Le calme qui précède la tempête

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Jadis, l'abîme blessa le dieu du soleil. Son sang si pur donna vie à des êtres animaux exceptionnels.

Pas même le plus émérite des peintres n'aurait pu capturer l'éclat de cette scène. Si un humain pouvait voler dans les cieux, il pourrait voir les majestueux chevaux Percheron filer dans le vent. Aussi blanc que la neige, aussi pur que le cristal, nul n'aurait pu les suivre. Quand un cheval ordinaire faisait un pas, ils en faisaient dix. L'eau boueuse sur leurs chemins était purifiée par leur pureté. La beauté de la nature ne serait jamais être égalée. Leurs cavaliers, robustes et habiles, ne se laissent point emporter par la vitesse. Certains maniaient la bride d'une main de maître, d'autres se cramponnaient pour survivre. Tous étaient distancés par la course effrénée d'Alaric. Au cavalier qui en était digne, la vraie nature de ses êtres fut dévoilée. Une corne légendaire ornait leurs fronts. Ainsi, les personnes dont le cœur était assez pur rattrapaient l'élu divin Alaric.

Erouan était sur l'un de ses chevaux. Blessé dans son orgueil, il put dévoiler leurs réelles natures. Sa course se trainait en arrière-garde. Lui qui pensait pouvoir affronter un noble fut écrasé par son aura. Dans sa tête, les souvenirs d'Oriol se mélangeaient avec la puissance écrasante d'Eileen. Pouvait-on réellement se rebeller contre la reine légitime si elle nous écrase avec son aura ? Comment le souverain d'un autre royaume pourrait juger cette entité ? C'est juste qu'au fond de lui, il l'avait reconnue comme une reine. Désespéré, il n'entendit pas le cavalier venir à son niveau.

C'était un homme à la peau plus foncée que celle de Peran Gwenn. Comme d'autres, il était vêtu d'un gambison, pourtant, ses couleurs n'étaient pas ternes. Sa tenue resplendissait comme le soleil. L'homme était particulièrement costaud, bien plus qu'Erouan. Malgré sa musculature imposante, il chevauchait comme un cavalier chevronné. Son ton était dur, ses yeux foncés et sa mâchoire carrée. Dans son dos trônait une magnifique montante. Cette arme imposante était parfaitement mise en valeur par sa carrure impressionnante. De plus, l'énergie naturelle circulait librement entre le métal. Un cheval ordinaire aurait peine à déplacer un homme si imposant. D'une voie ferme, il s'adressa à l'ancien paysan.

- Merci beaucoup. Tu as été exceptionnel. J'allais le laisser brûler les provisions par peur de la noblesse. Tu as été incroyable.

Surpris, le jeune homme manqua de trébucher de son cheval. Heureusement, il sut garder son sang-froid. Vu la vitesse de ces divines créatures, la moindre chute pourrait se révéler fatale.

- Merci, mais j'ai l'impression d'être un peu nul. Ainsi, je me suis fait écraser sans opposer la moindre résistance. Au fond, j'ignore si on peut se rebeller contre un noble. Par ailleurs, il est impossible de tenir debout sans leurs accords. Alors, j'imagine que si c'était à refaire sans Erell, je le referais, puis je mourrais.

- C'est vrai, répondit l'homme. Peu d'entre nous ont réussi à résister. Pourtant, c'est possible. Certaines personnes naissent favorisées, quand d'autres non. Personne n'est égal dans la vie. C'est un fait douloureux à accepter, mais bien réel. Cependant, nous avons le courage de se dresser contre l'humaine la plus puissante du royaume. Avons-nous réellement une chance sans aide ? Non, néanmoins, nous le ferons. Ce qui est admirable chez toi, c'est que tu as eu la force de faire face. Apprends à accepter tes défauts, mais également tes qualités.

- Tu me rappelles un ami, merci. Au fond, peut-être que nous ne pourrons pas surpasser les nobles, en revanche...

- C'est faux !!

Le cri d'une femme manqua de désarçonner Erouan. Cette fois, ce fut son nouvel ami qui le sauva. Valentine était apparue juste à côté de lui. Cependant, personne ne l'avait vu.

- Je ne suis pas d'accord avec vous, deux bandes de pleutres. Sachez que Peran Gwenn était le rival de mon père. Mais, il ne possède pas de titre de noblesse. Son mana est incapable d'écraser une armée, au mieux une petite fourmi handicapée, c'est un fait. Lorsque la force de l'âge n'avait pas encore érodé ses forces, Peran Gwenn n'a jamais perdu un duel. Cependant, il n'a jamais gagné contre mon père. Les deux hommes n'auraient jamais pu désigner un vainqueur. Alors oui, aucun être humain n'a jamais pu égaler un membre émérite de la lignée Fulguris en duel sans magie noire. Depuis le grand cataclysme, ils sont des êtres invincibles aux pouvoirs quasiment divins. Cependant, même le pouvoir d'un dieu pourra s'opposer à la justice divine. Le souverain du royaume mettra un terme aux actes belliqueux et peut-être est-il temps de les éliminer de leurs pouvoirs. J'admire réellement ta bravoure exceptionnelle face aux marquis, mais ton comportement actuel me dégoute. Reprenez-vous ou je vous botte personnellement le cul !

Gardien du crépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant