- Quête - Chat - musique - Rencontre(s) - Gage(s) – Rose -
La rencontre, Apolline le comprit rapidement, n'était pas aussi fortuite qu'il y paraissait. Le charmant Léo avait en effet assez rapidement avoué qu'il surveillait ses allées et venues depuis déjà quelques jours. Ce qui, il l'avait reconnu également, avait un côté quelque peu flippant.
« J'ai bien fait de renoncer à l'idée de vous offrir une rose en gage de mes intentions honorables, alors »
Une nouvelle fois, le jeune homme avait opté pour l'humour. Mais le sourire, quelque peu crispé, dissimulait mal son malaise.
Apolline tendit un verre d'eau à son vis-à-vis. Et, en silence, elle sirota une gorgée d'eau de son propre verre. Le jeune homme qui se tenait devant elle ne correspondait pas vraiment au profil qu'elle avait l'habitude de considérer comme son type d'homme. Il était à peine plus grand qu'elle. Il avait les yeux sombres et les traits de son visage dénonçaient une origine asiatique quelconque. Et Apolline, qui ne s'était jusqu'alors jamais intéressée qu'au grands blonds aux yeux bleus, se surprenait à trouver Léo plutôt craquant.
« En effet, vous avez bien fait », confirma-t-elle dans un sourire qu'elle espérait rassurant.
Léo opina doucement du chef, mais ne trouva manifestement rien d'autre à ajouter. Le silence commençait à peser entre eux et la glace si habilement brisée un peu plus tôt se reformait doucement. Allait-il vraiment en être ainsi ? Allaient-ils simplement et poliment se dire « merci pour le coup de main » ; « au revoir » et revenir à leurs vies chacun de leur côté ?
Curieusement, Apolline ne voulait pas de cela. Elle déglutit et laissa son regard errer autours d'elle, comme en quête d'une réponse, d'une solution, d'une idée. Ses yeux se posèrent alors sur la valise qui trônait désormais au milieu du salon. C'est là que, quelques minutes plus tôt, les deux jeunes gens l'avaient abandonné et où, manifestement, on était en train de l'oublier.
« Son chat et la musique » murmura-t-elle, soudain.
Intrigué, Léo leva un sourcil interrogateur.
« Qu'est-ce que... » commença-t-il avant de s'interrompre.
Apolline releva les yeux sur lui. Sur le visage du jeune homme deux sentiments contraire se disputaient. Il était très visiblement partagé entre l'envie d'en savoir plus et le refus de se montrer discourtois.
Léo ouvrit la bouche. Elle décida de lui couper l'herbe sous le pied.
« Ma grand-mère m'a avoué un jour qu'elle n'avait eu qu'un seul grand et véritable amour : celui de la musique et qu'elle n'avait fait réellement confiance qu'à un seul mâle : son chat »
Les yeux soudain pétillants de curiosité, Léo attendit la suite.
« Je me demande, continua alors Apolline, si cette valise contient de quoi la faire mentir. »
« Mentir ! en voilà un bien grand mot ! » la voix d'Alice paraissait outrée.
Apolline réprima un frisson et repoussa les questions que cette voix, venue d'outre-tombe, générait en elle. Résoudre le mystère de ses origines n'était pas la priorité du moment.
« Vous m'avez aidé à la porter jusqu'ici, déclara-t-elle. Que diriez-vous de découvrir avec moi, ce qu'elle contient ? »
La proposition réalisa Apolline a contre-temps pouvait paraître aussi abrupte qu'étrange. Et flippante aussi. La jeune femme ouvrit la bouche. Il fallait qu'elle écarte tout malentendu au sujet de ses intentions. Mais que pouvait-elle dire, au juste ? Qu'elle cherchait juste un prétexte pour le retenir, alors qu'elle ne le connaissait même pas ?
« J'ai toujours adoré les mystères » déclara alors Léo.
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La valise d'Alice
RomanceCe récit est né d'un défi littéraire. L'idée était, au départ d'écrire un texte court à partir d'un thème précis. Il s'agissait d'imaginer "un personnage qui vient d'hériter de la vieille maison de sa grand-mère. La maison a été vidée, les meubles...