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Ce brouillard..
Je suis à pied nus dans une robe blanche, la brume est épaisse, elle recouvre mes chevilles.

Il fait noir, j'avance doucement en regardant autour de moi.
Les bruits de vent sifflent dans mes oreilles, des petits bruits autour me font vraiment peur. Cette fois, j'ai froid, j'agite mes mains sur mes bras pour me réchauffer en avançant doucement.

Des craquements derrières moi se font entendre, je me tourne d'un coup en lâchant un cri de peur qui sort malgré moi, je cherche quelque chose pour me défendre, je scrute le sol tout en jetant des coups d'oeil pour être sûr qu'il n'y ait personne.
Je prend un bout de bois et le tends en le tenant de mes 2 mains fermes.
Je tourne plusieurs fois autour de moi en marchant pour avoir une vue à 360°.
J'ai froid, mes doigts sont bleus.
Un craquement plus fort se fait entendre ainsi que des pas.
Je lâche le bâton et je me mets à courir, je crie, malgré moi parce que je voudrais être discrète mais c'est plus fort que moi.
J'ai froid, j'ai mal, j'ai peur.
Je cours du plus vite que je peux mais les pas se rapprochent de plus en plus vites, et surtout de plus en plus nombreux.
La personne n'est pas seule. Je regarde derrière moi en continuant de courir.

-S'il vous plaît laissez-moi tranquille !!! Je n'ai rien fait!

Un mélange de cris, de pleurs se fait entendre, je me retourne encore une fois et j'apercois des pas, mais il n'y a personne!
Des traces de pieds (nus) apparaissent au sol, mes cris sont de plus en plus forts.
Je suis terrorisé, je ne comprends pas. J'ai arrêté de réfléchir depuis que j'ai vu des pas s'enfoncer dans le sol alors qu'il n'y avait personne.
J'apercois la fontaine cassée, j'en déduis que je suis encore à l'école. Je cours aussi vite que mon corps me le permet jusqu'à la bibliothèque.

-Merde!!!
Elle est fermée. Il y a une chaîne qui la verrouille.
Je cherche quelque chose, une clé, quelque chose qui pour pourrait casser cette chaîne.
Je tambourine sur la porte en espérant au fond de moi que quelqu'un vienne m'ouvrir.
Je me retourne mais les traces de pas ont disparu, je viens de remarquer que le brouillard est parti puisque j'ai pu les apercevoir.

J'ai toujours aussi froid.
Mes dents claquent, personne n'ouvre -logique-.
Je veux regarder par la fenêtre.
Je descends les quelques marches pour arriver à celle-ci, j'essuie la buée sur avec mon bras déjà frigorifié.
J'ouvre grand la bouche, je crois que je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie, je fond en larmes. Je ne peux rien faire d'autre. J'ai les jambes qui tremblent. Je crie, je pleure, je ne contrôle plus rien.
Je regarde encore à la fenêtre.
Une rangée de personnes -adultes comme enfants- sont droits, ils ne bougent pas, ils ont un sac sur la tête. Leurs corps sont sales, ils ne bougent pas d'un centimètre.
Des pleurs et des pleurs coulent de mes yeux, je renifle, j'avale mes larmes qui arrivent jusqu'à ma bouche.
Toutes les têtes basculent simultanément sur le côté droit mais leurs sacs restent en place.
Je lâche le rebord de la fenêtre en hurlant, je pars en courant le plus vite possible.
-Putain!!! Je veux rentrer! Maman!! J'ai peur!!

Le cœur battant à tout rompre, Madeleine s’élançait à travers le voile épais du brouillard, ses jambes propulsant son corps avec une urgence désespérée. Le froid lui piquait la peau, et chaque pas faisait craquer son corps engourdie. Elle ne voyait rien à travers la brume, mais les bruits qui suivaient ses pas la poussaient à courir encore plus vite. Elle avait l'impression de se faire manger ou ronger de l'intérieur.

