé dans le grenier, persuadés que Margot y avait laissé un indice en lien avec la révélation d'Anne-Lise. Ils alternaient leur temps de lecture pour éviter de trop fatiguer leur esprit.


Violette devenait de plus en plus morose. Il lui arrivait de s'endormir devant le grimoire, le poids des années se faisant sentir plus lourdement que jamais. Percy et Isabelle étaient tous deux inquiets de la voir dans cet état. Cela faisait maintenant plus d'un mois qu'ils cherchaient sans trouver le moindre indice. Les pages que Margot semblait avoir écrites étaient abîmées, tachées de liquides étranges, de sang, et de toutes sortes de substances qui les empêchaient de distinguer la moindre phrase ou le moindre mot.


Pour Percy, la clé de la vérité se trouvait en Violette. Selon Anne-Lise, elle était l'élue. Mais comment l'aider à s'ouvrir à ce qu'elle n'avait pas encore ressenti ? Cette question l'obsédait chaque nuit. Sa mère avait été une sorcière puissante. Violette possédait un don en elle, une étincelle qui ne demandait qu'à être allumée.


Le jour de Noël de cette année-là, Percy et Isabelle avaient décidé de rester auprès de Violette. La neige tombait doucement à l'extérieur, recouvrant le manoir d'un manteau blanc qui semblait étouffer tout bruit du monde extérieur. À l'intérieur, la chaleur du feu dans la cheminée contrastait avec l'atmosphère lourde qui régnait parmi eux. Le sapin, décoré avec soin par Isabelle, se dressait fièrement dans le salon, mais même cette touche festive ne parvenait pas à dissiper le sentiment d'oppression qui les habitait depuis des mois.


Percy avait préparé le repas et dressé la table pour l'événement. Il considérait désormais Violette comme de la famille, après avoir partagé tant de moments avec elle. Il voulait lui offrir une soirée de répit, la dernière avant le grand final.


"J'aimerais qu'on profite de cette soirée, Violette. Ne pensons à rien d'autre qu'aux petits fours et à la bûche que nous allons déguster plus tard," dit Percy en riant. Il prit le grimoire en main avant d'ajouter : "Et ce grimoire, il passe la nuit dans un placard."

Violette sourit, suivie d'Isabelle.

"Tout de même... J'ai une question à vous poser. N'avez-vous pas des grands-parents, des parents, avec qui vous aimeriez être à Noël ?"


Percy se sentit un peu gêné par la question et l'esquiva quelque peu. "Vous savez, Violette, j'aime ma mère et mon père, mais depuis que je vous ai rencontrée, j'ai l'impression que c'est ici que je dois être. Vous faites partie de ma famille maintenant."

Cet aveu réchauffa le cœur de Violette, qui se demandait toujours pourquoi Percy n'était jamais parti rendre visite à ses proches durant son séjour au manoir.


"Cela me touche beaucoup. Mais... racontez nous des histoires sur vous."


Il est vrai que Percy était resté secret et parlait très rarement de sa vie. Cependant, il était prêt à se confier maintenant, même s'il n'avait rien de très extraordinaire à raconter.


"J'ai grandi en Angleterre avec ma mère, mon père et mon petit frère. Mes parents étaient pauvres à l'époque, mais ils ont réussi à s'en sortir. J'étais un gamin marginal qui ne se mêlait à personne. Plus tard, j'ai enchaîné les petits boulots, sans vraiment savoir où j'allais. Ma mère m'a guidé ; c'est elle qui a fait de moi la personne que je suis aujourd'hui. Elle était différente, comme moi. Je me souviens qu'elle aidait les autres, elle était très empathique. C'est grâce à elle que j'ai trouvé ma vocation. Elle avait des talents de médium. Depuis mon enfance, j'ai côtoyé le paranormal, et c'est pour cette raison que j'ai décidé, il y a plusieurs années, de me lancer dans cette carrière. Ce n'est pas un métier qui rapporte beaucoup, et ce n'est pas aussi prestigieux que d'être médecin ou avocat, mais j'aide les autres, comme ma mère le faisait."

"Votre mère est décédée ?" demanda Violette.

"Non, non... Elle n'exerce plus, c'est tout."


"Merci d'avoir partagé ça avec nous," dit Isabelle en posant sa main sur l'épaule de Percy en signe d'affection.


"Merci de m'avoir écouté," répondit Percy.



Les trois amis décidèrent de se mettre à table, autour du bon repas qui avait pour but de leur permettre de s'évader un moment, avant que le grand final n'arrive. Pour Percy, le "grand final" serait la chute de l'histoire, celle qui dévoilerait enfin le fin mot de l'affaire. Il espérait de tout son cœur que cette fin serait heureuse et que Violette trouverait enfin la paix.



La maison du coinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant