Le mage reprit son sérieux.
— Bien que nous trouvions votre petite distraction plaisante, et que je dois bien le reconnaître, votre plan pour nous attirer ait fonctionné, je me dois de préciser que nous sommes toujours honorés d'aider des créatures dans le besoin. Dites-nous tout, noble centaure. Faites-nous part de ce qui vous pèse et nous verrons comment vous venir en aide.
— Nous avons quitté les terres civilisées avec quelques humains il y a de cela longtemps, car, comme vous, nous ne sommes pas friands de sédentarité. Le Désert des Larmes est notre lieu de retrait, notre havre de vie. Celui-ci est à présent troublé par les élucubrations d'un élémentaire de terre qui nous dépossède chaque jour un peu plus de nos terres. Il fait preuve d'émanations magiques qui troublent notre retraite. Nous ne pouvions vous demander de l'aide plus tôt de crainte que notre identité vous rebute. Nous savons que les hommes méprisent les monstres et les difformités.
— Je vous comprends, répondit Balthazar en s'inclinant légèrement. En l'occurrence, nous ne sommes pas tous humains, comme vous pouvez le voir. Pour ma part, en tant qu'érudit, j'ai le plus grand respect pour le peuple centaure, bien que j'en connaisse peu à propos de votre culture. J'ai toujours admiré votre espèce, si je peux me permettre. Nous sommes partants pour vous venir en aide, bien entendu. Nous devons simplement nous entretenir, mes compagnons et moi, pour discuter des détails de cette mission.
— Ouais, enfin à la condition qu'on ait une récompense, râla le paladin. On travaille pas gratuitement.
Le centaure hocha la tête, avant d'adresser un regard curieux vers Théo, toujours torse nu, appuyé nonchalamment sur son bouclier.
— Je ne comprends pas ce que vous êtes, dit-il d'une voix confuse. Je comprends que votre ami est mage, le nain, un maître mécanicien et le demi-élémentaire, un archer. Mais vous... Je ne comprends pas.
— Je suis un inquisiteur de l'Église de la Lumière, grogna le guerrier. Pourquoi, ça vous pose un problème ?
— C'est une bonne question. Mais ce n'est pas le sujet de notre discussion. Notre peuple vous sera reconnaissant de votre aide, et, bien sûr, vous serez récompensé.
Le chef centaure donna un coup de sabot dans le sol. Un de ses comparses s'avança, un grand sac dans les mains, et le laissa tomber aux pieds de son acolyte. Il était rempli à ras bord de pièces d'or. Les yeux de Balthazar étincelèrent d'intérêt. Il devait y avoir assez pour s'acheter une douzaine de robes neuves avec tout ça ! Enfin... Il devrait partager avec les autres, bien sûr (en théorie tout du moins), mais tout de même ! Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas vu pactole pareil.
Théo, lui, fut beaucoup plus pragmatique.
— Je suis inquisiteur, je n'ai que faire des richesses.
Ses compagnons levèrent un sourcil circonspect face à cette affirmation plus que douteuse.
— Amenez un deuxième sac et on discute, s'empressa-t-il d'ajouter, faisant éclater de rire ses compagnons.
Balthazar lui donna une claque derrière la tête.
— L'or, c'est après avoir accompli la mission, on n'est pas des chiens.
— Techniquement, on a Eden.
— Non, Théo. Non. Tais-toi.
— On pourrait quand même en prendre la moitié, se plaignit Grunlek.
— Pour en faire quoi ? Tu vas le dépenser où ? s'insurgea Balthazar. On ne va pas se trimballer avec cinquante kilos d'or en plein désert !
Un pitoyable blatèrement interrompirent les aventuriers, qui relevèrent tous la tête vers le gigantesque rocher volant. Le chameau s'y trouvait toujours, couché. Seule sa tête dépassait et les observait.
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Le Désert des Larmes | Aventures part en live 5
FanfictionThéo, Grunlek, Shinddha et Balthazar célèbrent dans une taverne la première année écoulée depuis les aventures qui ont changé leur vie. Mais pour les héros, nul repos n'est permis ! Une messagère leur transmet un parchemin inquiétant. Une princesse...