L’école se dressait devant elle. Même en mauvais état, elle semblait pourvoir la protéger.
Madeleine coura en passant devant la fontaine, elle arrive devant les escaliers de l'entrée, elle court dans le hall et elle monte les escaliers.
Ses genoux protestant à chaque étage franchit, on entendait des os craquer à chaque mouvement, jusqu’à atteindre le troisième niveau.
Là, elle ouvrit une porte, et, sans un regard en arrière, se faufila sous un bureau où elle se recroquevilla, espérant échapper aux ombres qui la poursuivaient.
Ses pieds étaient pleins de sang, les ongles de ses doigts étaient tellement abîmés qu'ils se cassaient.

J'attends depuis un moment je crois, impossible de savoir depuis combien de temps je suis là, je ferme les yeux à cause de la fatigue.
Je ne sens plus rien et je n'entends rien.
J'ai l'impression d'être enfin tranquille.
Me pouls se calme un peu, ma respiration reprend son rythme.

Je commence à m'endormir. Mes yeux, mes yeux sont lourds, ma respiration est calme.
Ça doit faire un moment que je dois être ici.

Je sens une main sur mon bras, une main douce, par réflexe je mets ma main dessus en pensant que c'est ma mère, mais en touchant je sens qu'il y a de la terre et au bout de doigts je sens que la main n'a plus d'ongle.
J'ouvre les yeux et à quelque centimètres se tient une personne avec un corps bleu abîmé, froid, couvert de terre et de blessure. La panique m'emporte quand je vois que la personne a un sac sur la tête.
Je hurle le plus fort possible et me lève tellement fort que je frappe la tête contre le bureau.
Je me suis tellement fait mal que je sens un filet de sang sur mon front mais mes yeux se ferment, je perds connaissance et la dernière vision que j'ai c'est toutes les personnes autour de moi, le corps abîmé et avec un sac sur leurs têtes. Une fille est proche de moi, devant les autres, comme si elle était qui avait planifié tout ça.

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Je me réveille en panique. Je suis transpirante.
Je suis dans ma chambre, rien n'a bougé, je suis dans mon pyjama.
Je me rallonge d'un coup, ma respiration est forte.

-Ok, un cauchemar, tout va bien, je suis dans mon lit, dans ma chambre, respire

Mes yeux sont fermés, je me remets à respirer normalement au bout de plusieurs longues minutes.
Je me lève de mon lit et je vais me prendre quelque chose à manger, j'ai besoin de quelque chose pour me détendre.
Je prends une tablette de chocolat et un grand verre de jus de pommes. Je soupire de soulagement.
Tout va bien.

Madeleine se tenait là, devant le miroir, la tranquillité de l’instant précédent balayée par une vision horrifiante.
Du sang s’écoulait lentement de son front, tachant la pureté de son reflet. Ses mains, bleuies par le froid, semblaient appartenir à une autre, leurs ongles ébréchés et la terre incrustée sous leur surface racontant une histoire de terreur silencieuse.
La panique s’emparait d’elle, ses muscles se contractant, son estomac se tordant dans une douleur sourde.
Elle voulait crier, mais aucun son ne franchissait ses lèvres, juste des larmes chaudes qui traçaient leur chemin sur ses joues pâles. Son corps entier criait l’urgence d’une fuite, mais elle était comme enracinée sur place, une peur viscérale la clouant au sol, la sensation oppressante d’une chute imminente dans un abîme sans fin. Tout ce qu’elle désirait, c’était que ce cauchemar s’arrête, que la réalité reprenne ses droits et que la paix revienne. Mais le miroir ne mentait pas, et la sinistre vérité était là, gravée dans son reflet.
Elle se sentait se dissoudre, son esprit s’échappant, tandis que l’ombre d’une présence inconnue se dessinait derrière elle, menaçante et impalpable.

DisappearedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant