Nouvelle vie, c'est partie

Chapitre 9

JOE

Après avoir roulé pendant un moment, je me retrouve en pleine nature, arrête la voiture et m'assois directement sur le sol pour profiter de la paix que m'offre cet endroit, entouré d'arbres qui nous donnent l'impression d'être seuls au monde. Pain me rejoint et s'assoit à côté de moi. Nous ne parlons pas pendant un moment, puis il commence : 

"Je comprends que tu sois vexée, mais ne te trouves-tu pas un peu hypocrite?"

 "Hypocrite?"

"Oui, hypocrite. Tu as fait des recherches sur nous, ne l'oublie pas, et tu nous reproches d'avoir fait exactement la même chose." 

"Ce n'est pas pareil. Je devais faire ces recherches pour retrouver mon père, quand je me suis rendu compte qu'il était le président d'un club de bikers. J'avais peur d'avoir fui un enfer pour en retrouver un autre. Dès que j'ai eu mes réponses, je n'ai pas creusé davantage." 

"Ça ne me plaît pas que tu aies trouvé des infos si facilement sur nous, mais je peux le comprendre. Par contre, tu dois aussi comprendre que tu ne peux pas nous en vouloir de faire la même chose."

Ce qu'il me disait fait sens, mais je n'aimais pas ça. Surtout cette proximité, nos bras se frôlaient et mon corps était parcouru de frissons. Je ne pouvais plus nier l'attraction que j'avais pour lui. 

"Sache que Joker était contre ces recherches, voulais attendre que tu te confies."

"J'aime ne pas m'être trompé sur son compte, mais je n'arrive pas à ne pas être vexé par vos recherches, même si je les ai faites aussi."

 "Il n'y a pas que ton père dans l'histoire, le club est concerné aussi, surtout si tu peux le mettre en danger." 

"C'est trop tard pour ça." Je le sens se tendre à côté de moi. Il n'aime pas mes paroles. Est-ce uniquement pour son club ou le fait que je sois en danger l'inquiète aussi?

 "Si tu es en danger et que par ricochet le club aussi, tu dois nous en parler. Tu n'es pas obligée de nous raconter toute ta vie, mais au moins cette partie."

C'était la première fois qu'il me parlait normalement et pas comme si j'étais une pestiférée. 

"Pourquoi ce changement de comportement?" 

"Je n'ai pas aimé te voir énervée et vexée, et savoir que tu es en danger réveille tous les instincts protecteurs qui sont en moi. Je n'arrive pas à te sortir de ma tête. Je n'aime toujours pas tous les secrets qui t'entourent, mais ça ne sert à rien de lutter..." 

"Je n'arrive pas non plus à te sortir de ma tête, mais ça me fait peur, ce n'est pas normal de ressentir autant de choses aussi vite." 

"Je suis d'accord, mais peut-être qu'aprés nous laisser aller par cette attirance, tout redeviendra normal une fois cette passion assouvie." 

"Peut-être. Mais dans un premier temps, on va retourner au club et on pourra s'expliquer."

Quand je me relève, je glisse. Il me rattrape. Nos corps sont maintenant collés l'un à l'autre. Nous nous regardons dans les yeux pendant un moment. La tension était palpable entre nous. Il s'approche un peu plus et je suis le mouvement. Nos lèvres étaient à quelques centimètres l'une de l'autre, quand son téléphone se met à sonner et casse la bulle dans laquelle le temps s'était arrêté. Il râle, mais me lâche pour répondre:

"Oui, je suis avec elle, on va rentrer au club, c'est pas mal de route, compte environ 40 minutes. Très bien" est-il, racroche. 

"Ton père s'inquiète, allez, on rentre, suis-moi"Je rejoins ma voiture, toujours troublé par ce qu'il venait d'arriver.

Pendant tout le trajet, je me suis rejoué en boucle ce qui s'était passé et à quel moment ça avait dérapé. Il y avait toujours eu cette tension entre nous, nous avions bien essayé de la nier. Il avait beau prendre ses distances, me faire comprendre qu'il me détestait, et j'avais beau me voiler la face, car un coup de cœur aussi intense en aussi peu de temps m'effrayait. Je ne pouvais que rejeter ce que je ressentais, mais le barrage avait cédé quand il s'est rapproché.

Demander moi de combattre ou me mettre une arme dans les mains, je sais gérer le sexe et m'amuser, je sais aussi gérer mais une attirance aussi rapide et intense, j'étais complètement paumé. Perdu dans mes pensées, je ne me suis même pas aperçu qu'on était arrivés. Notre moment dans les bois passé en deuxième plan, maintenant je dois affronter mon passé. 

                                                                                           *

PAIN

Ça ne doit plus se reproduire, je n'aurais pas dû dire et faire ça. J'ai failli faire une grosse connerie, heureusement que le téléphone a sonné. Je ne dois pas céder à cette attirance, je ne dois pas me laisser emporter par les sentiments qui m'habritent. Je ne connais rien d'elle et elle reste la fille de mon président. C'est décidé, je vais prendre mes distances et m'y tenir. Mais comment faire quand on doit aussi la protéger ? En gros, je suis dans la merde, mais j'allais enfin en apprendre un peu plus sur elle.