6. La forêt aux murmures

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Justine hésita. Se tenant à bonne distance de Bang Chan, elle regarda sa main tendue.

- Nous n'avons pas toute la journée. Ils viennent de se rendre compte que la grille a été ouverte. Ils arrivent.

Il était nonchalant, comme si il était ennuyé d'être ici. Des bruits de pas retentirent. Thomas arriva accompagné de Mingyu et d'autre personnes dont Justine ne connaissait pas l'identité. Elle se retourna vers Bang Chan qui haussa un sourcil.

- Je ne veux pas retourner au royaume des Ténèbres avec toi.

- Pourquoi ? C'est mieux que d'être enfermée ici non ? Avec tous leur secrets...

- Tu ne sais pas s'ils me cachent des secrets.

- Même pas au sujet de Seung Min ?

Justine ouvrit la bouche pour répondre mais aucuns sons n'en sortit.

- Justine ! Cria Thomas. Ne l'approche pas !

Que faire ? 

- Arrêtez-les ! Ordonna Thomas.

Justine avança et saisit la main de Bang Chan. Le monde se mit à tourner et elle ferma les yeux. C'était comme faire une chute libre et du sur place en même temps. Elle saisit la main de Bang Chan plus fort, par peur de tomber. Elle sentit ses doigts s'entrelacer aux siens. Ce contact la perturba et elle se libéra de cette caresse d'un geste brusque.

Justine fut alors projetée sur le sol, violemment. Le souffle coupée, elle ouvrit les yeux. Elle vit des feuilles. voir était un grand mot, étant donné qu'il faisait très sombre. Elle se redressa, et se rendit compte qu'elle se trouvait dans une forêt. Les troncs montaient si haut et les arbres si feuillus qu'aucuns rayons du soleil ne pouvait passer. 

Faiblement éclairé, elle se releva, posant une main sur sa hanche. Elle avait terriblement mal. Grimaçante, elle fit quelques pas. Un véritable labyrinthe, voilà où elle était. Chaque arbre était identique à son voisin, et il n'y avait pas de chemins. Un horrible grognement raisonna et Justine faillit trébucher. Est-ce que Bang Chan l'avait abandonner à son sort pour qu'elle se fasse dévorer ici ?

Le grognement se fit plus intense et bientôt, Justine vit des ronces au loin bouger. Elle se mit bêtement à courir pour échapper à son prédateur. La bête avait dû la voir, car elle entendit quelque chose la poursuivre dans son dos. Elle sentit la chose bondir et elle hurla de terreur, sentant la mort arrivée. La bête s'écrasa sur elle, et elle continua à hurler, terrifiée. 

La bête ne l'attaqua pas pour autant, c'était comme si elle s'était évanouie en bondissant sur sa proie.

- Arrête donc de crier comme ça, tu vas ameuter les autres. 

Justine se calma. Une voix humaine ! Elle sentit quelqu'un tirer sur la bête et elle put se dégager pour se redresser. Une fille, vêtue d'un poncho et d'un pantalon vert avec des petites sandales mauve se tenait devant elle. Elle avait un grand chapeau qui cachait son visage et un arc armés de flèches. Elle retira son chapeau.

Justine laissa échapper un soupir de surprise.

- Clémence...Dit-elle dans un murmure.

Elle voulut se jeter dans ses bras mais quelque chose l'en empêcha : l'expression sévère qu'elle affichait. 

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Demanda-t-elle.

- Qu'est-ce que toi, tu fais ici ? Demanda Justine en retour. 

Il y eut de nouveau un grognement lointain. Clémence tendit sa main et aida Justine à se relever avec une force étonnante. Elle se sentit analyser l'espace d'un court instant avant que Clémence ne se mette en chemin à travers ronces, épines et autres plantes. Justine se mit à la suivre, ne sachant quoi faire d'autre. Pendant un long moment, elles marchèrent à travers la forêt, sa sauveuse se repérant si facilement qu'elle devait sans aucuns doutes connaître les lieux précisément. 

Alors qu'elle allait se mettre à poser une séries de question à son amie, Justine poussa un hurlement lorsqu'une flèche vint se planter à ses pieds.

- Plus un geste. ordonna Clémence, une main invitant la blonde à rester derrière. 

- Qui t'accompagne, enfant de la nuit ? Demanda une voix qui provenait de beaucoup plus haut, probablement d'un arbre. 

- Une amie. Répondit Clémence d'un ton froid.

- Les Quitari n'ont pas d'amis. Qui est-ce ?

Les deux filent purent entendre la corde d'un arc être tendue. Cette fois-ci, la flèche atteindrait sa cible.

- Elle vient de l'autre monde, comme moi. 

Il y eut un long moment de silence, durant lequel Justine n'osait plus respirer. Puis, quelqu'un se posa soudainement à côté d'elle. Justine sursauta. Sa peau était blanche, s'expliquant par l'absence de soleil dans la forêt, et ses yeux d'un noir profond. Elle posa un regard mi amusé, mi horrifié sur la paire d'escarpins tachée de boue et sur la robe crème de Justine avant de se tourner vers Clémence. 

- Tu en es sûre ? 

- Certaine, je la connaissait...là-bas.

- Bon très bien, mais elle devra passer devant Hyacinthe.

- Evidemment.

Justine vit l'inconnue traversée un rideau de lierre. Elle attendit que Clémence face un mouvement, mais cette dernière se retourna pour poser un regard interloqué sur son amie.

- Ici, je ne m'appelle pas Clémence mais Calathéa. 

- Compris. Répondu Justine.

Et elles traversèrent le lierre. Au-delà, c'était une presque ville qui se trouvait. Dans des arbres moins grands que ceux qu'elle avait déjà vue, Justine découvrit des maisons, toute reliées par des pontons en bois sur lesquels elle ne voulait pas posé un pieds. Des femmes et des hommes en robes discutaient joyeusement, s'échangeaient des objets ou des vivres, s'entrainaient à tirer à l'arc ou au combat à la lance. Après avoir réalisé que Clémence était déjà loin, elle fit quelques pas rapides pour l'a rattraper. 

Elles montèrent dans un ascenseur de fortune qui fut tirer pas deux hommes bien bâti et sortirent sur le pallier. Trop haut pour Justine, elle dissimula son vertige pour ne pas paraître idiote. Elles entrèrent dans une grande maison.

A l'intérieur, plusieurs sièges en mousse pouvaient recevoir un certains nombres de personnes. Sur une estrade, presque dissimulé par une volute d'encens, une vielle femme fumait une longue pipe en bois.

Clémence et l'autre femme s'inclinèrent respectueusement, laissant Justine béate. La vielle femme se pencha à travers l'écran de fumée pour poser un œil scrutateur sur elle.

- Laissez-nous. Cingla-t-elle. 

Clémence et l'autre femme quittèrent la cabane, laissant Justine sous le regard inquisiteur de la marâtre. Elle lui offrit un sourire carnassier.

- Ma chère enfant, bienvenue à Rrak'Tika. 


PRISM : Δ [BANGCHAN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant