Ainsi la mort est douce, ainsi la mort est libre.
Une pensée unique avait hanté sa course,
C'est d'arriver le premier. Et c'est en plein galop
Que son cheval, à bout de souffle, a trébuché,
Il n'a pas eu la force de tenir en selle,
Et se sont envolés les frêles étriers,
Et voilà qu'il planait, projeté par le heurt...
Sur sa douce terre sa nuque vint se rompre,
Sa terre de printemps, ô bienveillante terre,
Et des pensées, en cet instant, le visitèrent,
Seules nécessaires. Et, aussitôt passées,
Elles moururent. Et ses yeux aussi moururent :
Et le cadavre, pensif, regarde le ciel.
Comme la mort est douce et libre.
Alexandre Blok