Katarina

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          Le réveil sonne. J'ai pas envi d'être là, j'ai pas envi qu'on me parle, j'ai pas envi d'aller là où je dois aller, de voir ceux que je dois voir, de faire ce que je dois faire, j'ai envi de dormir putain.

Je ferme les yeux. Encore 10 minutes...

Maman : Katarina éteint ton putain de réveil !

Moi : ENCORE DIX MINUTES J'AI DIT !

Maman : ÇA VOULAIT DIRE LÈVE TOI, SALE FEIGNANTE !

Elle a encore enfoncé la porte de ma chambre, je vais péter un cable, j'ai pas 15 ans. J'y prête pas vraiment attention, je vais attendre qu'elle finisse sa crise d'ado toute seule, c'est mieux réfléchi. J'ai pas besoin d'un conflit en plus aujourd'hui. Fin bref, maintenant je suis réveillée... faut que je mange un truc.

Maman : Bonjour, non ?!

Moi : Bonjour, maman.

Je me lève et passe à côté d'elle et son air hautain pour accéder à la cuisine. 7h30 c'est vraiment pas une heure où on se réveil.
Alors alors... j'aime le pain, j'aime le fromage, quoi d'autre... des oeufs ! Tient, maman a acheté du bacon ? Sympa, je vais en prendre aussi.

Je sors du frigo avec tous mes aliments en main posés délicatement les uns sur les autres sur un centre de gravité parfait pour éviter de tout faire tomber.

Maman : Bouffe pas trop ma belle, tu vas prendre encore plus de poids !

Je ne l'écoute pas. Je pense que si j'écoutais chacun des pics de ma mère je serais déjà sa copie conforme à l'heure qu'il est... j'en ai des frissons. Je pose tout ça sur la table et commence à me préparer un petit déjeuner qui pourrait me faire tenir pour la journée. Des œufs au plat avec du bacon et du pain avec un peu de fromage, quelle grâce.

Maman : Alors, tu as prévu de faire quoi pour cette première journée à la fac, ma puce ? M'interroge-t-elle.

Moi : Je n'ai que deux ou trois cours aujourd'hui, un en amphi et deux TD l'après midi, donc je vais écouter et je rentrerais pour 15h.

Elle hoche la tête et quitte la cuisine. J'ai compris il y a bien longtemps que pour faire taire ma mère il fallait lui dire exactement ce qu'elle a envi d'entendre. C'est le seul moyen pour qu'elle me fiche la paix.
Mais c'est ma première journée à la fac aujourd'hui. J'ai beau ne pas vouloir quitter mon lit, j'ai quand même envi d'être jolie. J'aime que les gens me perçoivent comme une personne bien apprêtée pour n'importe quelle occasion. Même si c'est pour une sortie d'une heure, j'aime m'habiller, j'aime me maquiller et me coiffer. Je suis assez coquette en réalité, et j'aime beaucoup ça de moi.
Je choisis un haut basique, beige, à manche courtes et assez moulant, et un bermuda vraiment large, noir. Je mets mes mocassins compensées et j'ajoute des chaussettes beiges elles aussi que je laisse légèrement dépasser des chaussures. Avec tous mes accessoires, je serais parfaite. Collier, bagues, pinces, noeuds, boucles d'oreilles... je prends mon sac à dos et j'y vais.

Sur le chemin, je ne pense pas trop, j'aime pas penser en réalité. Assez contradictoire, vu ce que je sais faire... mais bon, quand tu penses trop, tu n'es plus naturel. Autant ne pas paraître bizarre pendant ma première journée en étude sup. Je ne voudrais pas qu'on me donne une étiquette ou qu'on me mette dans une case là bas. Faut dire qu'au lycée je n'étais pas la plus appréciée, pourtant je suis sympa. Dommage.

En arrivant devant le bâtiment de ma fac, je m'arrête quelques minutes et regarde mon emploi du temps pour trouver ma salle. Quelque chose me gêne... une brise inhabituel vient caresser mes mains, une brise si douce qu'aucun autre ne pourrait la sentir, quelque chose que personne ne sentirait. Ça vient de ma gauche, c'est de plus en plus fort. Je recule alors un pas très vif et évite un garçon qui a faillit me percuter. Il n'a pas du anticiper mon esquive... il est tombé juste devant moi.

? : EH, JOSUKE ! ÇA VA ??? ILS SONT PARTI ! Hurle un autre homme au loin.

Josuke : OU-OUAIS, ÇA VA... lui répond-il.

Il tient sa tête d'une main en souriant... il a du se la cogner contre le sol. Lorsqu'il se relève, il me regarde et sourit.

Josuke : Ah, désolé ! J'ai cru que j'allais te rentrer dedans.

Moi : C'est rien, fait plus attention la prochaine fois. Répondis-je d'un ton passif.

Je me baisse alors pour récupérer les quelques cahiers qu'il a fait tomber de son sac.

Josuke : Ça veut dire quoi ça ? C'est toi qui m'a laissé tomber, j'avais pas prévu que tu t'écarterais !

Je le regarde d'un air interrogée, accroupie, puis me relève pour lui rendre ses affaires.

Moi : Va à l'infirmerie si t'as trop mal au crâne.

Je reprends mon chemin. Il ne pensait pas ce qu'il a dit, je l'ai ressenti. Il ne m'est donc pas avantageux de rétorquer.
J'ai un don pour ressentir ce que les autres ressentent... ça doit être une forme d'intelligence. Depuis ma naissance, j'ai développé une intelligence hors norme qui me permet pas mal de trucs dans la vie. Il y a quelques années, un soir de juin, j'ai entendu certaines personnes dans la rue dire que des personnes avec des pouvoirs appelés "stand" existaient, et qu'ils en avaient été témoins. Au moins maintenant, je sais comment ça s'appelle. J'ai le don de tout retenir, de tout voir, de tout sentir et ressentir, de tout entendre, mon cerveau est surdéveloppé au point où ça en devient parfois difficile de vivre normalement. Parfois lorsque je marche dans la rue, je peux prévoir un verre qui tombera d'une des tables d'une terrasse d'un restaurant 10 secondes avant l'impacte, en calculant la trajectoire des mouvements de la personne qui le fera tomber, tout ça par automatisme. Je peux savoir ce qu'une personne s'apprête à me dire en regardant la façon dont elle positionne ses lèvres et sa mâchoire, prévoir à l'avance une douleur qui pourrait survenir dans mon corps en sentant mes organes fonctionner différemment, ou encore anticiper une bousculade en ressentant le vent effleurer ma peau, comme je l'ai fait avec ce garçon impoli. Je suppose que l'intelligence émotionnelle fait parti de mon stand, il m'est alors possible de savoir exactement ce qu'une personne ressent en observant la façon dont les poils s'hérissent ou simplement en regardant dans leurs yeux. Mon stand, Brain Storm, est très analytique, il voit des choses que les gens normaux ne voient pas. Sans aucune vantardise, je dirais que j'aime être intelligente. C'est pratique, ça me plaît.

Le bâtiment est vraiment énorme, mais je m'y repère. Il est 9h, certains sortent de cours, d'autres y rentrent... tout ce monde ne me laisse pas indifférente. Je ne suis pas anxieuse ni renfermée, je n'aime juste pas être en présence de trop de monde à la fois, car les émotions de tous ceux que je vois ricochent sur moi comme des échos. Bien heureusement, mon stand me permet de différencier les autres de moi-même et de réprimer ce que je ressens ou ce que l'on me fait ressentir. Je ne devrais pas être trop embêtée...

Je rentre dans l'amphi.

Josuke's Bizarre Adventure... - (Josuke X OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant