Je me réveillai en pleine nuit. Lorsque j'allumai mon téléphone, je vis qu'il était quatre heures du matin.
Avec un soupire discret, je m'assis sur mon lit. Raphaël dormait dans le lit d'à côté. Pour sa sécurité, un moniteur cardiaque avait été relié à lui pendant la nuit. Le BIP régulier avait quelque chose d'apaisant, comme le son de la vie.
Je réalisai que j'avais la gorge sèche. En essayant de faire le moins de bruits possible, je me levai de mon lit et traversai la chambre pour aller dans la petite salle de bain. Je décidai de laisser la porte entrouverte, je voulais entendre le son de la vie.
- Bon sang... soufflai-je à voix basse. Je vais devenir folle...
Avec un nouveau soupir, je m'appuyai sur le lavabo pour m'observer dans le miroir. Pendant une fraction de seconde, il me sembla voire la fille que Raphaël aimait. Une fille avec un visage doux et mince, de grands yeux gris lumineux et un air légèrement nostalgique.
- Ce n'est pas moi... murmurai-je. Je ne ressemble pas à ça moi...
Lorsque je regardai de nouveau dans le miroir, la vrai moi était revenu. Pâle, maigre, le crâne rasé et avec des cernes sous les yeux.
- Voilà, crachai-je avec un mépris évident pour mon propre reflet. C'est bien mieux comme ça.
Je saisi le gobelet en plastique bleu sur le bord de l'évier et le remplie d'eau à ras bord. Je bu le tout d'un trait et le rempli de nouveau. Je m'apprêtait à le porter à mes lèvres lorsqu'un bruit m'interrompit.
Le son de la vie avait changé.
Je pu entendre les BIP du moniteur cardiaque accélérer soudainement, pris de frénésie. Même sans être infirmière, je savais très bien ce qui était en train de se passer. La suite me sembla se dérouler au ralentis.
- RAPHAËL !!! Hurlai-je.
Je lâcha mon gobelet qui tomba sur le sol avec un bruit sourd, l'eau se répandant sur le carrelage de la salle de bain. Je poussa la porte de la chambre si fort que le mur trembla lorsqu'elle le percuta.
- RAPHAËL ! cria-je de nouveau.
Je me précipitai vers lui. Son air calme était trompeur. Le moniteur était en train de s'affoler complètement. Les larmes brouillaient ma vue. J'écrasa le bouton d'alerte de mon doigt. Une fois, deux fois, trois fois... Comme si ça allait faire venir les médecins plus vite.
- Raph... pleurai-je. Reste avec moi... je t'en pris... ne me fais pas ça... pas maintenant...
Je sentit des mains se poser sur mes épaules avec douceur. Des médecins entraient dans la chambre à toute vitesse.
- Naama ? fis une voix dans mon dos. Naama ? Tu m'entend ?
Je me retournai, mes yeux hagards se posant sur Laure, une autre infirmière qui était souvent de service de nuit.
- Raphaël... soufflai-je simplement. Raphaël...
- Tout va bien ma chérie... me consola Laure. Les médecins sont là... respire...
Je regardai vers le lit où était prostré mon âme soeur. Les médecins, certains que je connaissaient et d'autre qui m'était inconnus, s'affairaient autour du lit. Je ne pouvais pas voir ce qu'il faisait, je ne les entendait même pas. Mon esprits était comme... plongé dans un brouillard de douleur et de peine.
- Il ne va pas mourir... soufflai-je. Il ne peut pas... je refuse de le perdre...
Laure me serra un peu plus fort dans ses bras. Sa blouse sentait le produit de nettoyage et le désinfectant. Ce n'était pas l'odeur que j'avais envie de respirer.
- Tout va bien se passer, me fit-elle. Calme toi...
Du coin de l'oeil, je vis les médecins débloquer les roulettes du lits de Raphaël et commencer à le pousser vers la couloir.
- NON ! m'exclamai-je. JE VEUX RESTER AVEC LUI !
Je voulais me lever, les arrêter où m'allonger aux côtés de Raphaël mais je ne pouvait pas rester ici. Je sentit les bras de Laure me retenir.
- Tu ne peut pas y aller, me dit elle. Pas tout de suite.
- Je dois aller avec lui ! m'exclamai-je. Vous ne pouvez pas comprendre ! Laissez moi le rejoindre !
- Non, Naama, je ne peux pas, me raisonna l'infirmière. Tu dois laisser faire les médecins...
- NON !
J'eus beau hurler de toute mes forces, pleurer, me débattre, Laure resta intraitable. Elle ma garda dans ses bras en me murmurant des paroles réconfortante qui n'avaient pas d'effet tandis que les médecins emmenaient Raphaël dans un endroit où il n'aurait pas du être: loin de moi.
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Mon Archange
RandomJe partage la chambre 301 de l'hôpital avec Raphaël depuis presque un an. Et même si on m'avais dit, ce mardi froid et pluvieux, qu'il ne nous restait que dix jours à passer ensemble... je pense que je n'aurais rien changé.