Le massacre

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Dans les temps anciens, la magie de la foudre était utilisée par des héros protecteurs. Malheureusement, ce temps est révolu. Ce dont est celui de la pire tyranne de l'histoire

Sous les grands arcanes de l'ancien temple en bois, une immense foule s'était rassemblée. Des individus en colère, furieux ou désespérés. Certains avaient l'âme révolutionnaire, d'autres celle de royalistes. L'animosité ambiante était palpable. Si tous n'avaient pas confiance en un seul homme, la violence aurait pris le dessus. Les royalistes ne supportaient pas ses idées de révoltes. Comment oser accuser la famille royale, élue par les dieux, de commettre des crimes si abjects ? Était-il possible que le brave roi Louis participe à un génocide ? Aux yeux des révolutionnaires, c'était l'évidence même. Il était surprenant de constater la grande quantité de noble parmi les révolutionnaires, ainsi que de paysans parmi les royalistes. Ils ne pouvaient pas se résoudre à ignorer les crimes commis par l'armée. Parmi la foule, très peu n'avaient pas la main sur leurs fourreaux. Si leur lame aiguisée n'était pas encore couverte de sang, c'était uniquement grâce à un seul homme.

Il n'affichait pas la richesse d'un noble, bien que sa fortune dépasse celle des puissants. Sa musculature saillante avait été érodée par l'âge. Jean-Charles était tout de même un homme imposant, d'une soixantaine d'années. La vieillesse avait tassé son dos, mais restait un homme d'environ 2 mètres 40. Sa tunique de coton noir pourrait être confondue avec celle d'un pâtre sans les armoiries de sa famille. Un phénix cousu de fil d'or. Même si quelques mèches rebelles résistaient à l'âge, la vieillesse avait dévoré les cheveux écarlates du noble chevalier. Jean-Charles n'avait nul besoin de combattre, mais il transportait avec lui son épée, symbole de pouvoir. Son visage carré, sublimé par son regard autoritaire, ne laissait aucune place au doute. Jean-Charles n'eut nul besoin de hausser le ton ou d'appeler au calme. Sa voix grave suffit à exiger le silence. On aurait cru qu'interrompre son discours était un blasphème. D'un ton autoritaire, il annonça de funestes nouvelles.

- Vous me connaissiez sûrement sous plusieurs noms, chevalier au phénix. Général des chevaliers de l'aube, et j'en passe. Aujourd'hui, je ne m'adresse pas à vous comme serviteur de la famille royale. L'écœurement a noyé mon cœur. Sans l'insistance de ma famille, je n'oserais même pas afficher mes armoiries. Le roi Louis n'est autre qu'une personne abjecte qui commet des crimes irréparables. Si son père était le plus intelligent des hommes, son fils était le pire des mésels. L'esclavage est bien réel. Je me suis personnellement infiltré dans les camps d'« intégration » pour les immigrés elfes. Ce sont seulement des camps de barbares et de félons. Mes oreilles ont été souillées par des propos sur des races inférieures. Même aux confins les plus reculés du monde, ce « racisme » n'a jamais été pratiqué que par les mages noirs. Je sais qu'il est difficile d'y croire, et la loyauté a longtemps voilé mon regard. Je me dois de l'admettre. Je me suis fourvoyé et déshonoré au service du roi. À mes yeux, je ne mérite plus le droit d'être qualifié de noble, et je salis la noblesse par ma seule existence. Alors, je n'ai pas osé intervenir par respect pour le roi, et j'ai eu tort.

Le silence avait englouti la salle. La poussière du vieux temple apparaissait plus animée que la foule. Pendant un long moment, personne n'osa prendre la parole. Voir le héros de la nation salir ainsi la famille royale en avait déstabilisé plus d'un. Même si ce fut une victoire pour les révolutionnaires, le choc était intense. Ce n'est qu'après plusieurs minutes qu'un noble eut le courage de répondre. Le vicomte avait mis ses plus belles parures. Alors, il était impossible de le confondre avec un citoyen du bas peuple. Son statut se lisait jusque dans sa démarche et sa droiture. Il n'avait pas été marqué par la rudesse du champ de bataille. Malgré tout, il ne réussit pas à garder un langage peu soutenu pour être compris par tous.

- Messire Jean-Charles. Vous êtes le héros de la nation. Nul ne se serait vos propos en cause. Votre simple parole pourrait faire preuve au tribunal. Cependant, je ne puis croire de telles accusations sur le roi sans aucune preuve. Vous êtes la personne la plus droite, honnête et intègre du pays, je l'admets, mais nous parlons du roi. La prophétie annonce l'arrivée d'une grande destructrice guidée par une âme sombre qui régnera sur le monde humain par la force. Accusez-vous Sa Majesté d'être cette « âme sombre », dont on ne sait rien ? Si vous avez des preuves tangibles, je me battrai. Autrement, je vous ferai emprisonner à vie. Votre simple témoignage ne vaut rien face au roi !!

Gardien du crépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant