Chapitre 23 - Ne me laisse pas seule... J'ai peur. J'ai tellement peur.

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Maman, est-ce que tu vois ça ? Maman, est-ce que tu y crois ? Est-ce que tu te souviens ? Tu te souviens de ce jour, à l'aube de mes quatorze ans, tu étais venue me voir dans ma chambre où je m'étais réfugiée, effrayée, juste après t'avoir vu jeter l'un de tes vases préférés au sol avec une telle rage en disant que tu ne voulais tuer personne. J'avais pris peur, peur de ma propre mère, une fois de plus. Tu t'étais approchée de moi, avec ton regard fatigué, triste, et tes cheveux en bataille. Mais malgré ça, je te trouvais toujours aussi belle. Ce jour-là, une fois de plus, je ne comprenais rien à ce qu'il se passait, mais ce jour-là, pour toi, tout était clair dans ta tête n'est-ce pas ? C'était la fin. Tu t'es allongée à mes côtés, passant une main dans mes cheveux, tes yeux me demandaient de te pardonner. Tu avais laissée planer quelques minutes de silence avant de me faire entendre ta douce voix. Et tu me disais à quel point tu étais fière de moi, à quel point tu m'aimais. Tu n'avais pas l'habitude de me dire ce genre de chose, alors je t'avais regardée bizarrement, puis le plus simplement possible, je t'ai dit que je t'aimais aussi. Tu as alors souri, ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu sourire comme ça, tellement longtemps que ça m'avait fait chaud au cœur et toutes les craintes que j'avais eues envers toi avaient disparu. Et c'est là que tu m'as dit qu'un jour, je trouverais une personne qui saura prendre soin de moi comme tu le faisais, une personne qui me regardera avec autant d'amour que celui qui se reflétait dans tes prunelles bleues. Une personne bienveillante et protectrice qui saura faire attention à moi comme tu le faisais quand j'étais petite. Tu me disais que je ne le remarquerais pas tout de suite, mais qu'inconsciemment, cette personne me rendrait heureuse.
Alors, est-ce que c'est de ça dont tu parlais Maman ? Ce sentiment de sécurité, cette aura bienveillante et protectrice. Cette douce main dans mes cheveux, cette chaleur sur mes lèvres. Je ne sais pas. Je suis heureuse. Je crois. Alors pourquoi des larmes coulent sur mes joues rougies ? Pourquoi ce baiser empestant l'alcool me paraît si faux ? J'aimerais que tu sois là pour me dire que je me trompe. Pour me dire que je pouvais y croire, même si je doute qu'une personne comme moi ait le droit au bonheur. J'aimerais y croire.
Ses prunelles grises se glissaient dans les miennes alors que son visage s'éloignait de moi. Sa main dans mes cheveux n'avait pas bougée, laissant planer un silence déconcertant.
Je le regardais, la gorge serrée, ne sachant que faire. Je ne saurais décrire ce qui se reflétait dans ses yeux. C'était trouble, indéchiffrable. Est-ce qu'il regrettait ? Est-ce qu'il avait fait ça sous le coup de l'émotion ? Ou peut-être pensait-il qu'en faisant ça, je lui dirais toute la vérité ? Je ne savais pas, mais ces pensées me provoquaient un pincement au cœur...

-Lolita !

J'échappais un sursaut alors que la main de Castiel se retirait vivement, prise au dépourvu. Je voyais alors derrière lui une Rosalya essoufflée, arriver en courant. Elle s'arrêtait à notre hauteur avant de nous observer, un par un. Je détournais le regard, embarrassée, alors que lui, fronçait les sourcils, apparemment perturbé par sa présence.

-Tout va bien ? Je t'ai vu partir en courant, je me suis inquiétée ! Je suis tellement désolée ! J'ai été égoïste, j'aurais pas dû te laisser venir ici ! Lança-t-elle, prise de remords.
-Je... Non, ce n'est rien... Soufflais-je en la regardant.
-Je ferais mieux de te ramener à la maison. Ajouta-t-elle, ignorant ma remarque.

Elle me prit par le poignet, me tirant vers elle, mais je fus stoppée par une main masculine m'agrippant le second poignet.

-Laisse Rosalya, je vais la ramener. Fit Castiel, ses yeux vides fixant le sol.

Je le regardais, surprise, alors que mon amie me relâchait, me laissant entre les mains de ce dernier.

-Hum... Bon, d'accord. Répondit-elle, tout aussi surprise. Fais attention à elle, s'il te plaît...

Il ne répondit pas et m'embarqua dans sa marche sous le regard inquiet de cette dernière. Lâchant ma main au bout de quelques secondes.

...

Arrêtez ! Je ne suis pas folle ! Non...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant