Si tu partais - essai de discours -

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Si l'on me demandait, un peu par hasard au détour d'une conversation, quels seraient les derniers mots que j'aimerais adresser à une personne qui m'est chère, je crois qu'il s'agirait des suivants.
Dans cette éventualité en revanche chaque phrase reste en suspens ;
Loin de moi l'idée de la provoquer tout en l'envisageant.

J'aurais narré l'amour comme j'ai narré les Hommes,
Et raconté la Mort comme je relate un somme.
J'aurais dit les couleurs comme je raconte celles
Des pétales de fleurs, bagages pour l'éternel
Voyage de soldats tombés pour la patrie.
J'évoquerais les Dieux, les guerres de religion,
Lui promettant qu'on pouvait par colère jurer à leur nom
Quand la vie, à l'oreille, murmure des infâmies.
Elle aurait su la peine, le deuil et la prison
Sans doute loin de les vivre, à titre d'information,
Mais aussi le pardon, le temps et le partage,
Qu'une existence honteuse offre sur son passage.
Elle aurait entendu les cris des gens qui crèvent et les coups de feu,
À la télévision, à la radio, par Dieu, loin de ses yeux ;
Et j'aurais terminé en disant que sans doute,
S'il y a de tels Hommes, d'autres ouvriront sa route.

Je lui en aurais raconté, en fin de compte, peut-être un peu trop sur le monde. Ou bien, pas assez, au vu de la curieuse alchimie qui fait se corréler personnes et vécu de manière relativement aléatoire. Les mots restent des mots, et même si porteurs d'espoir, ou à l'inverse, de désillusion, ils n'apporteront jamais la même force que chacun obtiendra en ressortant auréolé de gloire d'un chemin semé d'embûches ;
Alors je lui dirais qu'il lui faudrait tomber, peut-être une fois, peut-être vingt, peut-être cent
Avoir des surprises, être en proie à la déception et au faux
Pour comprendre la valeur de mes avertissements ;
Puis je la quitterais, partant loin de ces mots.

Cel.

Poèмeѕ d'ιɴѕoмɴιeѕ, 2ème éditionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant