Chapitre 3 - Hospitalisés

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La tête lourde et le corps toujours aussi douloureux, Richa s'aperçut qu'elle avait fini par véritablement sombrer dans un sommeil pesant en se réveillant. La fatigue de ces éprouvants derniers jours avait eu raison d'elle et elle s'était relâché une fois aux mains des secouristes, se sentant en sécurité.
Revenant donc à elle, elle observa autour d'elle. Avec son esprit embrumé, elle ne se souvint de son fracassant retour sur Terre qu'en avisant le moniteur auquel elle était reliée et qui mesurait son rythme cardiaque, actuellement posé et régulier.
Avec quelques difficultés, elle se redressa sur ses coudes. Sa première constatation fut que son corps n'était plus aussi douloureux que précédemment. Après quelques jours à souffrir en permanence, les séquelles du sort de Mirévoyk commençaient enfin à s'estomper. Peut-être était-ce grâce à la perfusion dont l'aiguille s'enfonçait dans son bras.
Même en étudiant la poche de plastique, elle ignorait quel produit elle contenait et qu'on lui injectait ainsi. Rendue méfiante par ces quelques années dans l'Enclave, elle préféra retirer l'aiguille de son bras.
Se réveillant davantage, elle inspecta la pièce d'un regard plus attentif que précédemment. Sans surprise, elle constata qu'il s'agissait d'une chambre d'hôpital, meublée d'un lit dans lequel elle était allongée, du moniteur, d'une table basse et d'un plateau roulant. Les stores de la fenêtre s'ouvrant dans le mur à sa droite étaient baissés. Une faible lumière, à peine plus claire que la pénombre dans laquelle baignait la chambre, filtrait à travers.
D'après l'évaluation que Richa pouvait mener grâce à cette chiche clarté, il devait être très tôt dans la matinée, probablement aux alentours de trois heures du matin.
La pièce était séparée en deux par un rideau tiré qui ne permettait pas à Richa de distinguer ce qu'il y avait de l'autre côté. Elle pouvait néanmoins remarquer que la lumière était allumée dans cette partie de la chambre, créant une semi-pénombre qui ne dérangeait pas la vision de Richa.
Son crâne bourdonnant moins à présent qu'elle avait pu prendre un peu de repos, la jeune fille parvint à capter les paroles d'une conversation. Deux voix échangeaient d'un ton trop bas pour que Richa comprenne ce qu'il se disait, même avec ses longues oreilles de demi-elfe, l'une féminine et l'autre masculine. Si la seconde était inconnue de la jeune fille, la première lui semblait familière.
Même si elle ne saisissait pas le sujet de cette discussion, Richa supposait sans grand risque d'erreur qu'il était question d'elle et de son état. Après tout, pourquoi tenir une conversation dans un hôpital à quelques mètres du lit d'une patiente si ce n'était pas pour s'entretenir de cette dernière ? Ça n'aurait guère été logique dans le cas contraire.
Ne comptant pas laisser des personnes parler d'elle sans l'inclure dans la discussion alors qu'elle se trouvait en état de conscience juste à côté, Richa signala qu'elle était réveillée en lançant un appel à la cantonade. La conversation se suspendit et l'homme constata à voix haute qu'elle avait repris connaissance.
L'une de ces deux personnes dut certainement actionner un interrupteur quelconque car la lumière envahit soudainement la partie de la chambre où se trouvait Richa. Cette dernière plissa les yeux, ses rétines, actuellement accoutumées à la pénombre, agressées par la subite luminosité.
Durant les quelques secondes nécessaires pour s'habituer à ce changement de lumière, elle entendit des pas se diriger vers elle et les deux autres la rejoignirent de ce côté du rideau.
Richa ne put retenir un soupir de lassitude et d'agacement. Pourquoi la personne qu'elle avait justement absolument tenu à éviter de croiser en revenant sur Terre était-elle l'une des premières qu'elle voyait ? La jeune fille regrettait subitement d'avoir averti de son réveil.
Face à elle, l'inspecteur Aciari l'examinait dans tous les détails. Ses yeux bruns glacés l'observaient toujours comme si elle était un sujet d'étude sous un microscope mais il y avait cependant un éclat différent dans ses prunelles : de la surprise et de l'incompréhension. La jeune femme semblant particulièrement perdue et confuse, même si elle s'efforçait de demeurer aussi impassible qu'à l'accoutumée, le visage froid. De toute évidence, elle-même peinait à croire qu'elle se tenait devant la jeune fille que toute la ville, et même une grande partie du pays, recherchait depuis des semaines.
Ces derniers mois, elle s'était épuisé à son travail, presque dix-huit heures par jour derrière son bureau, dans l'espoir de découvrir une piste à propos de la disparition de Richa, en vain,et, finalement, elle était retrouvée en pleine forêt,inconsciente, avec un jeune homme inconnu. Elle ne parvenait pas encore à le réaliser pleinement.
L'accompagnant, un médecin venait juste à sa suite. Richa ne croyait pas reconnaître le pédiatre l'ayant prise en charge lors de cette nuit où ses souvenirs débutaient.
Le dossier qu'il tenait entre ses mains récapitulait certainement les résultats des examens que Richa avait nécessairement dû subir en étant admise à l'hôpital cette nuit, même si elle avait été plongée dans l'inconscience. D'un rapide regard, il les lut en diagonale.
Certainement comptait-il annoncer ces résultats à Richa mais cette dernière le prit de vitesse en lançant à l'inspecteur Aciari, qui continuait à la dévisager :

Le Souffle de Kaëv'ah - Tome 5 : Sang DivinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant