Chapitre 19 - Un prince dans les catacombes

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Dans un juron, Liam se plaqua contre le mur crasseux de la discrète ruelle dans laquelle il s'engouffra pour se dissimuler, comptant également sur l'obscurité de la nuit pour le camoufler.
Par chance, les Hommes Blancs qui le poursuivaient ne prêtèrent pas attention à l'entrée de la venelle et passèrent devant en courant.
Le danger immédiat ayant été momentanément écarté, le jeune homme balafré se relâcha et il se laissa glisser au sol le long du mur dans un grognement. Les dents serrées, il examina sa blessure à travers la déchirure de sa chemise, qui s'imbibait de sang. La plaie, laissée par une épée, était large et profonde et remontait sur sa clavicule presque jusqu'à sa gorge. Le sang s'en écoulait avec abondance et elle était particulièrement douloureuse.
Le problème principal était qu'il ne pouvait pas retrouver Alerrin pour qu'il le soigne. Il aurait trop risqué de conduire les Hommes Blancs jusqu'au garçon. Pour l'instant, il devait se contenter de soins sommaires qu'il pouvait se dispenser à lui-même en attendant que la tension s'étant emparé de la ville retombe.
Cette opération n'avait peut-être pas été la plus désastreuse de toutes celles qu'ils avaient menées mais Liam ne pouvait pas non plus la qualifier de franche réussite.
Après des jours à observer le poste de la Flamme Blanche de Simliore, une ville portuaire des Terres Intérieures située sur la rive ouest de la Grande Mer Intérieure à l'orée de la Forêt Claire, ils avaient jugé avoir suffisamment d'informations dessus pour s'y infiltrer grâce à un plan élaboré par Liam.
Tout s'était déroulé sans problème au départ mais ça avait mal tourné. D'une manière ou d'une autre, ils avaient été repérés par une patrouille et leur avait fallu fuir dans la panique en une véritable débandade. Esadd et Liam s'étaient séparé dans leur fuite pour compliquer leur poursuite et également car ils n'avaient pu s'organiser entre eux.
Le jeune homme ignorait où se trouvait son compagnon à présent. Il ne pouvait qu'espérer qu'il avait pu semer les Hommes Blancs comme lui et qu'il pourrait dénicher une cachette sûre pour attendre que la situation se calme.
Liam avait dû échanger des coupes avec des Hommes Blancs et c'était ainsi qu'il avait été blessé.
Evidemment, Liam savait que les postes qu'ils n'avaient pas encore piégés représentaient des défis importants et d'immenses difficultés mais les victoires qu'ils avaient déjà remportées sans Yennaël lui avaient certainement donné une trop grande confiance. Il ne s'attendait pas à ce que l'opération de cette nuit se termine par une telle catastrophe.
Tout ce qu'il lui restait à faire pour tenter d'empêcher la situation d'empirer encore davantage était de patienter en espérant que les choses s'apaisent et trouver un endroit où il serait en sécurité. Chercher à retrouver Esadd et Alerrin aurait été trop risqué pour tous trois.
Heureusement, Liam n'avait pas perdu son sac dans sa fuite et il put en sortir sa gourde pour rincer sa blessure après avoir retiré sa chemise. Il déchira ensuite celle-ci pour se confectionner des bandages de fortune avec lesquels il pansa sa plaie comme il le put avec maintes grimaces, également gêné par l'obscurité ambiante, qui le protégeait pourtant. Lorsqu'il eut terminé, il revêtit une autre chemise, propre, tirée de son sac.
Dans un soupir de soulagement, il appuya l'arrière de son crâne contre les pierres du mur, comptant se reposer durant quelques minutes avant d'entreprendre de chercher une cachette pour le reste de la nuit.
Il n'eut cependant pas le temps de se détendre un peu comme il le souhaitait.
Des pas précipités et des appels se dirigèrent à nouveau vers sa position. Les lumières orangées de torches ou de lanternes lui parvinrent par l'entrée de la ruelle. Les Hommes Blancs revenaient sur leurs pas et examinaient les lieux avec plus d'attention que précédemment.
Se relevant précipitamment, Liam se plaqua à nouveau contre le mur en retenant sa respiration pour ne pas risquer que son souffle ne soit entendu par les Hommes Blancs et ne dénonce sa position. A pas lents et silencieux, il s'enfonça dans la ruelle en longeant le mur, la douleur pulsant dans son épaule.
Soudainement, il capta un léger dégagement de magie émanant de son sac. Certainement sa pierre de contact qui réceptionnait un message.
Dans le doute où il se serait agi d'Esadd qui le contactait pour lui transmettre sa position ou s'assurer de la sienne, il prit le risque de stopper un instant pour la sortir et lire le message qui apparaissait dessus en forçant sur sa vision pour percer l'obscurité.
Contrairement à ce à quoi il s'attendait, ce n'était pas son compagnon de lutte qui le prévenait de sa situation.

Le Souffle de Kaëv'ah - Tome 5 : Sang DivinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant