Vie

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- honneur - Voyage - Expérience - Revoir – Gastronomie – valise -

Apolline s'approcha de la valise d'un pas résolu. Elle brûlait d'envie de découvrir quels mystères se dissimulaient à l'intérieur. Car forcément, il s'agirait de quelque secret. S'il s'était agi de conserver des souvenirs de voyages, sa grand-mère ne se serait pas donné la peine de dissimuler le bagage, n'est-ce pas ? Grande amatrice de gastronomie internationale, Mamie Aline n'avait d'ailleurs jamais cherché à cacher qu'elle avait tenu, tout au long de sa vie, un carnet de critique gastronomique qui n'avait rien à envier au Gault & Millau.

Apolline s'accroupit et posa ses mains sur les lanières de cuir. Pourtant, au moment de défaire les boucles, elle entendit du bruit. Une femme la héla. C'était la cheffe de l'équipe de déménageurs. Apolline se redressa vivement.

« J'arrive ! » lança-t-elle en saisissant la poignée de la valise.

Elle tenta alors de soulever l'antique objet, qui s'avéra plus lourd que prévu. Apolline banda ses muscles et recommença sa tentative. Cette fois, la malle décolla du sol de quelques centimètres. La jeune femme fit péniblement quelques pas. Elle était tout juste parvenu à quitter le grenier-débarras lorsque la déménageuse fit son entrée dans le coin opposée de la pièce.

« Un coup de main ? » proposa la femme gentiment.
« Ben, je crois que ça va être nécessaire » répondit Apolline, un peu gênée.
La déménageuse s'avança alors et se saisit de la poignée de la valise. Elle souleva l'objet avec une facilité presque déconcertante.
« J'ai des années de pratiques et d'expérience » fit-elle remarquer avec un doux sourire.
« Oui, c'est vrai ! mon honneur est sauf ! » s'amusa Apolline.

Ensemble, les deux femmes descendirent l'escalier.
« Alors, qu'est-ce qu'on en fait ? » demanda la déménageuse une fois arrivée au rez-de-chaussée.
« Je la garde ! » s'écria Apolline avec une vivacité et un enthousiasme qui fit sourire son vis-à-vis.
« Je la dépose dans le coffre de votre voiture, alors »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Une minute plus tard, la valise se retrouvait dans la petite citadine d'Apolline.

Et la maison se retrouvait définitivement vide.

Avec un pincement au cœur, Apolline apposa sa signature sur les documents que la déménageuse lui tendait. Elle jeta un regard à la maison, tandis qu'elle récupérait les clefs. Elle habitait trop loin. C'est l'agence immobilière qui se chargerait des visites et de la vente.

« Au revoir » murmura-t-elle, la voix nouée, consciente qu'elle s'apprêtait, une fois encore à tourner une page qu'elle n'était pas tout à fait prête à tourner. Des larmes perlèrent à ses paupières. Elle se détourna. Ses yeux se posèrent alors sur l'énorme valise qui tenait à peine dans son coffre.
Un sourire étira ses lèvres.
« Et comment je vais te sortir de là, toi ? » lança-t-elle à l'objet et, durant un très court instant, elle crut entendre un rire, gai, léger et teinté d'une pointe de défi.


La valise d'AliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant