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IL Y A LE SOIR et la moiteur de l'air, cette solitude précédant la fin de semaine. Il a la lumière dans l'immense salle, la nuit venteuse au dehors.
Et la musique se lance alors que le corps manque à l'appel. Les cuisses tremblent, les genoux faiblissent, la poitrine se creuse. L'odeur qui flotte est amère.
Elle danse comme si le soleil ne se leverait plus. Elle veut se rapprocher des étoiles avant qu'elles ne cessent de briller. La fatigue l'étreint mais elle s'efforce de tenir. Il faut continuer.
Ses chevilles ondulent trop, elles se tordent, ses pieds dérapent, ses regards se perdent, elle ne sait plus rien fixer. Ses muscles tirent et crient au terme de leur malheur.
Un jour tout va casser
Mais ce jour n'est pas encore alors elle profite, elle savoure les quelques secondes où son esprit est loin. Il y a juste la musique et son souffle déjà coupé.
Un jour tout va s'effondrer
On ne peut échapper éternellement au repos, s'enfuir jusqu'au bout de la terre sans fermer les yeux, courir sans craindre l'épuisement.
Elle ne veut pas s'arrêter. C'est plus doux de continuer. Si elle s'arrête maintenant, après il sera trop tard. Elle regrettera. Elle a peur de regretter.
Un jour tout va s'arrêter
Plus de musique, le silence. Sa posture se relâche, tout s'affaisse, les muscles tombent. Les os se disloquent et le cœur s'affole. Et ses poumons, qui hurlent à l'agonie, arrachés par l'effort.
Elle n'en peut plus. Elle n'en peut plus. Un jour elle n'en pourra plus.
Elle se relève, mains sur la taille pour soutenir une colonne vacillante. Elle a juste besoin d'un instant.
Juste une respiration.
Et elle recommence.
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