VI

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L'obscurité de la nuit fausse toujours les impressions. Quand les ombres prennent le dessus, l'imagination à tendance à s'emballer et à nous laisser prisonnier de ses illusions. C'était surement pour cette raison qu'Alaron avait trouvé le visage de son ami étrangement effrayant pendant quelques secondes.

— Tu ne dors pas ? Lui demanda Coley sans le moindre préambule.

— Je ne dors presque pas, tu le sais bien. En plus, je réfléchissais à pas mal de choses et j'ai eu besoin de m'aérer la tête.

— A propos de Chaos pas vrai ?

Coley avait parlé à voix basse en jetant un regard furtif vers la porte de la chambre de Liliana. N'étant pas dans la confidence de ce secret, il y avait des choses qu'elle ne pouvait pas entendre. Alaron lui confirma qu'il avait vu juste d'un simple signe de tête et son ami s'approcha de lui.

— Je dois avouer que tu m'as donné quelques sueurs froides en demandant ça à Catia, continua-t-il toujours à voix basse. C'était risqué.

— Sans doute, mais nécessaire malgré tout, répondit Alaron. J'ai besoin d'informations et je ne vais pas passer à côté d'une telle occasion.

— Ca se tient, reconnu Coley. En plus, je dois reconnaitre que tu m'as impressionné à réussir à lui mentir aussi facilement, tu as changé. Il n'y a pas si longtemps je t'aurais cru incapable de faire ça.

— Si tu le dis. Sinon, qu'est-ce qui fait que toi aussi tu ne trouves pas le sommeil ? Je vois bien que quelque chose te perturbe.

— Vraiment changé, marmonna Coley en jetant un regard en coin à son ami.

Était-il vexé qu'Alaron arrive à voir si facilement en lui ? Sans doute un peu, mais malgré tout moins que ce qu'il aurait imaginé. Il continuait à garder une certaine distance vis-à-vis des autres, une manière de vivre qui ne le quitterait sans doute jamais. Néanmoins, savoir qu'Alaron représentait une sorte d'exception ne lui déplaisait pas.

— Est-ce que tu te souviens de la dispute que nous avons eue juste après notre première rencontre ? Finit-il par demander après quelques instants de réflexion.

Il fallut à Alaron plusieurs longues secondes pour fouiller dans sa mémoire et se rappeler de cet évènement.

— Si je me souviens bien, j'étais en colère parce que vous aviez tué certains des hommes qui nous avaient attaqués, répondit-il enfin.

— Exact, à l'époque on avait eu une petite prise de tête sur ça, même si ça s'était résolu assez vite finalement.

Coley eut un sourire en évoquant ce souvenir et Alaron aussi.

— A ton avis, qu'est-ce qui m'avait vraiment énervé à l'époque ?

— Le fait que j'ai parlé sans savoir ?

— C'est vrai qu'il y a de ça, mais ce qui m'avait piqué au vif c'était que je savais que tu avais raison.

Coley sembla se perdre dans ses réflexions pendant un moment avant de reprendre.

— Quand tu as dit que tuer était un acte à ne pas prendre à la légère, une part de moi savait bien que tu avais raison. J'ai souvent eu à me salir les mains pour son altesse Nérissa et je ne regrette rien. Malgré tout, la première fois que j'ai dû passer quelqu'un au fil de mon épée, j'ai tremblé pendant plusieurs jours et même si j'ai fini par surmonter ça, tuer me laissait toujours une part de dégout. C'est ça qui m'a énervé à l'époque, le fait que tu appuis justement là où ça fait mal.

— Je l'ignorais, je n'avais pas les idées assez claires pour dire quelque chose de très réfléchi tu sais. Aujourd'hui en revanche, je me rends bien compte que, vu la manière dont tu en parles, quelque chose a changé.

Vorsem tome 5 - Le savoir et le pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant