Chapitre 16 - T'avais qu'une chose à faire, une seule chose, te la fermer !

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Ils restèrent les bouches collées quelques secondes avant que Castiel ne la repousse d'un geste de main. Je n'arrivais pas à déchiffrer son expression. De la surprise ? De la confusion ? De la tristesse ? Il se frottait nerveusement le visage avant de se diriger vers le lycée, je me collais furtivement au coin du mur, espérant qu'il ne m'aperçoive pas. Ce dernier ouvrait alors la porte d'un geste vif, ses sourcils étaient froncés et sa mâchoire serrée. Il continuait son chemin d'une démarche rapide avant de s'arrêter subitement. Le calme plat, je retenais ma respiration, me faisant des plus discrètes possibles. Mon pouls était de plus en plus irrégulier, il ne fallait pas qu'il me voie me répétais-je sans cesse. C'est alors qu'il plaquait violemment son poing contre un casier, le choc me fit sursauter. Il se figeait, immobile dans cette position avant de poursuivre sa route vers le sous-sol.
Je soufflais de soulagement, quand la porte s'ouvrit à nouveau sur cette Debrah. Je plaquais instinctivement ma main sur ma bouche, m'empêchant d'émettre un quelconque son. Elle se dirigeait vers les toilettes en fredonnant un petit air joyeux. Il valait mieux que je m'en aille avant qu'elle ne me tombe dessus. Je partais à mon tour vers le sous-sol en ramassant au passage le médiator. Arrivée devant la porte, je pouvais entendre des échos de voix, des rires, ils semblaient y avoir du monde à l'intérieur. Je poussais timidement la porte alors qu'une odeur de cigarette pénétrait mes narines, un petit escalier sombre descendait dans une sorte de grand grenier. Ils étaient tous là, assis sur des vieux sofas déchirés, des bouteilles de bières entamées posées un peu partout sur le sol. Si jamais un professeur ou pire, la directrice nous tombait dessus... Ils y avaient des jeunes que je n'avais jamais vus au lycée, tatoués et percés de partout, qui rigolaient avec Lysandre. Et enfin Castiel, il était assis, ou plutôt affalé dans un canapé avec une mine renfrogné.

-Ah ! Te voilà ! Lança Rosalya dans ma direction.

Tous les regards se tournaient vers moi, je sentais la chaleur me monter aux joues.

-Viens t'asseoir avec nous ! Ajouta-t-elle.

Tête baissée, je m'approchais des canapés et m'asseyais à la seule place de libre, à côté d'un garçon à l'allure de "bad boy", des tatouages recouvrant tous ses bras. Ce dernier me tendait alors une bière.

-Euh... je ne bois pas. Soufflais-je.
-Allez, une bière va pas te tuer ! Sourit-il.
-Non, vraiment...
-Allez, je te l'ouvre même !
Fit-il en la décapsulant d'une seule main.

Je la prenais avec hésitation, avant de la porter à ma bouche et prendre une petite gorgée.

-Alors ? Lança-t-il, guettant ma réaction.

Je grimaçais, comment ils pouvaient boire un truc pareil ?

-Trop mignonne ! Rit-il. Eh faut se lâcher dans la vie ! T'as quel âge ?
-Dix-sept ans...
-En plus ! La vingtaine va vite arriver, amuse-toi ma petite !


J'échappais un sourire forcé avant de reposer la bouteille au sol et m'enfoncer dans le sofa.

Une bonne heure était passée, en face de moi, je voyais Castiel enchaîner les bières et cigarettes, le blanc de ses yeux ayant viré au rouge, il n'avait pas parlé de la soirée et en vue de son expression, il ne valait mieux pas venir l'embêter. La porte s'ouvrait alors soudainement, puis un bruit de talons claquant dans les escaliers, tout le monde se stoppaient net, craignant qui ils allaient trouver en bas des marches. Un surveillant ? La directrice ?

-Quel accueil ! S'élança une voix féminine.
-Debrah ? Qu'est-ce que tu fais là ? S'écria Kentin, surpris par la présence de la jeune femme.
-Je viens voir mes anciens et bientôt futurs camarades. Fit-elle avec un clin d'oeil.

Ils avaient tous l'air choqués par cette révélation. Futurs camarades ? Allait-elle intégrer le lycée ? Je posais de nouveau mon regard sur Castiel, ce dernier avait les poings serrés et semblait se contenir.

-Tu vas revenir ? Lui demanda Armin.
-La semaine prochaine ! J'ai hâte ! Rétorqua-t-elle, un immense sourire aux lèvres.

Alors elle allait intégrer la classe la semaine prochaine ? J'avais un mauvais pressentiment, Rosalya ne m'avait pas fait d'éloges à propos de cette fille et en vue des réactions de mes camarades, ils n'étaient guère enchantés par sa venue. C'est alors qu'elle posait son regard sur moi, je relevais timidement la tête vers elle.

-Oh ! Mais je manque à tous mes devoirs ! Lança-t-elle en s'approchant de moi avant de me tendre une main. Moi c'est Debrah, et toi ? Finit-elle, tout sourire.
-Je... Je suis Lolita. Répondis-je en lui prenant la main avec hésitation.

Je sentais le regard pesant des autres sur nous, jetant un coup d'œil derrière Debrah, je tombais sur les yeux gris perçant de Castiel, ce dernier affichait une expression dure et froide.

-Tu es nouvelle ici ?
-Oui.
-Cool ! J'ai hâte de faire ta connaissance !
S'exclama-t-elle sur ton qui sonnait faux.

C'est alors que la porte s'ouvrit avec fracas, suivit de Kim qui accourait vers nous, essoufflée et paniquée.

-Eh ! La directrice se dirige vers le lycée ! S'écria-t-elle d'une traite.

Subitement, une grande agitation se créait autour de moi, je me relevais en un sursaut. Ils se précipitaient tous, cachant les cadavres de bière et mégots sous les sofas. Si la directrice tombait sur ça, c'était le renvoi assuré. Puis, ils se ruaient tous vers la sortie, courant aussi vite qu'ils pouvaient. Je regardais la scène, tétanisée, mon corps refusait d'effectuer le moindre mouvement. Castiel fut le dernier à s'élancer vers la porte, mais il s'arrêtait net en se tournant vers moi.

-Bouge ! Railla-t-il.

Je sursautais, effrayée. Je voulais courir, mais mes membres étaient crispés, je tremblais. Il émit un grognement avant de m'attraper le poignet et me tirer vers la sortie. Je me laissais emporter dans les escaliers qui montaient au deuxième étage. On s'engouffrait dans les couloirs sombres du lycée, le souffle coupé pour finalement s'arrêter dans un coin où je me laissais tomber au sol, essoufflée, alors qu'il s'accroupissait à mes côtés, guettant le couloir.

Arrêtez ! Je ne suis pas folle ! Non...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant