J'ai un chiffre rond à présent. Je compte en tout dix morceaux complètement bâclés qui, en plus de résumer assez bien le concept de mes sujets exploités qui deviennent de plus en plus jouissifs, retracent le parcours d'une route très longue dont je jouis à chaque fois du plaisir de le regarder dans le rétroviseur.
Avec Claire, on devient un peu plus proches chaque jour et notre relation ne cesse de s'approfondir. On est coincés dans une petite routine sympa et alternée où on passe le plus claire de nos journées enfermés dans la chambre d'Emmy à bosser sur sa décoration, et il faut dire que ça commence à ressembler à quelque chose. Le stéréotype un peu exagéré du rose me laisse toujours un suspens de jugement dans la gorge, mais il donne objectivement un éclat tout à fait charmant et vivide à cette pièce, comme ce que fait toujours le sourire de Claire sur son visage, et je me réserve juste à penser que la seule chose qui importe au final, c'est qu'Emmy sache aimer le confort de ces quatre murs et s'y sentir chez elle quand elle pourra être capable de se rendre compte qu'elle existe. Ma mère a également eu du réserve - exactement comme je l'avais prévu - en regardant ce qu'on a fait de cette chambre, mais on s'est juste convenus de laisser au bébé le choix décider ce qu'elle aime sans lui imposer nos goûts. Qu'à la seconde fois que le bébé pleurera en étant dans cette Mini-Barbie Land, on changera immédiatement tout le décor.
Comme s'il y avait quelqu'un d'autre que ma mère qui risque d'en profiter à tous les coups...
Cela dit, on ne fait pas que la décoration ; on est désormais au studio tout le temps ensemble à faire du son, et je dirais que c'est l'endroit où on passe beaucoup plus de temps qu'ailleurs.
Claire aime cette pièce. Ça se voit sur son visage, ça se lit dans son expression. Elle la trouve juste un peu trop sombre, mais elle dit aussi que ça ne la dérange pas tant que ça, et c'est tant mieux pour elle ; c'est le côté qui me fait l'aimer le plus, moi. S'asseoir ici, c'est comme être spectateur d'une nuit paisible sans étoile ni bruit des grillons... comme rêver dans un profond sommeil au décor sombre sans avoir besoin de fermer les yeux...
C'est tout simplement apaisant.
Et encore plus quand ce rêve n'est plus solitaire, mais partagé. Agréablement partagé.
Quand elle joue du piano, ça me fait fondre en larves d'émotions. On dirait presque qu'elle arrive à lire dans ma tête et savoir ce que je veux exactement comme mélodie, sur quelle note raisonnant dans ma tête j'ai envie qu'elle commence et finisse une session, à quel moment j'ai envie qu'elle marque une pause et à quel moment reprendre... Elle arrive à prévenir mes attentes, à capter l'expression de mes émotions, à mettre le doigt dessus. Et cela sans autre effort qu'un regard.
Juste un regard.
Banale, pur, sincère.
Ça m'avait évidemment surpris quand elle m'avait annoncé qu'elle jouait d'un instrument de musique. Plutôt deux, en fait, parce qu'elle se débrouille plutôt bien aussi avec une guitare et, bien qu'elle ne soit franchement pas aussi douée avec des cordes qu'avec un clavier, on peut dire qu'elle s'améliore au fur et à mesure qu'elle essaie.
Un domaine dans lequel elle s'améliore encore de plus en plus, c'est en cuisine. Sans plus parler des petits four, elle en est aux vrais repas - enfin, si une omelette en est un -, et, avec l'aide de Denise, elle arrive à faire en sorte qu'elle soit plutôt... mangeable. Du moins, elle essaie. Car, durant nos repas à trois, on s'amuse constamment à critiquer son niveau culinaire qui baisse systématiquement à chaque fois qu'on la laisse faire quelque chose toute seule, mais ça me fait quand même plaisir de la voir autant persévérer et croire largement en elle-même pour poster une photo de chacun de ses plats et filmer en direct nos réactions faciales pendant ses dégustations.
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LEFT HAND (FR)
Teen FictionCelui-ci est mon tout premier... truc jamais publié. Une histoire qui risque franchement d'être ennuyante pour la plupart des gens, mais seulement ceux qui n'auront pas assez de cœur pour en déceler les émotions profondes qui m'ont personnellement p...