Nouvelle vie, c'est partie

Chapitre 16

JOE

J'étais enfin arrivé, j'ouvris la porte avec fracas. Ils me regardaient tous avec horreur. Horreur ? Ah oui, je ne devais pas être belle à voir. 

"Joe !" cria mon père. Je le stoppai d'un signe de la main. 

"Avant toute chose, vous devez vous dépêcher. Hugo m'a laissée seule pour aller chercher Maeva. Grâce à ça, j'ai pu m'échapper. Il est soit encore au motel qui se trouve juste à l'extérieur de la ville, soit il est à l'entrepôt. C'est celui avec le joli graff jaune, vous voyez duquel je parle ?" Bien sûr, tout le monde voyait où était ce graff magnifique, on ne pouvait pas le louper.

Quand je vis Pain, je voyais dans son regard l'hésitation entre son rôle de Sergent d'Armes,de récupérer Hugo, et son envie de prendre soin de moi.

 "Fais ce que tu as à faire, tu me verras après, ne t'inquiète pas, je vais bien." La tête qu'il me fit en retour me prouve que je devais faire peur à voir. 

"J'irai bien, je vais aller voir le doc et tout va bien se passer." 

"Très bien, tout le monde avec moi, on se sépare en deux groupes habituels. Le premier va au motel, le deuxième avec moi à l'entrepôt. Doc, je te laisse t'occuper de Joe. Gamer, tu restes ici, surveille nos arrières. Prés, tu veux faire quoi ?" 

"Va, fils, je vais rester avec elle."

Dans la minute, ils étaient déjà tous partis. Gamer alla dans son bureau en disant : "Si vous avez besoin de moi, je suis juste à côté." J'allais suivre Doc quand je me sentis partir. J'ai juste eu le temps de dire "Je suis O+" et tout devint noir.

                                                                                             *

PAPI

Lorsque j'ai vu la porte s'ouvrir brusquement, je ne m'attendais pas à la voir. Elle s'était échappée toute seule, mais dans quel état. Son visage était défoncé et couvert de sang qui tombait sur le sol, je n'arrivais pas à voir d'où il provenait.

Doc arriva à côté de moi et murmura "au mon dieu". Après que tout le monde soit parti, on s'avança jusqu'à elle. Mais elle eut juste le temps de prononcer son groupe sanguin avant de s'écrouler. "Joe !" On se précipita tous les deux vers elle, je la pris dans mes bras, la soulevai et l'emmenai directement à l'infirmerie. Mes bras étaient pleins de sang, sa blessure m'inquiétait et je n'étais pas le seul.

Doc me dit tout de suite de la poser sur le ventre. Une fois fait, on regarda choqués son dos. Doc, comparé à moi, reprit vite le dessus et se mit tout de suite à lui faire une transfusion. Avec tous les frères qui revenaient blessés, on était obligés d'en avoir en stock et heureusement. Après, il s'occupa de son dos. Elle avait dû souffrir à mort. 

"Je ne peux rien faire à part nettoyer ses plaies et les recoudre, mais les cicatrices qu'elle gardera..."

Les larmes me montèrent aux yeux. Ce connard l'avait charcutée en la marquant de son nom, ce qui recouvrait tout le haut de son dos dans toute sa largeur. On pouvait très clairement lire "Hugo", ce bâtard allait tellement souffrir pour ce qu'il avait fait subir à ma princesse. Je ne vis pas Doc continuer à s'occuper de ses autres blessures. Il me rassura en me disant qu'elle était bien amochée mais que ce n'était rien en comparaison de son dos. Il lui fit une injection de morphine.

Gamer entra dans l'infirmerie, demanda comment allait la tigresse et nous informa que le cargo avait été récupéré. 

"Qu'est-ce qui vous arrive à tous les deux ? Joe ?"

" Elle est dans les vapes, mais elle va bien, elle ira bien." Il bloqua en voyant l'ampleur de son dos sans rien ajouter, puis sortit quand je lui dis que nous l'informerions plus tard.

                                                                                           *

PAIN 

On était en train de rentrer, nous étions arrivés à temps. Ils étaient en train de partir, c'était tellement facile de les récupérer. Ils étaient actuellement dans la camionnette. Avec Gun, nous roulions comme des fous, nous avions besoin de la voir, de savoir comment elle allait. Une fois arrivés, nous laissâmes les autres s'occuper des deux abrutis. Nous nous occuperons d'eux plus tard. Nous sommes rentrés dans l'infirmerie, Doc était perdu dans ses pensées contre le mur et Papi était assis à côté d'elle, l'air dépité en lui tenant la main. Je me suis retourné vers le lit, elle était là, allongée sur le ventre et endormie, avec un énorme pansement dans le dos. Le Président parla avant moi,

 "Qu'est-ce qu'elle a ?"

"Fils " 

"J'ai demandé ce qu'avait ma fille." Doc reprit, 

"Rien de cassé, elle aura le visage défoncé pendant un moment, par contre son dos..." Il s'arrêta, essayant de trouver les mots. Le Président s'énerver, moi je ne faisais que la regarder tout en m'approchant d'elle. 

"Un de vous deux va m'expliquer ce qu'a ma fille avant que je lui éclate la gueule. 

"Montre-leur, Doc"

"Très bien, je vous préviens, ce n'est pas beau à voir."

"Oh mon dieu ! L'enfoiré, le fils de pute, le bâtard !" Je répétais ces mots en boucle. Ce connard l'avait marqué. 

"Mon bébé", dit son père. Doc remit le pansement en place et nous prévint qu'il ne savait pas quel impact psychologique cette blessure allait avoir sur elle. 

"J'ai besoin d'un verre"

"Moi aussi, Gamin."

"Aller-y tous les deux, je reste avec elle. Si elle se réveille entre-temps, je vous appelle."

Une fois au bar, on a bu notre verre cul sec et on en redemandait un autre. Tous les frères nous demandaient des nouvelles de Joe, on était incapables de répondre sauf pour leur dire qu'elle était en vie. Joker s'approcha d'un pas hésitant et nous demanda s'il pouvait aller la voir. Le Président hésita, Je lui dis qu'elle allait avoir besoin de lui, il donna donc son accord. Joker se précipita à son chevet, suivi d'un moment de silence qui se transforma vite en cri : 

"PUTAIN, PUTAIN, PUTAIN!"