Inséparables

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La lapoloréane est venue les chercher après le déjeuner. Sur le retour, les amants s'endorment, épuisés par l'absence de repos cette nuit. Un sourire tendre est dessiné sur leurs lèvres. Ils ont beaucoup appris sur eux en peu de temps, et il y a sûrement d'autres choses encore à découvrir, à peaufiner. Blottis ensemble, ils profitent du temps qu'il leur reste.

Quitter le chalet leur a pincé le cœur. Ils y laissent beaucoup de souvenirs. Al à réussi à réparer les dégâts de la maison, ainsi que la prothèse de Cathy, avec beaucoup de force mentale et de temps pour remodeler la réalité. Plus confiant en lui, soutenu par sa compagne, il a puisé en lui cette énergie nouvelle pour remodeler la réalité... à quelques détails près : personne ne remarquera que des meubles n'ont pas exactement la même forme, ni que le néon dans la cave a changé de couleur, pas vrai ?

Sa magie ne le domine plus : elle est désormais une partie intrinsèque de lui, coulant dans ses veines sans barrière, et ils savent comment la contrôler ensemble lorsqu'elle déborde. Il est capable de bien des choses, et Cathy a hâte de le voir s'épanouir davantage.

Quand le véhicule arrive à Vitrouble et s'arrête devant l'immeuble de Cathy, les amoureux ont le cœur serré. Al l'aide à sortir la valise, puis il croise son regard... Elle voit la tristesse le rendre fébrile. Il veut dire quelque chose, la retenir, mais n'y parvient pas.

— Al, on se retrouve bientôt, tu vas survivre ? taquine-t-elle, alors qu'elle aussi est à deux doigts de s'effondrer.

Il hoche la tête, tend la main pour caresser ses cheveux... et l'enlace. Ils restent ainsi longtemps sur le parking, sous le regard de passants qui sont bien plus intimidés par les lapins sous stéroïdes attachés à un char futuriste. Cathy respire son odeur pour s'en imprégner, tandis que Al profite de sa chaleur.

Avant de le quitter, elle pose une main délicate sur sa joue. Elle doit partir, une coupure s'impose, car elle a besoin de réfléchir à quelque chose.

₍⑅ᐢ..ᐢ₎

Alors que le char file à travers la ville, faisant fi des conventions routières, Al essaie de se reprendre. Dès que Cathy a disparu de son champ de vision, il a ressentit un immense vide. Il ne pleure pas, mais son cœur est noué comme une pelote de laine après qu'un chat a joué avec.

La Lapoloréane entre dans le sous-sol de Corporate par la piste du parking extérieur. Il sort de la capsule, détache les lapins, les remercie d'une caresse chacun, et prend une grande inspiration : il est à la maison et le ressent dans chacune de ses cellules. 

Une silhouette se découpe à l'entrée de la pièce.

— Tu as 10 minutes et 3,45 secondes de retard, sermonne Gehlal en tapant du pied.

Al sourit en coin et sort ses affaires.

— Bonjour Gehlal. Tout s'est bien passé, résume-t-il au scientifique.

— Vraiment ? Gehlal lève les yeux au ciel. Comment puis-je le savoir, puisque tu n'avais pas ton téléphone avec toi ?

Al reste penaud au milieu de la salle avec sa valise.

— J'ai compris que Daniel l'a réquisitionné, il observe Al qui se déconfit. Oh pitié ne me prends pas pour un imbécile : tu sais très bien que je trace ton smartphone : la géolocalisation t'a trahie, il s'avance vers Al l'air renfrogné. Sans parler du fait qu'il a pris un malin plaisir à me raccrocher au nez après d'interminables tentatives de te joindre, avant que je découvre l'entourloupe ! Et si ça s'était mal passé, hein ?

— Cathy avait le sien, elle... captait très bien. Et il y avait un téléphone dans la maison.

Gehlal lui montre l'écran de la tablette qu'il tient dans la main : un étalage de chiffres et de graphiques que Al balaie du regard.

🔞 Two Birds [Urban Romantasy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant