Réflexions d'une nuit prolongée

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Salut l'ami. Oui, c'est encore et toujours ce bon vieux Simon. Ça fait des heures que j'ai chopé une insomnie, alors je décide de te confier les dernières nouvelles. Quoique, maintenant que j'y pense, tout ce que je m'apprête à te dire se résume simplement en une phrase : je suis un enculé.

Et, oui, je sais que ça n'a rien d'un scoop.

Finalement, j'ai pu survivre à cette... longue journée familiale. Sans pétage de plomb, impolitesse, langage grossier ou grande cuite d'alcool. Juste du self-control et mon éternel charmant sourire que Claire a ravivé sur mon visage.

Tiens, en parlant d'elle, je crois que j'ai fait en sorte qu'elle me déteste - vu que, quand j'ai senti que je n'en pouvais plus de jouer au gentil petit O'Connor et supporter tout ce monde qui me dévisageait du coin de l'œil en me montrant subtilement du doigt et me cassant les tympans avec leurs abeilleries, j'ai décidé d'aller me réfugier dans ma petite batcave et, de ce fait, j'ai un peu gâché la fête et presque fait pleurer Claire en lui balançant des saloperies à la gueule juste après.

Cela dit, si j'en crois les ronflements de plus en plus intenses du couple bourré qui squatte étrangement la chambre d'Emmy juste à côté, je ne dirais pas que c'était un si grand fiasco que ça, la fête. Du moins, ça me soulage de le penser. Dans tous les cas, je sais que tout dans mon insomnie est bien moins lié à ce bruit répétitif et atroce - qui risque de me rendre dingue - qu'à ce que j'ai stupidement brisé entre Claire et moi.

Je l'aime bien, Claire. Oui, je sais que je me répète sûrement mais c'est juste parce que c'est un fait directe qui me fout la trouille quand je repense à la vitesse dans laquelle je l'ai premièrement admis et me fait tout aussi du bien vu que c'est un sentiment que j'avais presque déjà oublié.

Ce qui me fait chier, c'est que j'ai une très grande expérience avec les filles - pour mon âge - que je savais pertinemment qu'elle aussi, elle m'aimait déjà bien, et pourtant, d'après son dernier regard auquel j'ai fait face, il n'y avait pas de sentiment apparenté à autre chose qu'à du dégoût. On aurait dit cette fille-là à lunettes... Tu sais ? La rouquine que j'avais embrassée l'année dernière pour qu'elle me fasse un devoir hyper important et qui avait ensuite commencé à me suivre partout comme un petit chien et me harceler en m'appelant par des petits noms débiles avant que je ne craque et lui balance les quatre vérités en plein milieu du réfectoire où elle avait voulu s'asseoir avec moi. Elle s'appelait comment, déjà ?... Ça m'échappe, mais je sais que c'était un truc en B... Et, franchement, quand je m'en rappelle, je te jure qu'elles avaient le même regard final, et ça me terrorise de me dire que c'est désormais ainsi que Claire sera toujours amenée à me voir, elle aussi. À moins qu'elle ne craque également et déménage ?

Bien sûr, je suis navré de tout ce que je lui ait dit. Je me sens bête, nul, en pétard, nauséeux... Mais, plus franchement, il n'y a pas un seul mot que je n'ai pas pensé. Claire a besoin de comprendre certaines choses auxquelles je tiens pour garder mon équilibre intacte, mais j'ai sans doute choisi le mauvais état d'esprit pour le lui dire délicatement.

Je tiens évidemment essayer de tout arranger. Mais j'ai bien peur d'avoir gâché l'infime chance qu'on a avait de-

« Bonjour chéri ! »

La porte de ma chambre s'ouvre soudainement avant que je n'ai pu écrire le dernier mot dans mon journal et le visage de ma mère apparaît dans son entrebâillement aussitôt que je relève la tête pour me faire surprendre par les perçants rayons du soleil qui pénètrent déjà à travers les grands rideaux de mon ma baie vitrée.

« J'peux entrer ? jette-t-elle un regard circulaire dans toute la pièce quasiment sombre. »

J'en profite pour planquer mon journal sous mon oreiller derrière moi et, lorsque le regard de ma mère revient sur moi, dans mon lit où je suis assis et encore couvert à moitié, je hoche approbativement la tête et elle referme la porte derrière elle en entrant.

La première chose qu'elle fait, c'est de dégager les rideaux avant de venir s'asseoir sur mon lit, à côté de moi. La différence entre elle et Denise, c'est qu'elle, elle frappe d'abord avant d'entrer dans ma chambre. Mais, vu ce qui s'est passé hier, elle ne devait pas trop s'attendre à me trouver particulièrement ici et, puisqu'elle a été prévoyante pour commencer par un coup d'œil, tout s'excuse.

« T'as une mine affreuse, chéri, murmure-t-elle en me caressant tendrement la joue. Tu es sûr que ça va ? »

Je lui sourit en hochant la tête en signe de réponse plus décide d'ignorer son regard pas très convaincu. Je ne suis pas encore prêt à oublier le fait qu'elle m'a menti... surtout qu'il a fait partie des éléments catalyseurs dan notre dispute avec Claire, pas vrai ?

« Il est quelle heure ? cherché-je mon téléphone du regard.

- Environ 10 h, m'annonce calmement ma mère. »

Et j'arrête aussitôt les recherches pour lui refaire face. Je failli vriller dans une expression surprise, mais je me souviens que j'aime toujours prendre mon temps pour choisir mes mots dans mon journal que ça ne doit pas être impossible que j'ai pu passer la moitié de la nuit et toute la matinée sur une page. Et puis, il faut toujours ajouter à cela le fait que le temps a toujours eu... un sens d'humour bien particulier pour se foutre de ma gueule.

« Je t'ai fait tes pancakes préférés aux myrtilles... »

Eh merde ! Encore un petit déjeuner en famille...

« Et j'aimerais beaucoup qu'on les partage tous ensemble, ajoute-t-elle ; ton père et moi avons à te parler - c'est très important. »

Génial. On dirait que tous nos repas dans cette famille seront désormais porteurs d'une putain d'annonce...

« Tout le monde est déjà parti ? caché-je mon ennui mortelle.

- Depuis des heures. Ils m'ont tous demandé de te saluer, et ta tante Emily m'a fait promettre de te convaincre de penser à elle pour ton gâteau d'anniversaire - vu que ceux d'hier étaient... eh ben, disons... un peu troublants. »

Oui, je l'avais prédit. Pour l'anniversaire... ça reste à voir, mais si Claire me reparle encore un jour, je me sacrifierai volontier pour lui donner quelques cours de cuisine. Je ne suis pas un expert, mais j'ai tout de même assez observé Denise pour savoir qu'on ne fait pas une patte avec du jus de fruits...

« J'me passe un peu d'eau sur le visage et j'arrive, promets-je à ma mère. »

Elle se lève souriamment, m'embrasse sur le front en me murmurant de tacher de faire vite pour pas que ça refroidisse, et puis me laisse seul en me lançant un regard ravi avant de refermer la porte sur elle. Ouais, j'en raffole vraiment, de ces pancakes ragoûtant qui me donnent toujours presque envie de devenir gros, et je dois faire vite pour les rattraper pendant qu'ils sont encore chauds.

Je descends donc de mon lit, enfile mes pantoufles et écoute Alexa me passer ma playlist matinale - comme d'habitude - en me brossant les dents. Je sors ensuite de la salle de bain, enfile un sweat à capuche tout noir, arrange nonchalamment mes cheveux puis ferme la porte derrière moi en vidant ma chambre.

Mais je me bloque ensuite un instant devant la porte close face à la mienne et ça me fait cogiter sur beaucoup de choses, avant de descendre finalement jusqu'en bas, où il n'y a que mes parents dans la salle à manger à ma droite et Denise dans la cuisine à ma gauche. Je me demande ça sera quoi, l'annonce, pour cette fois ?

LEFT HAND (FR) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant