Chapitre 29 - Dis-lui adieu car plus jamais tu ne le reverras !

2.7K 138 158
                                    

  Le vent glacial qui me heurtait le visage me tirait les larmes des yeux. J'essayais tant bien que mal d'éviter les petites branches et buissons qui surplombaient le sol, emportée par la poigne de Castiel tandis que l'adrénaline me prenait tout le corps. Derrière, les jappements du chien se rapprochaient à une vitesse folle. Ma gorge me brûlait, j'avais le souffle coupé, courant à en perdre haleine. J'étais secoué dans tous les sens, tentant de suivre la cadence de Castiel qui enchaînait foulées après foulées, sa main emprisonnant mon poignet avec force. Je n'osais pas me retourner, terrorisée à l'idée de croisé le regard enragé du molosse qui nous poursuivait. 



Je pouvais sentir les battements de mon cœur cogner lourdement contre ma poitrine. L'angoisse s'emparait de moi, j'avais l'impression de courir pour ma vie. Les violentes réprimandes du vieil homme me parvenaient jusqu'aux oreilles et c'est avec effroi que je me rendais compte qu'elles n'étaient plus si loin. La sortie de la forêt s'approchait. Je pouvais voir au loin le grillage que nous avions grimpé pour nous introduire dans cette propriété. Je jetais des coups d'œils furtifs vers mon ami, qui lui avait le visage crispé, regardant sans cesse derrière nous. Nous arrivions dans le grand jardin devant la maison. Ma gorge était sèche, je ne sentais plus mon visage, je ne sentais plus rien. Une douleur atroce me tiraillait les poumons, j'étais à bout de souffle. Je manquais de tomber à plusieurs reprises, mais Castiel était toujours là pour me retenir, pour me pousser à continuer, me disant que nous y étions presque. 



Un énième coup de fusil se fit entendre, me lâchant un sursaut. Je repensais alors à la remarque de Castiel dites un peu plus tôt dans la soirée, « Un vieux sénile qui, si ça peut te rassurer, n'aura plus la force de nous courir après s'il nous voit ici ! ». Quelle ironie. J'allais peut-être me faire chopper, j'allais peut-être me prendre un coup, et pourtant, c'est un rire qui s'échappait de ma bouche. L'adrénaline était telle que c'est l'euphorie qui maintenant s'emparait de moi. Je jouais avec le feu, je me mettais en danger, et pourtant, je ne m'étais jamais sentie aussi vivante qu'à l'instant présent.
Mon rire cristallin atteignait finalement Castiel, qui, dans sa course, osait un regard vers moi. Je pouvais distinguer ses sourcils qui se fronçaient légèrement. Mais c'est un sourire amusé qui naquit finalement au coin de ses lèvres, jusqu'à ce que le doux son de son rire ne me parvienne aux oreilles. 



Nos souffles étaient coupés par nos rires qui s'élançaient dans cette ambiance beaucoup trop tendue de cette nuit. Je tournais la tête d'un geste vif, croisant l'ombre du vieil homme qui sortait à son tour de la forêt, fusil en main et un air renfrogné au visage. C'est en voyant le grillage à moins d'un mètre de moi que je me suis dit que c'était bon, on était sauvé. Je m'agrippais à ce dernier, passant mes doigts entre les mailles. Des mains m'empoignèrent fermement la taille pour me pousser vers le haut tandis que j'apercevais le chien s'approcher dangereusement de nous. J'enjambais la clôture avec hâte jusqu'à ce que je sente mes pieds toucher à nouveau le sol. Mon cœur fit un bond en voyant la bête s'attaquer au grillage où Castiel s'élançait à son tour. Mon sang ne fit qu'un tour. J'imaginais déjà ce dernier se faire mordre le mollet. Des insultes fusèrent de la bouche du jeune homme alors qu'il me rejoignait de l'autre côté avec agilité.
Je n'avais pas le temps de réagir qu'il m'agrippait déjà par le bras pour m'emmener plus loin où sa moto avait été laissée. La voix du chasseur n'était alors plus qu'un infime écho mélangé aux aboiements.



Je me laissais tomber dans l'herbe fraîche, les forces me quittant. Mes poumons semblaient se déchirer à l'intérieur de moi alors que j'essayais de reprendre mon souffle. Le regard fiévreux viré sur le ciel noir, je sentais soudainement une masse s'affaisser à mes côtés. Très vite suivi d'un léger poids se posant au creux de mon épaule. Un doux parfum vint me chatouiller les narines. Son parfum. Je tournais lentement la tête, tombant nez à nez avec une chevelure flamboyante, une chevelure masquant à moitié un regard grisé et amusé. Son souffle irrégulier venait s'écraser au creux de mon cou, m'échappant quelques frissons. Son sourire quant à lui en disait long. Il était joueur, taquin et tout à fait charmant. Je ne put m'empêcher de laisser éclater un rire en le voyant si arrogant après ce qu'il venait de se passer. Je relâchais toute cette tension accumulée, m'esclaffant doucement en levant les yeux au ciel. 

Arrêtez ! Je ne suis pas folle ! Non...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant