En temps normal, les affaires de la cour de justice du royaume de Filoria n'intéressaient pas grand monde, en dehors que quelques personnes qui se passionnaient pour ça. Mais cette fois, c'était différent. La date du procès du chef de l'ordre de la destinée approchait et le sujet était au centre de toutes les conversations. La tragédie de la nuit des flocons de sang marquait encore durement les esprits, ce qui poussait chaque citoyen à se sentir directement concerné par l'affaire. Un peu trop même se dit Alaron alors qu'il rentrait chez lui après avoir fait des commissions.
La colère de ceux qui avaient vu leurs proches être blessés ou mourir pendant la tragédie avait tendance à s'enflammer. Ils réclamaient justice, sans se rendre compte que ce qu'ils voulaient réellement c'était la vengeance. Certains d'entre eux n'hésitaient pas à faire une liste à voix haute de ce qu'ils aimeraient faire subir aux membres de l'ordre s'ils leurs tombaient entre les mains. Le jeune homme devait bien avouer qu'il en avait froid dans le dos.
— Ça ne me surprend pas tellement, lui dit Liliana.
Il lui avait raconté ce qu'il avait entendu et ce qu'il en pensait pendant que Béléri se chargeait de préparer le repas du midi. Il était un peu étonné de la réponse de son amie.
— Ne te méprend pas, continua-t-elle en voyant son expression. Je ne suis pas en train de dire que j'approuve ce genre de paroles. Vouloir faire souffrir quelqu'un de cette manière c'est logiquement inacceptable. Sauf que c'est pas la logique qui s'exprime là, mais la douleur. Ils veulent trouver un exutoire pour leur peine rien de plus.
— Quand même, certains parlent de torture et pas des plus douces.
— Tu n'as pas pensé à la même chose quand tu as appris ce que ta fiancée avait vécu ?
Alaron resta sans voix, Liliana avait parfaitement raison. Enfin, pas tout à fait, il n'était pas allé jusqu'à s'imaginer torturer à mort les parents de Béléri et jamais de la vie il n'aurait exprimé tout cela à voix haute. Mais il avait souhaité les faire souffrir, c'était indéniable. Une partie de lui avait rêvé de leur faire payer les tourments qu'ils avaient osé imposer à leur fille.
— Quand même, dit-il après un instant de réflexion. C'est pas très constructif de laisser ce genre de sentiment prendre le dessus.
— Ah ça, tu peux le dire, lui confirma la sorcière. Je pense même que c'est un des trucs les plus destructeurs qui existe. Mais en même temps, on est humains. On ne peut pas se contrôler en permanence, ça nous rendrait fou. En plus, faut pas s'inquiéter, la majorité de ceux qui osent dire ça savent très bien qu'ils n'ont aucune chance de mettre leurs paroles en pratique. C'est un moyen de se défouler, comme moi quand j'ai déchainé ma magie quand Béléri s'est retrouvée blessée pendant la capture de Flynn Maerus. D'ailleurs, ils font sans doute moins de dégât que ce que j'ai provoqué à l'époque.
— Ils ne sont pas en plein territoire hostiles menacé par des gardes ennemis eux, ça aide.
— Pas faux.
Liliana avait certes son franc-parler, mais il devait reconnaitre qu'elle avait raison. Malgré tout, Alaron espérait que la décision de justice qui serait prise suffirait à calmer les esprits, sans quoi l'insécurité risquait de croitre dans la capitale. Ce serait assez triste d'en arriver là, après tous les efforts fait par la princesse Nérissa pour maintenir l'ordre après la tragédie de la nuit des flocons de sang.
Le jour tant attendu finit par arriver et le grand prophète de l'ordre de la destinée fut emmener sous étroite surveillance jusqu'à la salle du procès, située dans le deuxième cercle. Cet endroit n'était utilisé que dans des cas rarissimes pour juger des crimes les plus graves, ce qui se justifiait totalement dans le cas présent. Le moins qu'on pouvait dire, c'était que la pièce était intimidante. Totalement circulaire, ses murs de marbre noir étaient décorés de dorures représentant un gant d'armure tenant une épée, le symbole de la justice au royaume de Filoria. Les dimensions gigantesques de la salle ajoutaient à l'aspect froid de ces lieux, qui imposaient naturellement le silence et la solennité.
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Vorsem tome 5 - Le savoir et le pouvoir
FantasyLa nuit des flocons de sang a laissé une profonde cicatrice dans le royaume de Filoria. Frappé au cœur de sa capitale, le pays se remet difficilement. Face à une telle tragédie, la princesse Nérissa décide qu'il est grand temps d'en finir avec l'ord...