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Madeleine, hantée, cachait son malaise derrière un sourire fragile.
La "maladie" la rongeait, mais ce n'était pas la seule menace.
Ses cauchemars, plus réels que jamais, la poursuivaient jusque dans la lumière du jour. Ses pieds et ses mains, abîmés, meurtris, ongles arrachés, la liaient à un mystère qu'elle ne pouvait expliquer.
Les visions de ces silhouettes fantomatiques, sacs sur la tête, la hantaient, et elle se sentait observée, traquée à longueur de journée.
Elle ne pouvait pas en parler à sa mère, mais elle savait qu'elle pouvait trouver refuge auprès de ses amis. L'école, d'ordinaire un lieu de plaisir, était devenue un lieu sinistre où elle avançait à reculons, la tête baissée pour ne pas croiser ces regards vides et menaçants. Chaque pas était un combat contre l'invisible, et Madeleine priait pour que ses amis puissent la sauver de ce cauchemar.

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Impossible de me concentrer.. Mon regard est porté sur tous mes camarades et les enseignantes. Ma tête fusent de questions.
"Qui étaient ces personnes ?" ; "Pourquoi je suis dans un endroit de l'école version glauque ?" mais surtout "Pourquoi j'y suis ?"
Je n'entends même pas la professeure me parler.

-Eh Mad! Violette me chuchote en me donnant de coup de coude qui me sort de mes pensées
-Pardon madame, je n'étais pas concentré, ça ne se reproduira plus, je suis toute timide

L'enseignante continue son cours
-Qu'est-ce qu'il t'arrive Mad ? T'es toute pâle, tu as l'air fatigué..
Tu as des problèmes ?
-Des problèmes ? C'est peu dire... Je suis complètement dévasté.. quelques larmes m'échappe, je les essuis vite du revers de ma manche

Elle pose sa main sur mon bras.
-On va retrouver les garçons et en parler à midi d'accord ? On est tes amis et on ne va pas te laisser comme ça, elle a un grand sourire qui me fait du bien
-Merci beaucoup

Je sens ses yeux qui se jetent sur mes mains, enfin, mes gants. Je n'ai pas pû sortir sans rien vu l'état de mes mains.

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-Alors ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
Je n'ai même pas eu le temps de sortir mon sandwich que Violette m'assaille déjà de question.
Pierre et Thomas on sans doute eux aussi remarqué que quelque chose n'allait pas.

-Eh ben..
Je n'arrive pas à placer un mot, par où commencer ? Tout est brouillon dans ma tête, comment leur expliquer ?
-Mad, tu sais qu'on est là, on va faire tout notre possible pour t'aider
Thomas me prend la main, c'est rare qu'il soit aussi sérieux. Pierre quant à lui écoute.
-Je ne sais pas comment vous dire ça sans que ça ait l'air bizarre, je.. je fais des cauchemars recurent, souvent les mêmes sauf qu'ils sont plus longs, ou du moins j'ai souvent la suite de ce cauchemar, c'est toujours le même mais avec des détails en plus à chaque fois

Ils me regardent avec attention, ils m'écoutent et ça me rassure, j'avais peur d'une autre réaction

-Quel genre de cauchemar ?
-Eh bah.. Je rêve de l'école, de la bibliothèque, je vois des personnes... Je me mets à pleurer, des personnes avec le corps complètement abîmé, des traces de pas qui me suivent, j'ai vu des livres dans la bibliothèque, je m'accroche aux murs, je ressens les douleurs sur mes doigts et mes pieds, j'ai été dans le bureau pour me cacher et.. je me réveille d'un seul coup

Ça y est, j'ai tout déballé, enfin presque tout mais il y a des détails que je préfère garder pour moi.

-Et.. Qui sont ces personnes ? Tu as pu voir leurs visages ?

Violette prend mon visage dans ses mains mais.. J'ai pu voir que Pierre et Thomas se regardent, comme s'ils communiquaient ou qu'ils se comprennaient.

-Non.. Je n'ai rien vu.. Mais je sais que ce n'était pas que des cauchemars, et c'est ça le pire

Ils me regardent d'un air surpris, mais...

-Comment ça, pas un cauchemar ?

C'est Pierre qui prend la parole cette fois.
Je prends une grande inspiration et je décide d'enlever mes gants.
Je m'attendais à une autre réaction de leur part, là ils regardent juste mes mains.
En silence.

