Chapitre 9: Rejet

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Journal de bord. 3 mars Salle de thérapie numéro 7, 11h42.

Je l'ai embrassé.

Pourquoi j'ai fait ça ?

Après mon baiser, Izuku est resté statique, avant de me repousser les larmes aux yeux et de partir de la pièce avec l'infirmière. Il n'a rien dit mais son geste en dit long.

Trois mois de thérapie foutus en l'air...

Fais chier.

Je commence à avoir mal à la poitrine.

Est-ce le rejet de sa part ou ces sentiments qui ont eu raison de moi qui me font tant souffrir... ?

Je ne comprends plus rien.

Je me retrouve à laisser couler mes larmes dû à cette douleur, à cette détresse que mon coeur hurle. Je dois retourner en consultation mais des vertiges me viennent.

Dortoirs, 13h07.

Je me réveille en sursaut.

Je ne sais pas si c'est la chaleur de la pièce, mais les gouttes de sueurs avaient trempé ma blouse que j'avais gardé sur moi. J'ai mal aux yeux et ma bouche ressemble à un oasis desséché. Je m'assis difficilement sur le bord du lit passant mes mains sur mon visage marqué par une fatigue inexpliquée.

Non, elle a une cause. C'est ce foutu cauchemar.

Un mauvais rêve qui m'a ramené au temps du collège, avec un Izuku qui n'était pas encore atteint de ce trouble mais qui affichait de la peur, de la crainte.

Je me suis revu, plus jeune, le surplomber et le tabasser en compagnie de mes anciens amis avec qui j'ai coupé les ponts. Izuku suppliait en boule d'arrêter et pourtant le moi d'avant continuait, le rire mauvais, à l'insulter, l'humilier. Les rires s'amplifient, ses sanglots aussi. Mais surtout une phrase que j'ai regretté les mois qui avaient suivis.

" Tu n'as qu'à te jeter du toit pour tenter d'obtenir une meilleure vie."

Par la suite, j'ai été emporté vers un autre endroit, devant un Izuku victime des premiers signes de sa maladie, et sa mère essayant de le calmer. Et aussi avec sa paranoïa naissante dans une chambre saccagée par ses soins, entre le lit défait et des pages de livres arrachées mais surtout des photos de nous enfants déchirées en deux avec violence. Il était essoufflé, la respiration saccadée frôlant le manque d'air dans ses poumons, les yeux rouges laissant apparaître des cernes d'insomnie quotidienne.

Mon cœur frappe violemment dans ma cage thoracique, jusqu'à entendre les battements au creux de mes tympans.

Et lorsqu'il arrive à relever la tête, il saute sur moi et me frappe. Les coups pleuvent aussi violemment que ce que je lui ai fait subir, n'épargnant aucun recoin de mon visage, ainsi que mon estomac, mes hanches, il me fait traîner au sol en donnant des coups de pieds, me brisant les jambes. Je n'ai pas réussi à bouger pour me sortir de là. Comme si mon corps me disait que je le méritais. Il me retourne, me mettant à plat ventre voyant sortir des ailes blanches.

Et avec toute sa folie, il commence à arracher les plumes avec acharnement me punissant de ne pas accéder au paradis le jour ma mort. Mon dos ensanglanté tâche ce qu'il reste de mes ailes, symbole de mon envie de me repentir auprès de lui.

Après cela il serre mon cou avec ses mains, les larmes aux yeux, prononçant ces quelques mots le visage ensanglanté et mal soigné par des bandages et pansements imbibés de son sang.

"C'est de ta faute si je suis comme ça... de ta faute si ma mère n'est plus là... "

Puis le noir complet.

J'ai mal. A un tel point que je suis parti vers la salle d'eau pour rendre tripes et boyaux à cause de mes mauvaises actions d'antan. Les larmes continuent leur route vers le sol. Je me relève et mets ma tête dans les bras en me demandant comment a-t-il pu supporter cette foutue paranoïa durant toutes ces années.

Est-ce sa haine envers moi qui a retenu toute cette douleur en lui ?

Ou bien attend-t-il que je souffre à mon tour pour s'en soigner ?

Si je dois vivre avec pour qu'il sorte de cet enfer alors soit, je le ferai. Il a carte blanche pour m'arracher ce cœur dont je n'ai plus aucune utilité dorénavant.

Pour son bien. 

Journal d'un psychiatre amoureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant