Vorsem tome 5 - Le savoir et le pouvoir

XIV

Afin de mettre définitivement les choses au clair avec Valena, Alaron n'était pas retourné auprès de son instructeur après le seul jour de repos qu'il lui avait donné, mais le lendemain. Il dut bien évidemment se confondre en excuse et expliquer que des affaires personnelles urgentes l'avaient retenu. Ce qui n'était pas vraiment un mensonge en soit, mais pas tellement une excuse non plus. Son instructeur se montra cependant compréhensif et accepta de passer l'éponge, à condition que le jeune homme se montre assidu dans sa formation à partir de maintenant. Il n'eut pas à le regretter.

Alaron se montra plus concentré que jamais, assimilant les informations à toute vitesse sans jamais se plaindre malgré le rythme sévère qui lui était imposé. Agréablement surpris, son instructeur lui demanda ce qui avait bien pu provoquer chez lui une telle détermination à réussir.

— J'ai un rôle à tenir dans la future opération de reconquête de Galidian, avait-il répondu simplement. Je dois absolument mettre toutes les chances de mon côté, il en va de ma responsabilité.

Son instructeur avait été très satisfait de cette réponse et finalement, à peine un mois après qu'il ait commencé à l'instruire, il déclara que le jeune homme était désormais prêt.

— Cela aura été bien plus rapide que prévu, dit la reine Nérissa quand il vint lui annoncé la nouvelle. Tu es donc un élève doué, une surprise bien agréable s'il en est, car je ne te connaissais pas ce talent.

— Je ne sais pas tellement si c'est un talent majesté. Je dirais juste que cette fois, j'avais une motivation sans faille pour réussir.

— Tient donc ? Laquelle ?

— Je possède en moi une force qui met permet d'être un des meilleurs atouts possible contre les sombrelins. En faire usage de la sorte me donne l'impression de pouvoir enfin donner un sens à toute cette histoire. Je veux prouver que cette puissance peut être utilisée de la bonne manière.

— Très noble de ta part, mais pour ma part, cela fait bien longtemps que j'estime que tu as prouvé ta valeur. A qui souhaites-tu le prouver ?

— A moi-même.

C'était la vérité, de toute manière Alaron ne s'imaginait pas une seule seconde capable de mentir à sa reine et elle le savait très bien. Pourtant elle lui jeta quand même un regard suspicieux, comme si elle avait compris qu'il ne s'agissait pas de toute la vérité. Car en effet, le jeune homme ne pouvait pas nier que sa décision ne venait pas que de lui. Celle qui lui avait fait comprendre ça, c'était la princesse Anesteria.

Le fait qu'elle soit allé jusqu'à lui demander une faveur à lui, dont elle avait pourtant deviné la manière de penser vis-à-vis de son peuple, l'avait profondément touché. Cela lui avait fait prendre conscience du rôle qu'il avait à jouer et ce qu'il devait maintenant représenter pour le peuple de Galidian. Quoi qu'il puisse penser d'eux, il était désormais celui grâce à qui avait été révélé que la gardienne prima Aménotissa, celle dont le nom était chanté comme celui d'une véritable déesse, était encore vivante.

Oui la princesse de Galidian était celle qui était à l'origine de sa détermination, mais malgré tout c'était une information qu'il préférait éviter de révéler. D'abords parce que cela l'obligerait à révéler qu'il avait rencontré la princesse dans un bar, ce qui risquait de soulever tout un tas de questions bien désagréables. Mais surtout, il sentait bien qu'Anesteria lui faisait de l'effet et ça, il devait absolument le garder pour lui.

Il ne pouvait rien contre l'attirance qu'il ressentait, c'était un sentiment on ne peut plus humain qu'il n'avait aucune chance de contrôler. Mais jamais il ne devait en parler, jamais il ne devait même reconnaitre à voix haute qu'elle lui plaisait. C'était la princesse d'un pays étranger, en temps normal il ne devrait même pas être autorisé à lui parler. Le fait qu'elle fasse fi de cette règle lui posait bien des problèmes, mais ce n'était en aucun cas une excuse pour s'oublier lui aussi. Entre eux, il ne devait rien y avoir, jamais. De toute façon, il était persuadé qu'il finirait vite par oublier cette passade.