-Euh.. Tout va bien ?

J'ai demandé en remettant mes gants
Il eut un silence de plusieurs secondes.

-Oui, ça va, on est juste un peu sous le choc de voir tes mains comme ça désolé, ça veut donc dire que tes cauchemars sont réels ?

Ils ne me croient pas, en tout cas Violette non, Thomas et Pierre eux n'ont pas vraiment parlé, mais à leur regard je dirais la même chose.

-Tu es peut-être somnambule ou quelque chose comme ça non ?

Cette fois c'est Thomas qui répond, il ne rigole pas à son habitude, pas même un sourire.
Il ne me croit pas.

-Je.. Peut-être..

Ça ne sert à rien de continuer la conversation, personne ne me croit, ils ont sans doute raison, peut-être que je suis juste somnambule et que ces cauchemars sont les fruits de mes angoisses.
La sonnerie retentit, Violette me dit de partir devant, qu'elle arrive, Thomas s'en va, mais Pierre reste là, quelques secondes.

-Tout va bien Pierre ?
-Je te crois

Oh.. S'il y avait bien une personne dont j'aurais pensé qu'il ne m'aurait pas cru c'était bien lui, il est très terre à terre donc.

-Écoute, Violette arrive, mais concentre toi sur ce que je vais te dire. Il y a quelque chose que tu dois savoir, tes cauchemars comme tu dis sont réels.

Je suis complètement abasourdi.

-Personne ne va pouvoir t'aider à le découvrir, pas Violette ni Thomas. Je.. je peux t'aider moi, je veux te protéger.
-D'accord mer...
-Attends, laisse-moi finir, écoutes moi attentivement. Tu dois y retourner, lorsque tu feras de nouveau ce genre de rêve ne panique pas.

Facile à dire..

-Tu iras au 3e étage et tu chercheras
-Chercher quoi? Je ne comprends pas

Son visage se ferme et il ne dit plus rien, il se lève et part en me laissant là et Violette derrière moi.

-Tout va bien Mad ?
-Euh oui pardon, on va en cours

Je tourne doucement la tête pour voir le visage de Violette, fermé, qui regarde Pierre, ils se font un signe de tête et un petit rictus se forme sur le visage de ma copine.
C'est quoi ce bordel ??
Je me relève le plus naturellement possible et la suit jusqu'en classe.

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-Tu viens à la maison ? me lance Violette quand on sort de classe
-Non désolé, j'ai dit à ma mère que je rentrais directement, on doit sortir

Archi faux, ma mère finit tard ce soir.

-D'accord, alors bon week-end miss, elle me lance son plus beau sourire et s'en va
Je me retrouve enfin seule.

Madeleine marchait dans les rues de la ville, son esprit en ébullition. La journée avait été un enchaînement de déceptions. Ses amis, ceux en qui elle avait confiance, l'avaient laissée seule, perdue dans l'incertitude.
Deux sur trois ne la croyaient pas.
Mais le troisième, celui qui a été là pour elle, avait pris un ton grave et lui avait dit : "Madeleine, tu dois y retourner. "

La peur s'était emparée d'elle. Elle avait mal au ventre, comme si des serpents s'y tortillait. Les larmes coulaient, incontrôlables. Elle avait marché jusqu'à chez elle, seule, les rues désertes amplifiant sa solitude. Chaque pas était un supplice, chaque respiration un effort. L'angoisse la rongeait de l'intérieur.

Arrivée chez elle, elle s'était effondrée sur son lit. Les murs semblaient se refermer sur elle, laissant peu d'espace pour respirer. Elle avait pleuré toutes les larmes de son corps, vidant son âme de toute émotion. La fatigue l'avait submergée, mais elle ne pouvait pas dormir. Les mots du troisième ami résonnaient dans sa tête : "Tu dois y retourner"
Elle ne savait pas quoi faire. Mais une chose était sûre :
Elle ne pouvait plus continuer ainsi. La peur, l'angoisse, l'énervement, tout cela la dévorait. Elle devait trouver une issue, même si cela signifiait plonger dans l'inconnu. Et peut-être, juste peut-être, elle trouverait la clé pour sortir de ce cauchemar.

DisappearedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant