Gardien du crépuscule

Tu ne verras plus l'aube se lever

— HOLLEN Erouan, voici mon pouvoir. As-tu déjà lu des histoires où le protagoniste gagne de façon illogique ? On dirait simplement que le scénario le protège, même quand il aurait dû perdre. Dans mon monde, je deviens la protagoniste de l'univers. Ainsi, je n'ai presque aucune chance de connaître la défaite. En d'autres termes, je peux influencer la causalité grâce à mon charisme. Aucun être vivant sur Terre, dans les cieux, dans l'espace, dans les eaux ou dans les souterrains, comme les nains, ne peut me vaincre, car perdre est leur destin.

Privé de lumière, le jeune gardien n'avait pas encore cédé au désespoir. Survivre, ce n'était pas la priorité. Peu importe sa vie, tant qu'il pouvait éliminer cette chose. Alors, il s'ancra au sol et prit son épée à deux mains. Dans un élan de courage, il dirigea son prana vers ses oreilles. Soudain, un bruit strident déchira ses tympans. La Dea rigolait directement dans son crâne. Ainsi, il abandonna l'idée de l'entendre. Soudain, un choc brutal pulvérisa son corps. Erouan voyait une douce lumière, la mort l'appelait. Pourtant, La Dea désapprouva. D'une main cadavérique, elle broya la lumière. Erouan put se relever, sans rien comprendre.

— Ton expérience de mort imminente t'a plu ? Je te l'ai dit, petite chose soumise. Je ne vais pas te tuer, mais te briser jusqu'à te faire perdre la raison. Tu vas devenir ma chose dans les ténèbres. Ensuite, je vais te faire découvrir le vrai sens du mot souffrance. Penses-tu qu'Eileen soit la pire chose sous terre ? Laisse-moi rire. Agenouille-toi et vénère-moi !

Erouan ploya un premier genou au sol, mais pas le second. Une force en lui trouva la puissance de se redresser. L'énergie divine qui circulait dans son corps n'avait pas dit son dernier mot. Alors, il put enfin ressentir la présence de La Dea. Ce fut faible, pourtant suffisant. D'un puissant coup d'épée, il décapita cette sorcière. Un second coup vertical sépara son corps en deux. Mais, cela n'eut pas le moindre effet. Les quatre morceaux de la chose s'étaient recollés, sans le moindre effort. L'énergie solaire n'avait même pas brûlé son corps.

— Inutile, inutile, INUTILE, petite chose soumise. Fracasse-toi violemment contre un arbre et meurt, puis ressuscite et masse-moi les pieds. Après, prête-moi allégeance.

— Ton pouvoir a une faiblesse. La Dea, l'espoir. Je peux résister à ton charisme macabre. Qu'est-ce que ça fait d'échouer à corrompre un simple paysan alors qu'on peut manipuler le destin ? Tu n'es pas aussi forte qu'il n'y paraît. Ton pouvoir a forcément des limites, sinon, tu aurais déjà gagné. Tu regretteras de ne pas m'avoir tué.

Erouan fut projeté en arrière. Lorsqu'il reprit conscience, la voûte plantaire glaciale de La Dea était entre ses doigts. Soudain, elle lui écrasa le crâne au sol. Lorsque Erouan reprit conscience, son visage baigné dans son propre cerveau. Dégouté, il saisit son épée et se redressa. Il ne pouvait pas ressentir le prana de cette chose, alors il se concentra sur l'absence de prana. Ainsi, il constata sa vraie nature. La chose n'était qu'un squelette de femme, la Dea n'était qu'une apparence morbide.

J'ai compris son secret. La chose que j'ai tranchée n'était qu'une illusion. Par conséquent, je dois apprendre à trancher sa vraie forme si je veux gagner. Non, la chose peut manipuler mon destin pour se protéger. Une attaque en traître, je dois tout miser là-dessus. Peu importe la puissance, tant que mon énergie l'atteint. Bon, je crois que j'ai une idée. Il n'y a qu'une seule chose qui échappe à son monde.

— Dis-moi, HOLLEN Erouan, l'amour, c'est la compréhension mutuelle ? Dans un combat, on cherche mutuellement à se comprendre pour se détruire. Combattre est-il une forme d'amour ? Apprenons-nous à nous aimer, comme deux amants aux bords d'une plage ? De toute façon, ce n'est pas un combat, mais ta séance de torture. Par ailleurs, tu as osé résister à ma tentation et même proposer l'idée de devenir homosexuel. Jamais, je ne pourrais tolérer une telle injure.