Certitudes » PIASTRI

chapitre 3

-Bonjour, Oscar Piastri !

Il reconnaît immédiatement la voix de Nour, et quand il relève la tête de son assiette, il est surpris de la voir s’installer face à lui avec sa propre assiette et sa fourchette.

-Bonjour, Nour Aït Idir. Lando n'est pas là ? demande-t-il, et Nour hausse les épaules.

-Aucune idée, je l’ai pas cherché.

Alors là, Oscar Piastri est sur le cul. Littéralement, puisqu’il est assis sur une chaise, mais surtout façon de parler. Pourquoi viendrait-elle s’asseoir avec lui et seulement lui quand il y a autant d’autres personnes disponibles sur le paddock avec qui déjeuner ?

-Et ta maître de stage ?

Nour hausse à nouveau les épaules.

-Je crois qu’elle mange avec Daniel Ricciardo. Tu veux pas que je déj avec toi, Oscar Piastri ?

Il sourit en voyant qu’elle est plus en train de plaisanter que de vraiment se poser la question.

-J’évaluais simplement tes autres options.

Elle rit, et ça y est, son ouïe a de nouveau un sens, sa vie aussi. C’est comme la première marche du podium. Un petit tête à tête avec Nour, finalement, n’est-ce pas ce dont il a toujours rêvé ? Il s’apprête à vivre un grand moment. Il se promet d’en profiter à fond pour ne jamais oublier cet événement.

-Pas la peine.

Elle attrape sa fourchette avant de lancer :

-Oh, trop cool, toi aussi t’as pris des pâtes.

Il hoche la tête et sourit en voyant qu’elle mange effectivement la même chose. Et c’est à ce moment-là qu’il réalise qu’il va devoir manger devant elle.

Non, c’est trop humiliant. Il va devoir tant se concentrer pour avoir la bouche fermée, ne pas faire trop de bruit, et ne pas aller trop vite ni trop lentement ? Le rêve tourne au cauchemar dans la tête d’Oscar, tandis qu’en face de lui, Nour déguste son repas presque en chantonnant.

-Tu passes une bonne journée ? lui demande-t-elle, et il sourit.

-Oui. J’aime bien le media day.

-Tu es une personne tout à fait surprenante, Oscar Piastri.

-Merci, dit-il, sans être vraiment sûr que c'est un compliment, mais en voyant le visage souriant de Nour, il décide que c'en est un.

Ce soir, il va pouvoir écrire dans son journal que Nour lui a fait un compliment !

-Samedi, je viens passer la journée dans ton écurie ! s'exclame-t-elle d'un coup, et Oscar n'a aucune idée de pourquoi il rétorque :

-C'est pas mon écurie, c'est celle de Lando.

Nour plisse les yeux, la confusion inscrite sur son visage, et Oscar a envie de lui dire qu'il est dans le même état face à ses propres propos.

Oscar se fait la réflexion qu'il a vraiment les habiletés sociales d'un morceau de fromage.

-Ben…50/50, quoi. Moit-moit. Comme moi et mes origines si on arrête de remonter l'arbre généalogique à mes parents, ricane-t-elle.

Oscar fronce les sourcils, ne sachant pas comment rebondir face à cette remarque. Elle est française, il le sait parce qu'il a déjà entendu parler mille fois de comment Flo et Nour se sont rencontrés à un camp de vacances franco-britannique et ne se quittent plus depuis. Nour ne portant que deux maillots d'équipe de football différents, il ne devrait pas avoir trop de mal à comprendre la deuxième origine, pourtant, il reste bête devant le logo du maillot vert qu'elle a sur les épaules.

Il ne sait pas quel est ce pays. Non seulement il ne sait pas s'exprimer correctement devant Nour, mais maintenant, il s'apprête à se ridiculiser en s'avouant vaincu par un maillot de foot.

-Oscar Piastri, j'ai vraiment pas assez de seins pour que tu regardes cette zone aussi longtemps.

Il redresse immédiatement la tête, mort de honte, avant de réaliser qu'elle est clairement en train de se moquer de lui.

-C'est l’Algérie, annonce-t-elle, et il hoche la tête. L'Algérie. Une personne normale rebondirait probablement sur cette information pour la suite de la conversation, malheureusement, Oscar n'a pas les capacités requises.

Alors il hoche la tête et reste pantois devant son assiette dans laquelle il reste toujours une bonne partie des pâtes. Il a bien trop peur d'avoir l'air de se goinfrer devant elle. Il ne s'en remettrait jamais et serait obligé d'offrir Oscar et Oswheel à quelqu'un d'autre.

-Tu voudrais conduire une Formule 1 ? demande-t-il d'un coup, et Nour ne semble pas trouver sa question complètement loufoque, puisqu'elle réfléchit avant de dire :

-Tu as peur quand tu conduis ?

Il secoue la tête.

-Non. Je fais confiance à mes cinq sens.

Elle fait la moue.

-Je pense pas que je voudrais, alors. Je serais pétrifiée de peur.

Il hoche la tête, compréhensif, avant de reprendre des pâtes.

-Merci d'avoir posé ta question, Oscar Piastri.

-Désolé. Je suis pas doué pour les conversations. Peut-être que tu iras manger avec Lando ou ta maître de stage et Daniel la prochaine fois.

Nour secoue la tête.

-Non. Moi, j'aime bien discuter avec toi.

L'ouïe ne suffit plus à Oscar : il plonge ses yeux dans ceux de Nour pour vérifier qu'elle n'est pas en train de se moquer de lui. Les yeux marron n'indiquent que de la sincérité, et Oscar sent ses lèvres s'étirer en un sourire.

-Merci, Nour Aït Idir. Moi aussi, j'aime bien discuter avec toi.

Oscar a l'impression d'avoir révélé un de ses plus grands secrets. Nour pourrait le vendre à un journal ou en faire un tweet, il serait très gêné.

-Je viendrais déjeuner avec toi demain, alors, déclare-t-elle, et Oscar pourrait fabriquer une bague avec les pâtes restants dans son assiette pour l'offrir à Nour.

À la place, il reste calme et termine son assiette. Quand ils se séparent en se souhaitant une bonne après-midi, Oscar se sent léger comme une plume.

Il existe dans l'univers de Nour.

alors, Nour va-t-elle revenir manger avec notre Oscar ? en tout cas elle débarque chez McLaren dans le prochain chapitre !