"Hypersensibilité. Hyperempathie. Surdouance. Haut potentiel. Zèbre. Enfant, adulte atypique, enfant, adulte précoce. Des mots dans lesquels on peut se perdre indéfiniment. Ces termes sont parfois connus, parfois non. Trop souvent, hélas. Sait-on tout ce qui se cache derrière ces mots, derrière ces personnes qui se sentent en décalage, même à l'âge adulte ?
Pour ma part, j'ai toujours su que je suis hypersensible. Aujourd'hui, j'utilise principalement ce mot pour définir, et expliquer ma différence. Jusqu'à mes dix-sept ans, pour moi ce trait de caractère n'avait aucune consistance, aucune signification. C'était comme dire : « je suis une élève », ou « je suis une fille », sans prendre conscience de la profondeur de cette particularité, de son impact. C'était comme dire : « j'aime le fromage ».
C'était juste un mot, comme ça, pour expliquer à l'école pourquoi je me montrais si émotive et à fleur de peau. En général ça suffisait. Les élèves, les professeurs ne se posaient pas de questions. « Ah, tu es très sensible ! D'accord ». Et on me laissait tranquille. Quand j'ai retrouvé mes notes de CP, à l'endroit des remarques, le maître avait écrit « élève toujours très sensible », comme si c'était une tare, comme si c'était « élève toujours très malade ». Comme si c'était pas normal. Comme si je devais m'en défaire.
Eh bien, NON. Je refuse de me défaire de ma différence. Ce n'est pas ma faute si les professionnels ne sont pas sensibilisés à ces personnalités atypiques. Ce n'est pas ma faute si l'école ne nous est pas adaptée. Je n'ai aucun compte à rendre. "
Ces mots, vous pouvez bien essayer de chercher d'où ils proviennent, vous ne trouverez rien. Parce que c'est moi qui les ai écrits. Ces réflexions, que j'ai appelées "Cheminement et apprentissages", je ne les ai jamais divulguées.
On continue ? Allez.
"A l'échelle de la France, on compterait 2 à 10% de personnes avec une précocité intellectuelle. J'aurais pu dire « atteintes de précocité intellectuelle ». Mais ce n'est pas une maladie. Ce n'est pas une tare. Ce n'est pas quelque chose à soigner. Tout comme ce n'est, en aucun cas, un facteur de supériorité sur les autres, ou de prestige que seuls les plus chanceux ont. C'est pourquoi je préfère, et de loin, dire « avec », parce que la précocité fait partie intégrante du caractère des personnes qui ont cette particularité."
[...]
"C'est ainsi que tous ces termes, toutes ces désignations convergeraient, selon mes recherches, vers un point commun : le haut potentiel.
Pourquoi parle-t-on de haut potentiel ? Parce que les connexions neuronales, quand on est hypersensible ou surdoué (voire les deux), sont plus nombreuses, plus rapides, et plus intenses. L'activité cérébrale est décuplée. On parle aussi d'immense créativité. Elaine Aron en donne toute la mesure en affirmant que c'est comme si, au lieu d'avoir 5 doigts à une main, nous en avions 50. Nous percevons chaque nuance du monde qui nous entoure.
Par exemple, une personne à la sensibilité commune rentre dans une pièce. Elle va peut-être noter la décoration, les personnes qui sont présentes. Une personne avec une très grande sensibilité va noter l'ambiance de la pièce, l'humeur des personnes, les couleurs, la poussière, les odeurs, la température, les bruits, la lumière. De plus, elle peut noter mot pour mot chaque conversation, sans avoir à faire aucun effort. En effet, elle est capable de se concentrer très facilement, et très fortement."
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Rodolphe : C'est un sacré ramassis de concepts ! J'y comprends que dalle ! Hyperesthésie, hyper-sensitivité, hypersensibilité émotionnelle, certains l'associent au HPI... bref, c'est la foire à la saucisse !
Jusqu'à mon adolescence, je n'ai jamais vraiment prêté attention à la manière dont on me définissait. Mais lorsque la mécanique des grands questionnements s'est enclenchée, je me suis définie par une particularité : l'hypersensibilité. Et je l'ai pensée comme un trait de caractère, une partie intégrante de ma personnalité, si ce n'est toute ma personnalité. Le livre d'Elaine Aron, "Hypersensibles, mieux se comprendre pour mieux s'accepter", est devenu ma bible. En fait, je me rappelle que je m'y suis tellement retrouvée, que j'avais ressenti un soulagement intense. Je n'acceptais tellement pas ce que j'étais, mes manières de réagir, de penser, que ce livre était devenu comme une sorte de confident.
Et tout y est passé. Surtout le je me sens foncièrement différente.