Maudite tradition

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Pendant que je me dermerde pour m'habiller, on discute d'un tas de choses avec Claire.

On commence par Denise, comment Claire adore autant sa personne comme sa cuisine qu'elle a apparemment failli s'en mordre la langue... Puis on continue par mes parents, où je lui parle de leurs boulots respectifs, et elle m'avoue sincèrement qu'elle les adore - sans pour autant s'empêcher de se moquer de la coupe de cheveux ridicule de mon père, évidemment -, et on termine par Emmy. Claire trouve cela mignon que je lui ai déjà trouvé un petit nom hyper cool, et ça me soulage parce que je commençais à trouver ça... un peu bizarre, je l'avoue.

Je l'encourage également à parler d'elle un peu plus personnellement, et elle ne m'épargne pas grand chose sur tout ce qu'elle aime et déteste. Elle l'avait déjà fait hier soir, mais elle n'avait donné que les grandes lignes, alors que j'ai besoin d'en apprendre un peu plus sur elle si on doit cohabiter ici pendant longtemps.

Après qu'elle ait fini de nouer volontairement mes lacets, un silence profond règne dans toute la chambre. Elle se lève ensuite et espace nos corps de juste quelques centimètres en bouclant ma ceinture, et je bloque carrément ma respiration pour ne pas risquer de sentir ses cheveux quand elle baisse la tête pour surveiller les mouvements de ses mains, par peur, peut-être, de s'égarer et toucher... quelque chose qu'elle n'aurait pas dû toucher.

Par contre, je ne me bâts vraiment pas pour ne pas céder à être hypnotisé par ses pupilles pétillants qui se dilatent profondément à un nez de mon visage, lorsqu'elle relève la tête pour croiser mon regard. Ses mains traînent sur ma ceinture, nos regards croisés s'éternisent dans l'immobilité... tandis-que, machinalement, mes yeux descendent des siens toutes les deux secondes jusqu'à ses lèvres d'un rouge sec et pulpeux, pour ensuite remontrer sur ses yeux, et redescendre ensuite, puis remonter à nouveau...

Et ensuite recommencer.

Cependant, même après ce qui me semble être un million de tours, aucun de nous deux ne reçoit la réponse à laquelle on s'attend, la confirmation qu'on doute de se donner... Et, très anxieusement, je froisse fermement dans mon poing le côté gauche de mon tissus droitement repassé en priant pour que ses mains ne finissent pas par dérailler et découvrir accidentellement ce qui se passe déjà à l'intérieur de ce pantalon qu'elle semble tant peiner à ajuster sur ma taille.

Lorsqu'elle finit enfin de nouer la ceinture, elle remonte ses jolies petites menottes sur ma chemise complètement déboutonnée sur mon singlet cachant subtilement l'halètement maitrisée de ma poitrine, mais je peux enfin souffler à l'intérieur de moi-même.

Putain, éloigne-toi s'il te plait, Claire ! s'affole mon subconscient, me faisant sentir les portes de l'enfer dont parle tout le temps mon père s'ouvrir sous mes pieds...

Son regard croise à nouveau le mien quand elle se met à boutonner le premier bouton au niveau de mon bas ventre, et ma bouche part toute seule en murmurant finalement :

« Dis-moi un truc, Claire...

- Vas-y, je t'écoute, sourit-elle subtilement.

- Pourquoi t'es là ? »

À l'attente de ma question, Claire baisse le regard en souriant pendant un instant puis me refait face en répondant simplement :

« Pour les vacances. »

Merci du rappel...

« J'veux dire pour de vrai, insité-je. Qu'est-ce que tu fais vraiment ici ? »

J'y vais un peu agressivement dans mon ton plutôt réservé dans un calme intégral, mais c'est juste que je n'ai pas envie de continuer à tirer des conclusions sans aucun fond - ça m'a vraiment déjà assez fatigué comme ça !

LEFT HAND (FR) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant