Intuition

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- Pause - Briser - Résistance - Intuition - Lassitude - Situation - Routine - Pourquoi –


La situation, il fallait l'avouer, était plutôt cocasse. Après avoir passé un petit quart d'heure à se battre avec la valise et réussir, enfin ! à la sortir du coffre de sa voiture, Apolline avait commencé à remonter la rue en direction de son appartement. Ce qui n'était pas une mince affaire avec ce bagage étrangement lourd. Résolument pourtant, Apolline soulevait la valise, effectuait quelques pas puis reposait la valise quelques secondes avant de renouveler l'opération, encore et encore en une sorte de routine spontanée. Mais pourquoi diable avait-il fallut que la seule place disponible sur le parking fût également celle la plus éloignée de sa porte d'entrée ?

Alors qu'elle faisait une énième pause, Apolline sentit la lassitude la gagner. Des doutes commencèrent à s'insinuer dans son esprit. Et soudain, une question émergea et vint frapper sa conscience : pour quelle raison n'avait-elle pas ouvert la valise là-bas ? Personne ne lui en aurait fait le reproche !

Une intuition. Elle avait eu une intuition. La belle affaire !

« Ou alors, tu prends des vessies pour des lanternes et tes désirs pour une réalité »

« Pardon !? » fit une voix, juste à côté d'elle.

Elle se redressa et croisa le regard d'un homme qui la regardait étrangement. Évidemment, c'était lorsqu'il était en train de croiser son chemin qu'elle s'était mise à se parler à elle-même... à voix haute.

« Non, rien, pardon » s'excusa-t-elle.

« Ok » l'homme s'accorda une petite pause, afin de reprendre contenance et reprit : « je peux vous aider ? »

Surprise, Apolline bafouilla un truc qui voulait ressembler à une phrase expliquant qu'elle était presque arrivée et qu'elle allait s'en sortir. Mais ce qui franchit ses lèvres était nettement moins clair et encore moins compréhensible.

« J'ai pris le risque de traverser la rue, pour cela » expliqua l'inconnu en souriant.

Et cette petite touche d'humour réussi à briser la glace.

« Je veux bien, un peu d'aide » reconnu Apolline avant d'ajouter en rougissant : « je suis désolée, je suis un cliché sur patte ».

Courtois, l'inconnu ne répondit pas à cette remarque. Il s'avança, saisit la poignée de la valise et... échoua lamentablement à soulever le bagage.

« Mais c'est qu'elle fait de la résistance ! » s'exclama-t-il avec humour. « Au fait, moi, c'est Léo » glissa l'homme, l'air de rien, avant de faire une nouvelle tentative infructueuse.

« Et vous venez d'où comme ça ? » questionna-t-il.

Apolline désigna d'un geste sa voiture, situé à une petite centaine de mètre. Léo opina de la tête avec une moue appréciatrice.

« Si on s'y met à deux, on a peut-être une chance... » suggéra Apolline.

Léo approuva.

« Ah ben, voilà, on progresse »

La voix de sa grand-mère avait retenti avec tant de clarté qu'Apolline avait manqué de se retourner.


La valise d'AliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant