I

2 1 0
                                    


L'hiver battait son plein et recouvrait la capitale de Tiristaria d'un voile blanc immaculé. La neige tombait sans interruption depuis plus d'une semaine, ce qui avait fini par rendre les déplacements assez difficiles. Un problème dont la capitale du royaume de Filoria aurait très bien pu se passer. Car le moins qu'on pouvait dire, c'était qu'elle traversait une période très difficile.

La nuit des flocons de sang avait porté un coup terrible à la population, plongeant dans la peur les habitants qui avaient subis, impuissants, les attaques aveugles des serviteurs des Ingar. Une centaine de millier de personne avaient trouvé la mort au court de ce funeste évènement. Encore aujourd'hui, la capitale restait en grande partie paralysée en raison d'un nombre important d'infrastructures qui ne pouvaient plus fonctionner. Accablés par le malheur, beaucoup avaient décidé de quitter la capitale malgré le fait qu'il était dangereux de prendre la route en hiver.

Au final, la ville avait facilement perdu un tiers de sa population totale. Pourtant, ceux qui restaient semblaient désormais animés par une détermination plus forte que jamais, comme si ces épreuves n'avaient fait que les renforcer. De plus, les réfugiés du royaume de Galidian avaient grandement aidé à remettre sur pieds les secteurs les plus vitaux. L'approvisionnement en eau et en nourriture avait pu être maintenu et l'ordre était assuré par l'armée. Au final, la vie parvenait à reprendre son court, même si chacun était parfaitement conscient que tout était très loin d'être terminé.

C'est dans cette ambiance complexe qu'une jeune fille arpentait les rues du quatrième cercle de la capitale. Couverte d'une cape à capuche pour se protéger de la neige qui tombait abondamment, elle avançait d'un pas vif tout en transportant un sac qui semblait rempli de nourriture. Quelques mèches de cheveux blonds s'échappaient de sa capuche tandis que son souffle faisait apparaitre un nuage de vapeur devant son visage à intervalles réguliers. Même dans un accoutrement qui ne laissait pas voir grand-chose d'elle, on devinait assez facilement qu'elle était très belle.

La jeune fille finit par arriver à une des maisons du quatrième cercle et frappa à la porte tout en s'agitant sur place pour ne pas prendre froids.

— Ah Liliana, entre, lui dit une jeune femme qui venait de lui ouvrir.

La jeune blonde ne se fit pas prier pour accepter et pénétra rapidement à l'intérieur de la maison agréablement chauffée. Elle déposa son sac sur le côté et retira sa capuche en frissonnant un peu. Même avec le nez et les joues rougies par le froid, Liliana restait définitivement une fille superbe, à tel point qu'elle éclipsait totalement celle qui venait de lui ouvrir, qui était pourtant loin d'être laide.

— C'est fou ce qu'il fait froid aujourd'hui, j'aurais dû utiliser un enchantement pour me réchauffer, dit-elle en se débarrassant de la neige qui la recouvrait.

— Pourquoi tu ne l'as pas fait ? Lui demanda la jeune femme qui lui avait ouvert. Pour une sorcière comme toi c'est facile non ?

Plus petite que Liliana, elle aussi était blonde et coiffée d'une tresse enroulée à l'arrière de sa tête.

— Tu sais Béléri, il ne faut pas penser de manière aussi simpliste, répondit Liliana en retirant sa cape.

— Comment ça ?

— La magie contrôle les phénomènes naturels, il est donc nécessaire parfois de ne pas chercher à lutter et se laisser porter par les évènements. Cette apparente simplicité est en réalité l'une des plus grandes sophistications car elle permet de ...

— Tu n'y as pas pensé, avoue-le.

La remarque de Béléri coupa net le discourt de la sorcière qui se tourna lentement vers la jeune femme, l'air passablement vexé.

Vorsem tome 5 - Le savoir et le pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant