Très bien, c'est la première fois depuis longtemps que tu mettais le pieds dehors. Tu goûtais enfin de nouveau à l'air toxique du cercle de l'orgueil et tu ne saurais dire si cela t'avais manqué ou non. Quitter ton appartement fut un soulagement et un fléau amer, tu n'avais jamais été quelqu'un de très sociable, même de ton vivant, alors au vu de la situation actuelle rien ne te fit plus peur que cet instant. Au moins, tu n'était plus piégée dans ton 30m² sans rien d'autre que des livres que tu eues déjà lu et dont les pages jaunissaient. Ton téléphone miteux et ton ordinateur te manquaient terriblement, c'était bien stupide de les jeter au lieu de les vendre, au moins tu aurais pu t'acheter de quoi les remplacer aujourd'hui. C'était impulsif et idiot, des adjectifs qui te collaient à la peau.
Tu te dirigeais vers le lieu de ton travail avec le regard baissé et un bonnet pour couvrir ton visage, assez pour que cela ne paraisse pas suspect. Tu savais au fond de toi, que ça y est, l'enfer t'avait oublié, tu étais redevenue une goutte dans l'océan, un grain de sable dans le sahara.
Il se trouvait que tu étais serveuse dans le faubourg cannibal, pour autant tu n'en fut pas une, mais ton patron payait bien et ta boussole moral eut bien changé depuis ta mort. En réalité, les pécheurs aussi sage que toi se faisaient rare, tu ne te droguais pas, tu n'étais pas alcoolique, encore moins amatrice de chair humaine. Tu ne fumais même pas le tabac! Ta présence ici ne se résumait qu'à ta malchance, voilà tout.Bien que le concept de "cannibalisme" fut effrayant, ils demeuraient les plus sympathiques âmes par ici. Ils souriaient beaucoup, étaient toujours polies, et même si ils leur arrivaient souvent de faire un gâchis à table, ils s'excusaient systématiquement. Peu de gens eurent la chance de se vanter d'être aussi épanouie dans leur travail.
Quand tu passais la porte du restaurent, Judy te saluait avec un soulagement peu dissimulé.— Je pensais que tu ne reviendrais jamais! La dame s'accoudait sur le comptoir, te jaugeant de haut en bas.
— J'ai un loyer à payer, je n'ai pas envie de retourner dans la rue!
Ce n'était un secret pour personne, la surpopulation engeandrait une avalanche de problèmes. Il fut dur de se loger et de trouver une place, peu importe dans quoi on la cherchait. Les seules opportunités se créaient après une extermination, pour peu qu'on y ait survécu. Ta solution de survie à toi fut loin d'être originale, tu t'allongeais sur le béton avec du sang, humain ou animal, les laissant supposer ta double mort. C'était en fait une technique assez courante.
Tu subsistais uniquement en te fondant dans la foule, les moutons noirs ne restaient pas bien longtemps vivants.Ta compère te fournissait les assiettes et les boissons, toi tu te chargeais de les apporter sur la terrasse. Il faisait aussi beau qu'il pouvait faire beau en enfer, c'est pour cela que certains préféraient manger sous le ciel rouge, un choix étrange si jamais quelqu'un te demandait ton avis. Cette couleur te faisait mal aux yeux et a ton sens, cette horreur était la pire chose qui pouvait régner sur la terre des damnés ; le bleu et les nuages te manquaient affreusement.
Comme prévu ta matinée fut aussi basique qu'à l'accoutumé, les mêmes clients, et même si quelques-uns te parlèrent de ton petit exploit, aucuns ne s'en preoccupaient véritablement. Comme toujours, tu avais fait une montagne d'une colline. Tout au long de la journée tu vins à regretter ton ostracisation volontaire. Une mauvaise paranoïa pour une pecheuse un peu trop alerte.
Du moins ce fut jusqu'à ce qu'un homme, difficilement descriptible par son apparence, ne se rapproche de toi. Il t'appelait par ton prénom, te demandant si il s'agissait bien de toi. Un horrible pressentiment parcouru ton dos de coton, mais tu finis par hocher la tête.— Je suis venu vous remettre ceci.
Il te tendit une boîte, une boîte qu'immediatement tu reconnues. Tu doutais que cela soit exactement la même qui eue voler par ta fenêtre il y a quelques jours, cependant, tu pouvais parier que le contenu fut identique. La personne mi requin, mi chat, t'incitait à le prendre d'un geste léger. Sur le carton blanc, une enveloppe fut posée, comme si elle t'attendait sagement.
— Non merci, dis-tu timidement.
Si ta peau était encore faites comme celles des humains, probablement tu aurais rougie jusqu'aux oreilles.
— Vous devriez l'accepter.
La tentation criait dans tes tympans. Tu fus à cours d'argent et tu devais racheter tous tes appareils électroniques. Ta dépendance te donnait envie de taper ta tête douloureusement contre un mur de briques, tout comme ta première bêtise. Puis, tu te souvins des valeurs que tu hurlais constamment, tu n'avais besoin de personne, personne ne fut digne de ta confiance. Ta si bonne situation financière et sociale tu ne la devait qu'à toi et ton labeur acharné, rien de bon ne ressortirait dans l'offre d'un être surpuissant.
— Laissez moi et retournez ceci à son destinataire, tu tentais d'être ferme, mais ta voix vacillait
Tu distinguais une lueur terrifiée dans son oeil alors qu'il comblait les quelques pas qui vous séparaient encore.
— S'il vous plait, si je reviens avec c'est moi qui aurais des problèmes. Il ne sera vraiment pas content.
Le "il" te fit sursauter, car jusqu'à présent tu étais persuadée que cela venait de la célèbre Velvet. Sans que tu ne le remarques, ton souffle restait bloqué dans tes poumons. Tu ne repris ta respiration que lorsque tu sentis la douleur dans ta cage thoracique. Les produits "VoxTek" sont l'exclusivité des Vees, ce fut de notoriété publique, toutefois, le commerce principal de Velvet et Valentino fut la "Love Potion" tout comme "VoxTek" appartenait finalement au seigneur suprême du même nom. Cela prenait et perdait son sens.
Tu fixais le pauvre énergumène qui s'impatientait de ta réponse, les yeux suppliant et l'expression lourde. Tu saisis le paquet, les doigts tremblants, ne pouvant supporter d'être responsable de sa peur. L'altruisme et l'empathie, quant à eux, ne se dévoilaient jamais sous la forme d'un cadeau.
La chose te remerciait silencieusement, s'éloignant comme un fantôme sur le point de defaillir. En ce qui te concernais, tu examinais tes mains qui comportaient désormais la boite et l'enveloppe. Tu pinçais tes lèvres, hésitante, lâchant la lettre dans la bouche d'égout juste en dessous. Ce geste parut machinale car tu savais ce que tu devais faire, voici la seule certitude qui te guidait.
Tu rentrais à l'intérieur du bâtiment, posant le téléphone maudit sur le bar en direction de Judy.— J'en ai déjà un, te dit-elle comme si tu étais stupide.
— Trouve quelqu'un qui n'en a pas alors.
La ville du pentagramme est grande, assez grande pour passer inaperçu, du moins c'est ce que tu te dis en traversant le quartier des affaires. C'est ici que se plaçait le siège de l'entreprise des Vees, mais c'est aussi par là que tu devais passer pour rentrer chez toi, un énième hasard en ta défaveur. Tu avais prévu à l'origine de sortir ce soir avec Gabi, toutefois, tu eus revu tes plans au vu des événements de la journée. Ta veste a capuche te cachait intégralement, "au diable la normalité", tu eus clamé devant le miroir de la salle de repos.
Tu restais sur tes gardes, épiant de gauche à droite comme si l'univers entier desirait ta chute. Tu étais bien loin du compte.Un écho soudain retentit dans la rue, et en redressant la tête, ton coeur tressaillit entre tes os, ton sang s'arraitant momentanément de l'alimenter. Sur les écrans géants des hauts bâtiments, sur les télévions immenses qui dominaient le toit des gratte-ciels, la vidéo de tes cauchemars fut diffusée sans interruption. Tu te pétrifiais, béate, immobile, absorbée par la séquence qui se réitérait comme une boucle sans fin. C'était un jeu cruel, il appuyait sur les bonnes touches pour contrôler tes émotions à sa guise.
D'une façon ou d'une autre, il eut compris l'appréhension que tu ressentais vis a vis de ta récente notoriété. Tu n'étais pas armée pour affronter ce combat. Il te lâchait gaiement dans l'arène aux lions où lui même en portait la fourrure.Tu contemplais, les larmes aux bords des cils, la punition qu'on t'infligeait telle une enfant ingrate. Pourquoi une entité si puissante prenait tant de plaisir à tourmenter un être aussi insignifiant que toi? Cela te depassait.
VOUS LISEZ
{Vox X Reader} La Séquence Héroïque
Fiksi PenggemarTu pensais que la malchance s'était lassée de toi. Après tout, cela faisait des années qu'elle ne t'avait pas salué. Mais ta fidèle amie voulait que tu te souviennes d'elle à jamais, marquant ton histoire en lui donnant une visibilité inattendue.