🔞 Two Birds [Urban Romantasy]

Prendre l'initiative *

Après avoir réparé la prothèse, Cathy n'a pas envie de la chausser aussitôt. Elle accuse encore une douleur à son genou due à une contusion, au niveau de l'emboiture. Elle qui veut repartir en randonnée, caresser des ours et parler aux abeilles, la voilà fort déçue.

Mais elle voit le bon côté des choses : c'est l'excuse parfaite pour larver sur le canapé en compagnie de Al. Cathy est assise, lui est allongée sur le côté, les pieds dans le vide, la tête posée sur une cuisse de son aimée. Elle glisse entre ses doigts la chevelure douce et pourrait presque entendre Al ronronner. Il adore ça et ne boude pas son plaisir de se faire cajoler le cuir comme un gros chat.

Cathy pensait qu'elle n'était pas du genre à apprécier passer autant de temps collée à quelqu'un. Avec ses précédents partenaires, elle aimait garder de la distance, même avec Ethan quand tout allait bien encore. Auprès de Al, elle réalise que c'est différent. Au contraire, ses absences lui pèsent. Malgré sa carrure immense, son charisme radiant, et qu'il soit souvent près d'elle, jamais il ne prend trop de place.

Passer plus de 48 heures non-stop avec lui s'avère beaucoup plus agréable qu'elle le pensait. 

« Est-ce que ce sera toujours comme ça ? »

Étrangement, elle a la sensation que se disputer avec Al se révélerait être de l'exploit : il l'écoute, respecte ses choix, et quand il n'est pas d'accord il cherche systématiquement un compromis. Cathy, quant à elle, a trop souffert des querelles pour que son égo ait envie de reproduire l'expérience. Elle imaginait qu'avec les difficultés de Al, à exprimer ce qu'il ressent, la communication leur ferait défaut... c'est tout l'inverse qui en sort.

Avant sa rencontre avec Al, Cathy était attirée par des hommes très sûrs d'eux. Elle pensait que, pour ne pas s'ennuyer, un partenaire se devait d'être audacieux, dominant, sans se rendre compte de l'ascendant psychologique qu'il pouvait prendre. «Rien ne vaut un bad boy dans son lit, pas vrai ? », « On s'emmerde avec les mecs doux », « C'est plus excitant de se faire dominer par un beau gosse qui sait mieux que vous ce dont vous avez envie, non ? ».

«Quelles conneries », se dit-elle en y repensant.

— Comment va ton genou ? demande Al.

Elle sort de ses réflexions et réalise que l'épisode est terminé. La paume de Al est posée délicatement sur sa contusion.

— J'aurais juste un gros bleu, ne t'inquiète pas.

Il hoche la tête et lui propose de prendre l'air en marchant autour de la maison. C'est volontiers qu'elle valide l'idée. Al se redresse, va chercher l'appareil et revient.

— Je... peux te chausser ? demande-t-il avec la crainte de la vexer.

Elle accepte, il se met à genoux.

— Oh, j'ai de la pommade pour ton bleu, dit-il en tremblant un peu.

Il enduit le bout de ses doigts du liquide translucide qu'il étale ensuite sur la contusion. Cathy frémit, à la fois surprise par le contact glacé de la crème et la petite douleur qui l'a picoté. En voyant sa réaction, Al s'applique davantage à être doux dans son massage. Ses paumes réchauffent son articulation.

— Ça me fait beaucoup de bien, dit-elle pour le rassurer.

Évidemment que ça leur rappelle des souvenirs. Ils ne se disent rien. Elle profite de ses caresses précises, lui de la peau sous ses doigts. Dans l'esprit de Al, des images reviennent, ça lui donne envie de se confier :

— Ce jour-là, tu étais si touchée par mon cadeau que ça m'a..., il cherche des mots qui peuvent exprimer les courbes vaporeuses dans sa tête, rendu incroyablement heureux. Je me suis vautré dans un fauteuil comme si..., il humidifie ses lèvres, comme si j'avais fait l'amour avec toi, sans l'avoir fait.