► électrocardiogramme

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ELECTROCARDIOGRAMME
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         Un sourire est la plus belle chose qu'un visage puisse porter

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         Un sourire est la plus belle chose qu'un visage puisse porter. Et l'éclatance de celui qu'elle affichait achevait de m'enterrer.

         J'étais une ombre au milieu des autres convives, une loque entourée de beaux costumes. Un parfait étranger, non pas inconnu de tous, mais une présence dérangeante, extérieure à toute cette liesse. On détournait le regard face au mien ou on affichait un sourire crispé. J'imaginais sans peine la question qui courrait sur toutes ces lèvres. Que fait-il ici ?

         Je n'en savais rien moi-même. Lorsque j'avais reçu ce poignard sous forme d'enveloppe, je l'avais aussitôt jeté. Et puis mû par un instinct des plus bas, j'étais retourné le repêcher au milieu des poubelles de mon existence. Je crois que j'avais voulu assister au plus beau jour de sa vie, à l'expression de joie et d'amour intense qu'elle devait ressentir.

         Même si ce n'était pas avec moi.

         La voilà qui déambulait au milieu des invités, dans sa majestueuse robe blanche. Attirait-elle tous les regards ou était-ce seulement le mien ?

         Cette femme, c'était la mienne, du moins elle aurait pu l'être.

         Et si cette histoire devait connaître un fautif, c'était moi et moi seul. J'avais failli faner ce beau sourire à jamais, éteindre cette lumière, calciner ce cœur. Le remord m'accablait pour ce que j'avais fait ; j'aurais haï quiconque lui infligerait pareille douleur, c'est pourquoi je me haïssais moi-même. Autant que je l'aimais.

         J'aimais les pointes rebiquantes de ses mèches brunes, ces quelque cheveux qui tombaient devant son œil gauche et qu'elle passait son temps à repousser en vain, cette ambre profonde qui peuplait ses orbes, tous ses grains de beauté qui se cachaient sur sa peau claire.
Mais plus encore que ce corps qui se flétrirait avant que je ne m'en lasse, j'aimais la fougue qui l'animait pour des causes multiples, la force de ses convictions quand elle parlait de l'avenir, la franchise dont elle n'avait pas honte, la maladresse qui la gagnait parfois, le désir de poursuivre le bonheur et son idéal, l'orgueil qui ne parvenait à la freiner.

         J'adorais chaque part de son âme sans concession.

         Mais je n'étais pas le seul.
Il se tenait là, celui qui avait ravivé ce cœur après sa chute, lui rendant ses battements puissants et sa flamme ardente. Avec sa barbe fine, ce sourire que je pouvais que jalouser, cette assurance que je n'avais jamais su feindre. Chaque apparition de cet être en costard causait une nouvelle entaille au fond de moi.

         Il s'approcha d'elle. Effleura son bras de sa main, sa joue de ses lèvres. Et à chaque fois que leurs peaux se touchaient, c'était la mienne qui brûlait.

CHRYSALIDE ⎪ 𝘵𝘦𝘹𝘵𝘦𝘴Où les histoires vivent. Découvrez maintenant